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Notre journaliste, Philippe Couture, a rencontré Alice Marcoux, travailleuse au Centre Femmes d’aujourd’hui. «Nous, ce qui nous préoccupe, c’est le sentiment de sécurité de la victime», dit cette dernière d’entrée de jeu.
Elle va plus loin, avec des statistiques qui sont dures : des 18 femmes assassinées l’an dernier au Québec, 8 ont été assassinées par un ex-conjoint. Des femmes qui avaient «déjà fait le move de partir», souligne Alice Marcoux. Exactement ce qu’avait fait Wiem Haj Amor, dans la présente histoire. Elle avait même un nouveau conjoint.
«On constate, au contraire, que la séparation n’amène pas une fin des violences, mais bien souvent une augmentation de la violence vécue. Souvent, ce qu’on entend malheureusement, c’est : ''la femme n’a pas quitté''. Mais quand la femme quitte, ça ne règle pas tout non plus, loin de là. Je pense qu’on a une responsabilité sociale, comment on les protège, ces femmes-là?»
Des femmes ont souvent porté plainte à la police des jours ou des semaines précédant l’excès de violence qui leur fut fatal. Ce qui fait dire à Alice Marcoux que nous avons «échoué socialement» à protéger celles qui ont appelé à l’aide.
«Ce qu’on constate, c’est toutes les formes de violence qui sont banalisées avant d’en arriver à un féminicide ou à une tentative de meurtre, et c’est quoi les moyens qu’on a pour faire cesser cette violence-là avant d’en arriver à son apogée? C’est là qu’on constate qu’il n’y a pas beaucoup de reconnaissance, entre autres judiciaire, des autres formes de violence : psychologique, économique. À quel point il y a un désir réel de mettre fin à ces situations de violence-là?»
Le dépôt du rapport Rebâtir la confiance par la ministre de la Condition féminine, Isabelle Charest, en 2020, qui contient 190 recommandations pour améliorer l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale, ne nuira certainement pas, mentionne Mme Marcoux. Tout comme la création d’un tribunal spécialisé en matière de violence conjugale et sexuelle. «C’est un pas dans la bonne direction.»
Rappelons que Wiem Haj Amor a subi des brûlures sur 30 % de son corps et qu’elle doit vivre avec d’importantes séquelles physiques et psychologiques. Cinquante jours d’hospitalisation à l’unité des grands brûlés ont été nécessaires, en plus d’une dizaine de chirurgies et tout un processus de réadaptation.
D'après un reportage de Philippe Couture pour Noovo Info.