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Trump félicite le Congo et le Rwanda pour la signature d’un accord de paix

«C’est un grand jour pour l’Afrique, un grand jour pour le monde», a déclaré Donald Trump

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Une famille regarde la retransmission en direct de la cérémonie de signature de l'accord de paix entre le Rwanda et la RDC à Goma, en République démocratique du Congo, le 4 décembre 2025. (AP Photo/Moses Sawasawa) Une famille regarde la retransmission en direct de la cérémonie de signature de l'accord de paix entre le Rwanda et la RDC à Goma, en République démocratique du Congo, le 4 décembre 2025. (Moses Sawasawa)

Le président Donald Trump a salué le courage des dirigeants de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda lors de la signature, jeudi, d’un accord visant à mettre fin au conflit dans l’est du Congo et à ouvrir les réserves minérales stratégiques de la région au gouvernement américain et aux entreprises américaines.

Cet événement a offert à Donald Trump — qui s’est vanté à maintes reprises, non sans une certaine exagération, d’avoir joué un rôle de médiateur dans certains des conflits les plus enracinés au monde — une nouvelle occasion de se présenter comme un négociateur hors pair sur la scène internationale et de plaider sa cause pour le prix Nobel de la paix. Le dirigeant américain n’a jamais caché son ambition de recevoir cette distinction.

«C’est un grand jour pour l’Afrique, un grand jour pour le monde, a déclaré Donald Trump peu avant la signature de l’accord. Aujourd’hui, nous réussissons là où tant d’autres ont échoué.»

Donald Trump a accueilli les présidents Félix Tshisekedi du Congo et Paul Kagame du Rwanda, ainsi que plusieurs responsables d’autres pays africains venus à Washington pour assister à la signature, la même semaine où il a dénigré avec mépris la Somalie, pays ravagé par la guerre, et déclaré ne pas souhaiter d’immigrants originaires de ce pays d’Afrique de l’Est aux États-Unis.

Salué par la Maison-Blanche comme un accord «historique» négocié par Donald Trump, le pacte entre MM. Tshisekedi et Kagame fait suite à des mois d’efforts de paix menés par les États-Unis et leurs partenaires, dont l’Union africaine et le Qatar, et finalise un accord antérieur signé en juin.

Mais cette paix négociée par Donald Trump est fragile.

Le Congo, pays d’Afrique centrale, est ravagé par des décennies de conflit avec plus de 100 groupes armés, dont le plus puissant est le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda. Le conflit s’est intensifié cette année, le M23 s’emparant des principales villes de la région, Goma et Bukavu, lors d’une avancée sans précédent, aggravant une crise humanitaire déjà parmi les plus graves au monde, avec des millions de personnes déplacées.

«Nous sommes toujours en guerre»

Les combats se sont poursuivis cette semaine dans cette région ravagée par le conflit, avec des affrontements sporadiques signalés entre les rebelles et les soldats congolais, ainsi que leurs forces alliées. Donald Trump a souvent affirmé que sa médiation avait mis fin au conflit, ce que certains Congolais contestent.

Pourtant, MM. Kagame et Tshisekedi ont affiché un optimisme certain lors de la signature de l’accord.

«Personne n’avait demandé au président Trump de s’en charger. Notre région est loin des gros titres, a expliqué M. Kagame. Mais lorsque le président a vu l’opportunité de contribuer à la paix, il l’a saisie immédiatement.»

«Je crois sincèrement que ce jour marque le début d’une nouvelle ère, une ère exigeante, certes. Et même très difficile, a affirmé M. Tshisekedi. Mais sur cette voie, la paix ne sera pas un simple souhait, une aspiration, mais un tournant décisif.»

De fait, les analystes estiment que l’accord de jeudi ne devrait pas non plus instaurer la paix rapidement. Un accord de paix distinct a été signé entre le Congo et le M23.

«Nous sommes toujours en guerre, a déclaré Amani Chibalonza Edith, une habitante de Goma, ville clé de l’est du Congo, prise par les rebelles en début d’année. Il ne peut y avoir de paix tant que les lignes de front restent actives.»

Pourtant, Donald Trump a prédit qu’avec la signature, les pays laisseraient derrière eux «des décennies de violence et d’effusion de sang» et «entameraient une nouvelle année d’harmonie et de coopération».

«Ils ont passé beaucoup de temps à s’entretuer, a expliqué Donald Trump. Et maintenant, ils vont passer beaucoup de temps à se serrer la main et à profiter économiquement des États-Unis d’Amérique, comme tous les autres pays.»

