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«Aplaventrisme» du milieu culturel québécois: PSPP admet avoir été «trop dur»

«J’ai réagi spontanément avec une forme d’indignation.»

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Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, en conférence de presse à l'Assemblée nationale en compagnie du député Pascal Paradis le 4 décembre 2025.ot Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, en conférence de presse à l'Assemblée nationale en compagnie du député Pascal Paradis le 4 décembre 2025. (Jacques Boissinot/La Presse canadienne)

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon s’est excusé dimanche soir à Tout le monde en parle (TLMEP) d’avoir accusé une partie du milieu culturel de «vacuité intellectuelle» et d’«aplaventrisme» face à Ottawa.

«Je m’en excuse. C’était des mots trop durs», a-t-il répondu à l’animateur Guy A. Lepage qui lui demandait s’il souhaitait profiter de sa présence à l’émission pour calmer la controverse qui dure depuis six jours.

«J’ai réagi spontanément avec une forme d’indignation. (...) Si c’était à refaire, j’aurais des mots moins durs», a-t-il concédé.

Mardi, des représentants des principales associations culturelles au Québec ont salué la nomination de Marc Miller à titre de ministre fédéral de l’Identité et de la Culture canadiennes.

Cela a piqué au vif M. St-Pierre Plamondon, qui a déclaré sur les réseaux sociaux: «La vacuité intellectuelle et l’aplaventrisme d’une partie substantielle du milieu culturel québécois sont franchement gênants. J’ai honte.»

Il leur reproche d’avoir applaudi l’arrivée de M. Miller, mais aussi, plus largement, de collaborer avec le gouvernement fédéral, qui travaille, selon lui, à l’affaiblissement de la langue française et de la culture au Québec.

«Un moment donné, on a le droit de s’attendre à ce que [...] les porte-parole du milieu culturel québécois soient loyaux envers le Québec et la francophonie», a-t-il pesté en point de presse, mercredi.

En plus des dirigeants du milieu culturel qu’il considère comme déloyaux, M. St-Pierre Plamondon vise également Radio-Canada et les universités, qui se soumettraient à des «dogmes idéologiques» en acceptant l’argent du fédéral.

Sur les ondes de RDI mercredi, la présidente de l’Union des artistes (UDA), Tania Kontoyanni, s’est dite «secouée».

Le chanteur Paul Piché, un souverainiste de longue date, a dit espérer que le chef du Parti québécois s’excuse, «sinon, il nuit à cette cause pour laquelle il avait si bien travaillé jusqu’à maintenant».

«Paul Piché et moi, on s’est textés juste avant l’émission», a indiqué Paul St-Pierre Plamondon sur le plateau de TLMEP, dimanche.

«On s’est dit, j’avais tort sur la forme, j’avais raison sur le fond, mais il y a une cause qui nous unit, et c’est ça qui est important, puis on continue.»

—   Paul St-Pierre Plamondon, député et chef du Parti québécois

«Il y a quand même une question de fond que je pense que je soulève, c’est-à-dire notre dépendance à un régime fédéral qui travaille contre nous, mais une fois que c’est dit, sur le reste, ça me fait plaisir de me rétracter.

«J’ai fait ça parce que j’ai à cœur la culture québécoise et je crains le déclin rapide dans lequel on est, et je ne veux pas qu’on vive dans une torpeur en ignorant ce qui se passe réellement», a-t-il ajouté.

Guy A. Lepage lui a alors demandé s’il n’était pas exagéré de prétendre que Radio-Canada devait faire la promotion de l’identité canadienne, alors que l’indépendance du média est enchâssée dans la loi depuis 1990.

«Si un réseau d’information se vante d’avoir obtenu 150 millions $ du fédéral comme preuve que le fédéral, ça fonctionne en culture, moi, j’ai un problème avec ça», a répondu M. St-Pierre Plamondon.

«Je pense que Radio-Canada n’est pas tout à fait consciente du biais ou de l’apparence de partialité», a-t-il renchéri. Une accusation «assez grave», a réagi M. Lepage.

«Êtes-vous premier ministrable?» a plus tard lancé le coanimateur MC Gilles.

Paul St-Pierre Plamondon a cité le cinéaste et écrivain Pierre Falardeau et promis de se «tenir debout» devant Ottawa. «Si tu te couches, ils vont te piler dessus», a-t-il dit.

Il a également déclaré vouloir «bâtir quelque chose», plutôt que «d’accepter le déclin». «Je ne veux pas laisser aux jeunes une société complètement décomposée sur le plan culturel et linguistique», a-t-il affirmé.

Caroline Plante

Caroline Plante

Journaliste