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Un survivant, anicinape de Pikogan, Oscar Kistabish, allume un feu sacré. Il soupoudre du tabac et fait brûler de la sauge. L’aîné entame une cérémonie de la levée du soleil.
Des paroles qui trouvent échos auprès des jeunes de sa communauté qui y participent.
«Je suis heureuse de vivre ce moment. J’ai parlé à ma grand-mère qui m’a expliqué les comportements de ma mère. Aujourd’hui, c’est un défi pour moi aussi d’être une maman», confie une jeune femme dans la trentaine. La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est propice aux confidences et au partage, même si plusieurs souvenirs sont douloureux.
L’air embaume la sauge et la fumée, juste derrière il y a les pierres qui constituait l’entrée du pensionnat où ont été conduit de force les enfants anicinape et atikamekw de 1955 à 1973.
Des dizaines de survivants, atikamekw et anicinapek, se sont donnés rendez-vous sur le site de l’ancien pensionnat pour l’inauguration, par Parcs Canada, de deux plaques commémoratives en bronze.
«On travaille depuis quelques années à commémorer l’héritage et l’impact des pensionnats, l’importance historique des pensionnats (…) C’était un des appels à l’action de la Commission de la vérité et de la réconciliation qui s’adressait à nous», explique Frédérique Dominique Foisy-Geoffroy de Parcs Canada.
Une reconnaissance qui met un baume sur les souffrances endurées pendant des années entre les murs du pensionnat.
«Il ne faut pas oublier ce qui s’est passé ici dans le temps. Les gens du pensionnat sont contents de voir du monde. Ça nous touche quand on parle des pensionnats. La vérité est faite. Il reste la réconciliation», soutient Johnny Wilde, coordonnateur des anciens, qui explique que ça fait longtemps qu’il travaille sur ce dossier avec d’autres survivants.
Parmi les survivants, des aînés de la communauté atikamekw de Wemotaci, dont Édouard Chilton, témoigne avec émotions des traumatismes qu’il a vécu, ici, lorsqu’il était enfant.
«La première journée avait été très difficile. C’est allé de pire en pire. (…) Je ne pensais pas qu’on pouvait faire subir de tels sévices à un enfant.»
Idem pour Molly Mowatt-Kistabish, une aînée de Pikogan qui a fait carrière dans l’enseignement, s’étant jurée de faire mieux que les religieuses qui lui avaient enseigné.
«J’ai vu un enfant se faire molester. (…) J’ai vu une fille se faire battre dans son lit. (…) Faire subir tout ça à des enfants, c’est très grave! C’est criminel!»
La cheffe de la communauté Abitibiwinni de Pikogan, Chantal Kistabish, aussi fille de survivants, soutient que le dialogue peut faire avancer les choses.
La prochaine étape s’annonce aussi importante. Les aînés atikamekw et anicinapek ont donné leur aval à des fouilles sur le site de l’ancien pensionnat.
«C’est important qu’on sache ce qui s’est passé. Du côté des filles, il y aurait eu des petites croix de plantées», conclut Oscar Kistabish.
Les fouilles pourraient être lancées d’ici deux ans.
Voyez le reportage de Marie-Claude Paradis-Desfossés dans la vidéo.