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«On le sait. Nous vivons dans une société où la minceur est très valorisée. Il y a beaucoup de préjugés à l’endroit des personnes qui ne rentrent pas dans ce “moule de perfection”», explique Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et chef de projet pour l’organisme équilibre.
Au moins 65 % de la population québécoise aimerait être plus mince, peu importe leurs poids, selon une étude menée au mois d’août dernier. Un phénomène inquiétant, relate la nutritionniste. Selon les mêmes données, 45 % des répondants mentionnent que leurs poids les rendent malheureux en plus de générer du stress et de l’angoisse. Finalement, 37 % des participants au sondage ont avoué que la gestion de leurs poids «dominait leur vie».
Autrefois plus prédominante chez les femmes, la problématique touche de plus en plus de gens. «On voit que les hommes sont plus exposés aux standards de beauté et ont plus de pression. Les jeunes sont aussi assez vulnérables à cette pression-là», relate Mme Dufour Bouchard. Cette pression peut éventuellement mener à des ennuis de santé physique et psychologique, réaffirme-t-on.
«Il y a une industrie très lucrative d’amaigrissement et de diète qui est très présente. C’est comme si on avait tous les ingrédients pour faire en sorte que les personnes se préoccupent plus de leurs poids», soutient la nutritionniste.
Mme Dufour Bouchard est d’avis que certains termes véhiculés avec le retour de l’été ne sont pas les bons. «On laisse entendre qu’on peut modeler notre corps au gré des saisons en fonction de ce qu’est la mode [...] On devrait reformuler ce message-là parce que tous les corps sont des corps de plage», souligne l’experte. «On essaie vraiment de remettre en question cette nécessité de maigrir avant la période estivale», dit-elle.
Le retour du temps chaud, des plages et des piscines stimule bien des gens à perdre quelques livres pour l'été. Un geste anodin, comme entamer un régime peut, pour certaines personnes, rapidement devenir une pente glissante. «Souvent, c'est ainsi que ça commence. On se dit: “Ah, je vais faire une petite diète pour l'été”. Les gens le reconnaissent […] puis ça peut dégénérer et cette personne peut devenir accro à la perte de poids», explique Marie-Pierre Gagnon-Girouard, professeure à l'Université du Québec à Trois-Rivières.
«C’est comme si tous les humains devaient correspondre à un modèle en particulier, ça ne fonctionne pas comme ça, ajoute la professeure», qui estime qu’une meilleure représentativité fera diminuer la pression reliée au «beach body».
Voyez le reportage de Frédérique Bacon dans la vidéo associée à ce texte.