QUÉBEC — Le Parti québécois (PQ) ne croit pas s'être aliéné le chanteur Paul Piché, qui lui a pourtant réclamé des excuses.
«Vous pensez qu'on a perdu Paul Piché? Vous présumez pas mal», a lancé le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, en point de presse à l'Assemblée nationale, vendredi.
M. Piché — un souverainiste de longue date — a demandé au chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, par le biais du «Journal de Québec», de s'excuser d'avoir accusé une partie du milieu culturel de «vacuité intellectuelle» et «d'aplaventrisme» face à Ottawa.
Il a dit estimer que le chef du PQ s'était «trompé sur la forme», même s'il juge qu'il n'avait pas complètement tort de penser que les porte-parole du milieu culturel auraient pu faire preuve de retenue en saluant l'arrivée du nouveau ministre fédéral de la Culture, Marc Miller.
En plus des dirigeants du milieu culturel qu'il considère déloyaux, M. St-Pierre Plamondon vise également Radio-Canada et les universités, qui se soumettent à des «dogmes idéologiques» en acceptant l'argent du fédéral, selon lui.
Or, Paul St-Pierre Plamondon «dit les choses telles qu'il les pense», a plaidé M. Bérubé. «Il n'est pas plate, parce qu'il dit ce qu'il pense puis il s'assume. (...) C'est votre souhait, peut-être, qu'il s'excuse, (...) mais non. Il assume ses propos, puis nous aussi.»
Interrogé sur la possibilité que le PQ, qui est critiqué de toutes parts dans cette affaire, perde des appuis, M. Bérubé a rappelé les résultats du plus récent sondage Léger/Québecor qui suggèrent que les péquistes formeraient un gouvernement majoritaire.
«Vous savez qu'on a pas mal de monde qui nous suit, hein? Il y a pas mal de monde qui envierait une formation politique qui, à six députés, (...) va chercher 39 % des voix au Québec. (...) Les Québécois (...) trouvent qu'on fait des choses correctement», a-t-il soutenu.
M. Bérubé a spécifiquement fait siens les propos de M. St-Pierre Plamondon concernant Radio-Canada, «qui a un mandat quant à l'unité canadienne», et les chaires de recherche, qui doivent opérer selon des objectifs «pancanadiens».
«Le monde universitaire discute en disant: "On doit s'adapter aux objectifs canadiens". C'est connu, mais tout le monde joue le jeu de dire: "On veut travailler, on va ajuster les objectifs, les bourses sont disponibles pour ça."
«Je pense qu'on a tous une réflexion à avoir sur la culture québécoise, sur son financement, sur les objectifs du régime canadien, sur ce que ça veut dire. Et vous savez quoi? Il y a pas mal d'artistes qui sont d'accord avec ça», a-t-il conclu.
PSPP fait acte de contrition
En fin d'avant-midi, M. St-Pierre Plamondon a tout de même publié un message sur Facebook dans lequel il fait acte de contrition.
«Sur la forme, je sais que des artistes se sont sentis visés personnellement par les propos que j'ai tenus. (...) Je suis profondément désolé si ma réaction (...) a pu être perçue comme une critique de tout le milieu culturel. Ce n'est sincèrement pas ce que je pense», a-t-il écrit.
«Sur le fond, la dépendance du milieu culturel envers les fonds qui proviennent du gouvernement fédéral, et l'ensemble des politiques linguistiques, migratoires et culturelles du fédéral, ne sont pas favorables à la pérennité de notre culture», a-t-il ajouté.
Le chef péquiste a fait part dans son message d'une rencontre qu'il a eue avec les dirigeants de la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC), ceux-là même qu'il avait accusés mercredi de manquer de «loyauté envers le Québec».
«Nos discussions ont été très constructives et nous sommes d'accord de collaborer ensemble sur quelque chose d'essentiel: travailler à trouver les meilleures politiques publiques pour l'avenir de la culture québécoise.»
Qu'il apprenne à «se calmer», dit Legault
Pour le premier ministre François Legault, il est clair que le chef du PQ est «soupe au lait». Il lui conseille d'apprendre à «se calmer».
«Que Paul s'en prenne au milieu culturel, il va falloir qu'il apprenne à se calmer s'il veut être premier ministre du Québec un jour», a-t-il lancé à l'émission «La parole aux mordus de politique» de Radio-Canada.
Toutefois, sur le fond, M. Legault s'est dit «d'accord» avec M. St-Pierre Plamondon lorsqu'il affirme que les politiques linguistiques, migratoires et culturelles du gouvernement fédéral nuisent à la langue française et à la culture québécoise.
«À cause entre autres de Marc Miller, à Montréal, depuis deux ans, on a augmenté de 200 000, de 10 % la population. Ça a fait baisser le pourcentage de francophones. Il en va de l'avenir du français», a-t-il dit.
Caroline Plante, La Presse Canadienne

