Un homme qui a poignardé à mort ses parents et sa grand-mère à leur domicile montréalais en mars 2023 devrait être déclaré non criminellement responsable, ont plaidé la poursuite et la défense jeudi devant le tribunal.
Dans une déclaration commune, la Couronne et la défense ont affirmé qu’Arthur Galarneau, 22 ans, souffrait de troubles mentaux au moment du triple meurtre. Parmi les éléments de preuve présentés au tribunal figurait le témoignage d’un psychiatre qui a conclu que M. Galarneau souffrait de schizophrénie et ne pouvait être tenu responsable de ses actes.
Au cours d’une audience de deux jours qui s’est conclue jeudi, les détails des événements du 17 mars 2023 ont été rendus publics pour la première fois. Les meurtres, a indiqué la procureure Anne-Andrée Charette au tribunal plus tôt cette semaine, «représentent l’aboutissement de la détérioration progressive de l’état mental de l’accusé au cours des années précédant les faits».
Le jour du meurtre, la mère de M. Galarneau, Mylène Gingras, âgée de 53 ans, a composé le 911 vers 9 heures depuis un appartement de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie à Montréal, selon un résumé de la preuve de la Couronne. Durant l’appel, une altercation a éclaté à l’intérieur de l’appartement et la mère s’est mise à crier. Elle a demandé une ambulance, clamant : «Mon fils veut me tuer.» Puis la communication a été coupée.
La police a retracé l’appel jusqu’à un duplex de la rue Bélanger, une adresse connue des services de police comme étant le domicile d’une personne ayant des antécédents de troubles mentaux. À leur arrivée sur les lieux, les policiers ont aperçu des mouvements à travers la vitre de la porte d’entrée, notamment une personne traînée sur le sol. Selon Mme Charette, les policiers ont constaté la présence de sang et ont compris que l’accusé était en train de poignarder sa mère.
La preuve de la Couronne indique également qu’un policier a défoncé la porte, ce qui a fait tomber le couteau de M. Galarneau. L’accusé, couvert de sang, a dit : «C’est bon, c’est bon, j’en ai fini.» Les policiers lui ont ordonné de se mettre à terre, mais il a refusé d’obtempérer. Ils ont alors utilisé du gaz poivré, car l’accusé leur crachait dessus et tentait de les mordre.
«Il parlait du diable, de démons et de Satan», a expliqué Mme Charette au tribunal, ajoutant qu’il criait à plusieurs reprises le nom de sa mère et disait vouloir mourir.
Les parents avaient demandé de l’aide avant les meurtres
L’accusé a été inculpé de meurtre au deuxième degré pour le meurtre à l’arme blanche de sa mère, de son père, Richard Galarneau, également âgé de 53 ans, et de sa grand-mère, Francine Gingras-Boucher, âgée de 75 ans. Les trois victimes ont été poignardées à plusieurs reprises et un pathologiste a noté que la mère de M. Galarneau avait reçu 137 coups de couteau, dont 81 blessures de défense.
Le père de M. Galarneau était séparé de sa mère, mais avait récemment emménagé de nouveau dans le duplex pour aider son fils, dont les symptômes de schizophrénie étaient devenus inquiétants.
Les parents avaient sollicité de l’aide pour leur fils avant les meurtres.
Après son arrestation, M. Galarneau a dû être maîtrisé par plusieurs membres du personnel hospitalier pour qu’on lui administre un sédatif. Des analyses sanguines ont révélé par la suite la présence de THC dans son organisme.
Lors d’un interrogatoire le soir des meurtres, il a déclaré être en état de choc et a admis avoir consommé des drogues et ne pas avoir pris ses médicaments.
Le Dr Gilles Chamberland, psychiatre ayant examiné M. Galarneau pour le compte de la Couronne, a conclu que l’accusé était en proie à des délires et avait perdu tout sens moral au moment des faits. Arthur Galarneau ne pouvait être déclaré criminellement responsable en raison de sa schizophrénie, a constaté le médecin. Un expert de la défense était parvenu à la même conclusion.
Lors de son témoignage, le psychiatre a souligné que M. Galarneau avait systématiquement refusé de prendre ses médicaments après son arrestation, ce qui avait entraîné une aggravation de son état.
Après une ordonnance de traitement involontaire, l’accusé a pris conscience de sa maladie et de l’efficacité des médicaments, a énoncé le Dr Chamberland.
Le Dr Chamberland a recommandé la détention stricte de M. Galarneau, compte tenu des séquelles persistantes et de la nécessité de soins intensifs dont il souffre.
La juge Annie Émond de la Cour supérieure du Québec a annoncé qu’elle rendrait sa décision le 22 janvier. Si elle accepte la requête conjointe, la Couronne a indiqué qu’elle demanderait que M. Galarneau soit désigné comme délinquant à haut risque, ce qui pourrait restreindre davantage sa liberté de mouvement ou l’empêcher de quitter un hôpital psychiatrique.
Les avocats de M. Galarneau ont souligné qu’ils contesteraient cette désignation.
