OTTAWA — Les députés conservateurs ont vivement critiqué lundi le premier ministre Mark Carney pour ses propos méprisants tenus récemment à propos des négociations commerciales, au point mort avec le président américain Donald Trump.
Interrogé par des journalistes à Johannesburg dimanche, M. Carney a répondu à la question de savoir quand avait eu lieu sa dernière conversation avec M. Trump : «Qui s’en soucie ?»
«J’ai hâte de parler bientôt avec le président, mais je n’ai pas de sujet urgent à aborder avec lui pour le moment, a-t-il déclaré. Lorsque les États-Unis voudront reprendre les discussions sur le plan commercial, nous les aurons.»
Le premier ministre a tenu ces propos alors qu’il assistait au sommet des dirigeants du G20, boycotté par M. Trump.
Lors de la période de questions à la Chambre des communes, lundi, les conservateurs ont particulièrement insisté sur les propos de M. Carney. Le chef du parti, Pierre Poilievre, a souligné que M. Carney avait fait campagne, au printemps, sur sa capacité à gérer l’administration Trump.
«Nous nous soucions des travailleurs qui ont perdu leur emploi et qui n’ont plus de quoi payer leur hypothèque. Pourquoi lui, il s’en fiche ?» a lancé Pierre Poilievre.
Le leader parlementaire du gouvernement, Steve MacKinnon, a esquivé les questions de M. Poilievre en changeant de sujet.
M. MacKinnon a affirmé plus tard que «bien sûr», le premier ministre se soucie du bien-être des travailleurs et des industries canadiennes et que le gouvernement mène des négociations «constructives» avec les États-Unis.
Mark Carney était absent lors de la période de questions, étant rentré du Sommet du G20 en Afrique du Sud lundi matin.
Avant la période de questions, le député libéral Wayne Long a déclaré aux journalistes que M. Carney faisait un «excellent travail» en parcourant le monde et en tissant des liens.
Le député libéral Ben Carr a également défendu le premier ministre Carney, affirmant que le premier ministre était à l’étranger pour d’importantes négociations commerciales avec ses alliés.
«La relation avec les Américains demeure extrêmement importante, mais le premier ministre doit aussi entreprendre d’autres initiatives», a expliqué M. Carr aux journalistes devant l’édifice de l’Ouest.
Le Parti conservateur du Canada a soutenu dans un communiqué publié lundi que l’attitude «désinvolte» de Mark Carney correspond à ses résultats pour les Canadiens.
«Le mandat du premier ministre a été marqué par une série de concessions unilatérales sans résultats concrets en retour, indique le communiqué. À tout le moins, les droits de douane qui ont mis des milliers de Canadiens au chômage devraient être une priorité absolue pour lui et pour tous ceux qui sont chargés de diriger notre pays.»
Le mois dernier, Donald Trump a fait capoter les négociations commerciales concernant ses droits de douane punitifs sur l’acier, l’aluminium et les automobiles après que le gouvernement provincial de l’Ontario a lancé une campagne publicitaire anti-droit de douane massive aux États-Unis, ce qui a irrité le président.
La campagne publicitaire de l’Ontario présentait des extraits de discours de l’ancien président américain Ronald Reagan avertissant que les droits de douane mènent à des guerres commerciales et nuisent à l’économie américaine.
Mark Carney a présenté ses excuses à Donald Trump pour cette publicité lors de leur brève rencontre au Sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) en Corée du Sud, plus tôt cet automne. Cependant, les négociations commerciales n’ont pas encore officiellement repris.
Les libéraux ont maintenu que les négociations commerciales connaissent des hauts et des bas naturels et que les discussions avec l’administration Trump finiront par reprendre.
Le Canada se prépare séparément à entamer des négociations plus larges sur l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), son plus important accord de libre-échange, qui doit être renouvelé l’an prochain.
— Avec la collaboration de Dylan Robertson
La Presse Canadienne

