Santé

Des médecins de famille refusent d’appliquer certaines dispositions de la loi 2

«On ne peut pas demander à un système surchargé de voir plus de patients. Nous sommes saturés.»

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Médecin qui consulte une patiente Les directeurs de médecine familiale du Québec affirment qu'ils n'appliqueront pas les principales dispositions du projet de loi 2, avertissant que cela submergerait les cliniques. (CTV News/CTV News)

L’opposition à la nouvelle loi sur les soins de santé du Québec prend de l’ampleur, les responsables de tous les départements régionaux de médecine familiale de la province ayant déclaré qu’ils n’appliqueraient pas certaines dispositions du projet de loi 2, qui modifie le mode de rémunération des médecins et ajoute des pénalités liées au nombre de patients.

Ils ont rendu publique leur position mardi dans une lettre commune adressée au premier ministre et aux principales autorités sanitaires de la province.

Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.

À la GMF Santé Kildare de Côte Saint-Luc, des codes QR renvoient désormais les patients vers une pétition en ligne s’opposant au projet de loi 2.

Le Dr Michael Kalin a déclaré qu’il s’agissait d’un dernier effort pour pousser le gouvernement à abroger la loi. La clinique fait partie des 40 établissements qui affirment que la nouvelle législation les obligera à fermer leurs portes.

«On ne peut pas demander à un système surchargé de voir plus de patients. Nous sommes saturés», a-t-il dit.

Dans la lettre, les directeurs de médecine familiale exposent les dispositions qu’ils ne respecteront pas, notamment l’affectation de 1,5 million de patients non rattachés à des cliniques déjà surchargées, et la surveillance, le contrôle ou la sanction des collègues qui n’acceptent pas suffisamment de patients.

La Dre Ariane Murray, directrice régionale de médecine familiale à Montréal, a déclaré que le fait de diriger les patients vers des cliniques qui ne peuvent pas les accueillir ne résoudra le problème que sur le papier.

«Nous ne pouvons pas imaginer imposer davantage de patients à nos collègues alors qu’ils sont déjà complètement submergés par la charge de travail qu’ils ont déjà à assumer actuellement», a-t-elle indiqué.

La loi 2 inquiète grandement les médecins de la clinique Plateau Marquette de Sherbrooke La loi 2 inquiète grandement les médecins de la clinique Plateau Marquette de Sherbrooke

De plus, la Dre Murray a ajouté que la surveillance des médecins ne fera qu’augmenter le nombre de départs, ce que la province ne peut se permettre.

«Si nous transformons notre travail en celui de contrôleurs du gouvernement, honnêtement, peu d’entre nous voudront continuer à exercer cette profession», a-t-elle ajouté.

Cependant, le ministre de la Santé, Christian Dubé, soutient la loi et s’interroge sur la manière dont elle a été interprétée.

«La loi prévoit un délai de 60 jours et je pense que certaines personnes vont commencer à se rendre compte qu’elles disposaient d’informations erronées», a-t-il affirmé.

Mais le Dr Kalin a lu la loi et se réjouit que de plus en plus de voix, à des niveaux hiérarchiques supérieurs, se joignent à lui pour s’y opposer.

«Je suis très encouragé. Je me sens soutenu et il est temps pour nous de faire entendre haut et fort que cette loi ne fonctionnera pas et que nous ne pouvons pas l’appliquer», a-t-il soutenu.