Après s’être retirée des négociations jeudi, la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) a obtenu une autre rencontre dans les prochains jours avec le premier ministre François Legault, en vue de débloquer l’impasse sur la réforme de rémunération des médecins.
La présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, qui avait demandé jeudi à la FMOQ de revenir à la table, se trouve ainsi à être court-circuitée. Le président de la FMOQ, Marc-André Amyot, s’adressera directement au chef du gouvernement.
Le cabinet du premier ministre a confirmé par message texte que les deux hommes allaient se rencontrer dans l’objectif d’améliorer l’accès aux soins, a-t-on précisé.
«Nous maintenons une posture d’ouverture», a-t-on écrit dans le message.
Mme Duranceau a rappelé que la loi que les médecins dénoncent s’appliquera le 1er janvier dans sa forme actuelle si aucun compromis n’est trouvé.
Adoptée par bâillon à la fin d’octobre, cette réforme est conspuée autant par la FMOQ que par la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ), notamment parce qu’elle lie une partie de la rémunération à des cibles de performance.
La FMOQ demande l’abandon de ces indicateurs de performance et avait néanmoins entrepris des négociations après une rencontre la semaine dernière avec le premier ministre, mais ce fut de courte durée.
Dans un message transmis à La Presse Canadienne jeudi matin, le porte-parole de la FMOQ a confirmé la fin des négociations, en ajoutant que «rien ne fonctionne» et que le gouvernement est campé sur ses positions, et «reste avec sa loi intégrale».
«On a fait preuve de beaucoup d’ouverture», a plutôt assuré Mme Duranceau en conférence de presse en début d’après-midi au parlement. Elle a même parlé au président de la FMOQ, Marc-André Amyot, pour l’inciter à revenir sur sa décision.
«C’est normal d’avoir des discussions serrées» sans qu’on doive pour autant se retirer de la table, a-t-elle fait valoir, tout en ajoutant qu’«exprimer un désaccord, ce n’est pas briser la table» de négociations.
La présidente du Conseil du trésor n’a pas voulu indiquer précisément ce qui bloquait durant les discussions.
«Je ne veux pas rentrer dans les détails. On ne s’entend pas sur comment on change le mode de rémunération.»
Mais elle a assuré que tout est sur la table, «la capitation, les cibles de performance, tout ça est discuté».
Mais est-elle prête à abandonner les cibles de performance?
«On veut trouver une voie de passage qui convient à tout le monde (...), il faut que ce soit réaliste, ça fait partie des discussions, pour le moment on n’abandonne rien, on veut se parler», a-t-elle argué.
Mme Duranceau a tenu à se montrer rassurante en faisant valoir que le gouvernement avait fait des concessions sur des préoccupations des médecins, notamment l’affiliation, le niveau de vulnérabilité des clientèles, des engagements financiers pour les Groupes de médecine familiale, et le fait de ne pas toucher aux frais de cabinet.
Elle accepte aussi de mettre sur pied un «comité de transition» sur la mise en oeuvre de la réforme, à la demande des médecins.
La semaine dernière, le président de la FMOQ, Marc-André Amyot, avait rencontré personnellement le premier ministre François Legault pour trouver des voies de passage possibles pour sortir de l’impasse actuelle et relancer les négociations.
Rappelons que la loi menace également les médecins de sanctions s’ils se désengagent. Elle prévoit également la mise en place d’un système de surveillance.
Face à la grogne généralisée, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a suspendu deux dispositions controversées de la loi, le 4 novembre.
D’abord, le gouvernement caquiste a décidé de maintenir, jusqu’à nouvel ordre, la prime accordée aux médecins spécialistes pour les premières consultations. Cette prime devait être abolie et l’argent devait être redistribué.
Il conserve aussi le supplément de 30 % qui était versé aux médecins des groupes de médecine familiale pour éponger certains frais administratifs.
La FMOQ exige, entre autres, l’abandon des indicateurs de performance la poussant à faire ce qu’elle appelle de la médecine «fast-food» et le déploiement des ressources humaines nécessaires pour améliorer l’accès au réseau de la santé.
