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Une toute nouvelle résidence pour aînés (RPA) des Laurentides pourrait mettre fin à ses opérations en raison de la facture salée de leurs assurances. Ses propriétaires affirment se sentir oubliés par le gouvernement provincial.
Depuis quelques semaines à peine, Maxime Latour et François Minier dirigent la Résidence Latour, une ressource d’hébergement pour aînés de sept chambres située à Saint-Jérôme.
Le couple a contacté Noovo Info au début du mois de décembre, après avoir reçu leur dernière soumission d’assurances, celle destinée aux dirigeants et administrateurs. Coût total de la facture : 10 000 $ par année.
Préparant tous les fins détails de leur projet depuis plus de deux ans, le duo est sous le choc.
Le plan financier de leur entreprise en est ébranlé.
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Leur courtier leur confirme que le prix de cette même assurance était pourtant évalué à quelques centaines de dollars annuellement avant la pandémie.
Maxime Latour ne mâche pas ses mots. «C’est excessif, c’est prohibitif, c’est du vol, s’enflamme-t-il. Le coût des primes, on ne pouvait même pas le savoir avant d’ouvrir.»
Infirmier spécialisé en gérontologie, son conjoint est du même avis. déstabilisé par le stress financier occasionné par la situation, il refuse de refiler le fardeau monétaire à ses résidents.
«Avec les autres assurances, on va friser le 30 000 $ par année pour seulement sept chambres, explique François Minier. Au début, on se trouvait drôles et fous d’ouvrir une RPA en pleine pandémie, maintenant, on se trouve juste fous.»
La Résidence Latour a obtenu sa soumission auprès d’Intact Assurances. En raison de l’urgence sanitaire et de la crise dans les centres d’hébergement de soins de longue durée [CHSLD] de la province, la firme serait désormais l’une des seules au Québec à fournir une telle protection pour des entreprises comme la Résidence Latour.
Depuis quelques semaines à peine, Maxime Latour et François Minier dirigent la Résidence Latour, une ressource d’hébergement pour aînés de sept chambres située à Saint-Jérôme. Crédit photo : Noovo Info
«Là, on se retrouve devant un mur. Ce 10 000 $, c’est un coût de plus qui s’ajoute à tous les coûts en hausse. On va l’absorber, mais à quel prix ?
Une fermeture ? On y pense», s’attriste Maxime Latour.
Noovo Info a contacté Intact Assurance pour tenter d’obtenir des explications sur la hausse du coût de cette police. L’entreprise n’a pas répondu à cette question.
Pour le Regroupement québécois des résidences pour aînés du Québec (RQRA), «absolument rien» ne justifie cette augmentation vertigineuse.
«Il y a eu beaucoup de mortalité dans les CHSLD, mais on n’a pas vécu ça dans les RPA. Les assureurs nous ont mis dans les mêmes grilles d’évaluation. Ils jugent qu’il y a trop de risques», s’explique leur porte-parole, Marc Fortin.
Selon les données de l’INSPQ, il y a deux fois moins de décès liés à la COVID-19 dans les RPA du Québec comparativement au bilan combiné des CHSLD et des centres hospitaliers.
Maxime et François se sont aussi tournés vers le programme d’aide financière du gouvernement provincial mis en place en juin 2021 pour aider les RPA à éponger une partie des frais d’assurances.
La surprise est totale. Les nouvelles résidences pour aînés sont exclues du programme. Aux yeux du gouvernement, sans date de référence antérieure, ces entreprises ne sont pas en mesure de prouver qu’elles subissent les contrecoups de la hausse.
«Le gouvernement est là. Il connaît le problème et ne fait rien pour aider une petite RPA comme la nôtre. On ne demande pas la charité. On demande d’obtenir ce que les autres ont», martèle Maxime Latour.
Le RQRA confirme être bien au fait du problème. Son président affirme avoir eu des discussions avec les ministères concernés, sans succès.
«Le gouvernement du Québec veut de nouvelles places, on veut des nouvelles RPA, mais quand des gens bâtissent, on ne veut pas payer», déplore Marc Fortin.
Alors que le Québec assiste à des fermetures en série de RPA sur tout son territoire, Maxime Latour s’explique mal pourquoi si peu d’incitatifs financiers sont mis en place par la province pour faciliter l’ouverture de nouveaux lieux d’hébergement.
«Maintenant que tout le monde connaît le problème, est-ce que quelqu’un peut faire amende honorable et corriger l’erreur ?», se questionne-t-il.
Selon la RQRA, dans la prochaine décennie, un demi-million de Québécois supplémentaires auront plus de 75 ans.
Au moment d’écrire ses lignes, ni le Ministère de la Santé et des Services sociaux ni le cabinet de la nouvelle ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, n’avaient répondu aux questions de Noovo Info.