MM. Tshisekedi et Kagame ne se sont pas serré la main et se sont à peine regardés pendant la cérémonie de signature, qui a duré environ 50 minutes.

Des terres rares

L’accord conclu jeudi s’appuiera également sur un cadre d’intégration économique régionale précédemment convenu, qui, selon les responsables, définira les modalités des partenariats économiques impliquant les trois pays.

Donald Trump a également annoncé la signature par les États-Unis d’accords bilatéraux avec le Congo et le Rwanda, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives d’accès aux minéraux critiques pour les États-Unis — des accords qui profiteront aux économies des trois nations.

«Nous allons également y envoyer certaines de nos plus grandes entreprises américaines, a indiqué Donald Trump. Tout le monde va en profiter.»

Cette région, riche en minéraux critiques, intéresse Donald Trump, Washington cherchant des moyens de contourner la Chine pour se procurer des terres rares, essentielles à la fabrication d’avions de chasse, de téléphones portables et d’autres produits. La Chine représente près de 70 % de la production mondiale de terres rares et contrôle environ 90 % de leur transformation.

Jeudi matin, il a reçu les dirigeants pour des entretiens individuels à la Maison-Blanche, ainsi qu’une discussion à trois avant la cérémonie de signature à l’Institut de la Paix à Washington, rebaptisé «Institut Donald J. Trump de la Paix», comme l’a annoncé le Département d’État mercredi.

Plus tard dans la journée, la Chambre de commerce américaine organisera un événement réunissant des chefs d’entreprise américains et les délégations congolaise et rwandaise afin de discuter des opportunités d’investissement potentielles dans les secteurs des minéraux critiques, de l’énergie et du tourisme.

Poursuite des affrontements

Dans l’est du Congo, des habitants ont signalé des affrontements sporadiques et des avancées rebelles dans diverses localités. Le M23 et les forces congolaises s’accusent mutuellement de violer les termes du cessez-le-feu conclu en début d’année. Les combats se poursuivent également sur les hauts plateaux du centre, dans la province du Sud-Kivu.

Les difficultés engendrées par le conflit se sont aggravées suite aux coupes budgétaires américaines, pourtant essentielles à l’aide humanitaire. À Goma, ville tenue par les rebelles et qui constituait un centre névralgique régional pour la sécurité et l’aide humanitaire avant l’escalade des combats cette année, l’aéroport international est fermé. Les services publics, comme les opérations bancaires, n’ont pas encore repris et les habitants signalent une recrudescence de la criminalité et une flambée des prix.

«Nous attendons de voir ce qui va se passer car, pour l’instant, les deux camps continuent de s’affronter et de s’attaquer», a raconté Moïse Bauma, un étudiant de 27 ans originaire de Bukavu, ville également contrôlée par les rebelles.

Le Congo et le Rwanda, quant à eux, ont présenté l’implication américaine comme une étape cruciale vers la paix dans la région.

«Nous avons besoin de l’attention de l’administration pour continuer à progresser vers nos objectifs, a expliqué M. Makolo. Nous savons pertinemment que ce ne sera pas facile. Ce n’est pas la fin, mais c’est un pas dans la bonne direction.»

Causes du conflit

Le conflit trouve son origine dans les suites du génocide rwandais de 1994, où des milices hutues ont tué entre 500 000 et 1 million de Tutsis, ainsi que des Hutus modérés et des Twas, populations autochtones. Face à la riposte des forces tutsies, près de 2 millions de Hutus ont fui au Congo, craignant des représailles.

Les autorités rwandaises accusent les Hutus réfugiés d’avoir participé au génocide et affirment qu’ils ont été protégés par des éléments de l’armée congolaise. Elles soutiennent que les milices formées par une minorité de Hutus constituent une menace pour la population tutsie du Rwanda.

Le gouvernement congolais déclare qu’une paix durable est impossible sans le retrait des troupes et du soutien apportés par le Rwanda au M23 dans la région. Le Rwanda, quant à lui, conditionne un cessez-le-feu permanent à la dissolution par le Congo d’une milice locale, qu’il accuse d’être composée de Hutus et de combattre aux côtés de l’armée congolaise.

Des experts de l’ONU ont indiqué qu’entre 3000 et 4000 soldats des forces gouvernementales rwandaises sont déployés dans l’est du Congo, opérant aux côtés du M23. Le Rwanda nie tout soutien, mais affirme que toute action menée dans ce conflit vise à protéger son territoire.