Politique

Étudiants étrangers: le Canada a publié ses nouveaux objectifs pour 2026

«Il y aura certainement moins d’opportunités», a prévenu un expert.

Publié

Des gens traversent le campus de l'Université de Montréal, à Montréal, le mardi 23 septembre 2025. Des gens traversent le campus de l'Université de Montréal, à Montréal, le mardi 23 septembre 2025. (Christopher Katsarov)

Le gouvernement du Canada a publié ses objectifs en matière d’étudiants internationaux pour l’année prochaine, mais les experts estiment qu’il faut plus que des «chiffres isolés» pour créer un système d’admission efficace.

Dans le cadre du plafond fixé par le gouvernement fédéral pour les étudiants étrangers, introduit en 2024 afin de ralentir la croissance de la population temporaire du Canada, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) fixe un objectif annuel pour les demandes de permis d’études.

Ce texte est une traduction d‘un article de CTV News.

Le 25 novembre, le gouvernement a annoncé que 408 000 permis seront délivrés en 2026, dont 155 000 pour les nouveaux étudiants étrangers et 253 000 pour les prolongations destinées aux étudiants actuels et à ceux qui reviennent.

Cela représente une baisse de 7 % par rapport à l’objectif de 437 000 permis fixé pour cette année, et une baisse de 16% par rapport à l’objectif de 485 000 permis fixé pour 2024. Cela s’inscrit également dans la continuité d’une tendance à la baisse de trois ans dans la délivrance de permis depuis l’introduction du plafond.

Mario Bellissimo, spécialiste certifié en citoyenneté, droit de l’immigration et protection des réfugiés, se dit favorable à la réduction du nombre de permis afin d’accélérer le traitement des demandes, mais estime qu’un cadre plus efficace, fondé sur la recherche, est nécessaire pour déterminer les objectifs annuels.

«Pour moi, un chiffre global n’est pas utile», a-t-il dit à CTV News lors d’une entrevue sur Zoom. «Il faut une synergie beaucoup plus complexe.»

M. Bellissimo soutient qu’un meilleur système tiendrait compte de la capacité du Canada à fournir aux résidents temporaires un logement, des soins de santé et des services sociaux lors de la fixation des objectifs en matière de permis. À partir de là, il suggère d’identifier les domaines dans lesquels un afflux de migrants hautement qualifiés est nécessaire, ajoutant que cela « doit à nouveau être en corrélation avec les besoins sur le terrain, à court et à long terme ».

Le rapport du gouvernement fédéral mettait l’accent sur l’attraction des «meilleurs talents» par le biais du Programme des étudiants étrangers afin d’atteindre les objectifs économiques et sociaux plus larges du Canada, et annonçait de nouvelles exemptions pour soutenir cet objectif.

À compter du 1er janvier 2026, les étudiants en master et en doctorat inscrits dans un établissement d’enseignement désigné (EED) public seront dispensés de présenter une lettre d’attestation provinciale ou territoriale (PAL/TAL), document confirmant qu’un étudiant s’est vu attribuer une place disponible dans la région. Les autres exemptions concernent les élèves de la maternelle à la 12e année, les titulaires d’un permis d’études existant qui retournent dans le même EED et certaines cohortes vulnérables.

Les nouvelles règles simplifient le processus de demande pour les étudiants diplômés, mais M. Bellissimo estime que la demande pourrait ne pas correspondre à l’offre, compte tenu du marché du travail actuel.

«Le nombre d’admissions (pour les étudiants de l’enseignement supérieur) doit être lié aux opportunités réelles sur le terrain, sinon les personnes hautement qualifiées ne s’installeront pas au Canada», a-t-il ajouté.

Pour les étudiants internationaux non diplômés, l’IRCC prévoit de délivrer 180 000 permis PAL/TAL, dont le nombre varie selon les provinces. L’Ontario recevra la plus grande part avec 70 074 permis, suivie du Québec (39 474), de la Colombie-Britannique (24 786) et de l’Alberta (21 582). Les autres provinces recevront entre 774 et 6 534 permis, tandis que les trois territoires délivreront moins de 200 permis chacun.

M. Bellissimo indique que son groupe spécialisé en droit de l’immigration a proposé une nouvelle approche pour la délivrance des permis, qu’il estime plus efficace.

«Toutes ces catégories devraient être basées sur un système d’admission, tel qu’une déclaration d’intérêt, afin de déterminer le nombre de candidats par catégorie que vous souhaitez inviter», a-t-il affirmé. «C’est un système transparent, les gens savent à quoi s’attendre.»

À quoi les candidats internationaux doivent-ils s’attendre en 2026?

M. Bellissimo, dont le cabinet traite quotidiennement des demandes de permis d’études, prévient que le processus de candidature pour les étudiants internationaux en 2026 pourrait être plus difficile que les années précédentes.

«Il y aura certainement moins d’opportunités», a-t-il précisé. «Vous essayez également de vous familiariser avec la technologie, l’intelligence artificielle et d’autres formes d’automatisation.»

Les étudiants internationaux doivent généralement payer des frais de scolarité plus élevés, mais avec moins d’étudiants autorisés à étudier au Canada, M. Bellissimo affirme qu’il n’est pas certain que les coûts changeront.

«Je pense que cela reflétera la mesure dans laquelle ces établissements d’enseignement dépendaient des revenus supplémentaires provenant des étudiants internationaux», a-t-il ajouté.

Malgré les défis, M. Bellissimo maintient que le Canada reste «une excellente destination» pour les étudiants internationaux et estime que le nombre de permis délivrés «fluctuera au fil du temps et, espérons-le, sera mieux informé».