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Mais le conseiller qui représente l’opposition au conseil a voté contre.
Julien Héneault-Ratelle ignore encore pourquoi les élus ont pris cette décision. «Je ne peux toujours pas vous dire à ce jour si le choix qui a été fait était le bon, autant d’un point de vue de l’accessibilité pour les citoyens, que de la superficie que du point de vue des coûts».
Le maire d’arrondissement Pierre Lessard-Blais assure faire des économies de 8 millions de dollars en 20 ans comparativement au lieu actuel. «Grâce à cet excellent bail-là, comparativement à ce qu’on paierait si on restait ici, on sauve 8 millions de dollars. C’est formidable. C’est un coup de circuit pour la Ville» affirme-t-il.
«Je trouve que c’est excessif», a commenté un contribuable à Noovo Info. «Je suis sûr que dans le secteur, il doit y a avoir des loyers moins chers. Il aurait dû y avoir une consultation publique. Ce n’est pas normal qu’ils décident comme ça de prendre un bail de 30 millions», dénonce-t-il.
Puisqu’il s’agit d’une importante dépense pour cet arrondissement qui a un budget d’immobilisation annuel d’un peu plus 8 millions de dollars, Noovo Info a fait une demande d’accès à l’information. Nous voulions savoir sur quelles analyses se sont basés les élus pour faire ce choix de location. Nous voulions vérifier si rénover des bâtiments existants appartenant à la Ville avait été envisagé.
On nous a remis un document de quelques pages, avec 6 scénarios. 2 évaluent la possibilité de rester sur les lieux et d’apporter des correctifs à la bâtisse. 2 autres concernent de projets immobiliers toujours non construits. Le document reçu est en fait un résumé d’une sérieuse analyse des fonctionnaires de la Ville basée sur les critères choisis par les élus, tel que l’accessibilité, explique le maire Lessard-Blais. Il ne voit pas pourquoi les élus auraient dû se pencher plus longtemps sur la question et gaspiller de l’argent pour une expertise externe.
«Je comprends qu’à 7 mois des élections, on cherche des poux. Ça me prend pas un rapport à 50 000 dollars pour savoir que sur Sherbrooke entre la 25 et le parc Maisonneuve, il y a seulement 2 options de 30 000 pieds ou plus» avant M. Lessard-Blais.
Selon l’expert en Administration publique, Rémy Trudel, au contraire l’opposition ne cherche pas des poux et la population a le droit de vouloir des comptes et des analyses poussées.
«Surtout dans le contexte actuel des déficits gouvernementaux à Québec et à Ottawa. Qu’est-ce que c’est que ça cette affaire-là? 30 millions pour un édifice qui existe déjà. Quand on n’a pas les détails inexpliqués, on ne peut pas s’attendre à autre chose que du scepticisme » affirme M. Trudel.
Dans le document qui nous a été remis, le sixième scénario est un potentiel projet de rénovation de l’édifice municipal qui abrite le refuge Cap St-Barnabé que Nooovo a d’ailleurs visité à plusieurs reprises. 192 personnes en situation d’itinérance y dorment chaque soir sur des lits entassés dans des cubicules. L’aréna est en piteux état. L’aire de débordement est essentiellement une zone avec des chaises sur lesquelles les gens peuvent dormir assis, des semaines avant d’accéder à un lit.
Un septuagénaire qui vit juste en face du refuge déplore qu’on laisse l’édifice dépérir et les usagers déambuler dans le quartier «Ça leur prendrait une place juste pour eux» fait-il remarquer.
Les fonctionnaires de la Ville ont estimé que rénover l’endroit coûterait 32 millions de dollars. Julien Héneault-Ratelle aurait souhaité un projet plus logique mixte jumelant les bureaux de la Ville et le refuge . «Encore une fois, je ne sais pas sur quoi on s’est basé pour en arriver à l’estimation des coûts qui a été présentée», ajoute-t-il.
Le maire de l’arrondissement rétorque que son budget ne lui permettait pas d’investir une telle somme maintenant, même si c’est à peu près l’équivalent du bail que les contribuables devront rembourse sur 20 ans. «Si on avait 30 millions de dollars dans nos poches, c’est certain qu’on pourrait faire plein de choses» laisse-t-il tomber.
Toujours selon l’expert en Administration publique Rémy Trudel, l’arrondissement aurait pu cogner à la porte de la Ville-centre pour ce projet et ça prouve que les arrondissements sont incapables d’entretenir leurs édifices. «Ce que ça traduit c’est l’incapacité des arrondissements de débourser en capital pour l’achat, la rénovation d’édifices, l’entretien». La Ville aurait pu soutenir financièrement l’arrondissement pense-t-il. «Avec une capacité d’emprunt cautionnée, tandis qu’avec une location, bien c’est acheter maintenant et payer tout le temps.»
Julien Héneault-Ratelle critique vertement le processus qui a permis d’en arriver à un tel bail. «Pourquoi on n’est pas allés publiquement faire un appel d’offres et voir quelles sont les options sur le marché?» termine-t-il.
Quoiqu’il en soit, il est maintenant trop tard, le déménagement est prévu dans quelques mois.