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Au moins quatre pays se retirent l’Eurovision pour boycotter Israël

«Nous tenons à exprimer nos sérieux doutes quant à la participation du diffuseur israélien KAN à l’Eurovision 2026.»

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Des fans israéliens applaudissent Yuval Raphael, originaire d'Israël, après sa prestation lors de la demi-finale du 69e Concours Eurovision de la chanson à Bâle, en Suisse, le 15 mai 2025. Photo AP/Martin Meissner, Archive (Martin Meissner | Associated Press)

L’Espagne, l’Irlande, la Slovénie et les Pays-Bas ont annoncé jeudi qu’ils se retiraient du concours musical de l’Eurovision pour l’année prochaine après que les organisateurs aient décidé d’autoriser Israël à y participer.

Ces annonces ont été faites après que l’organisme qui gère l’Eurovision se soit réuni pour discuter des préoccupations suscitées par la participation d’Israël, à laquelle certains pays s’opposent en raison de ses agissements pendant la guerre à Gaza.

Ces retraits interviennent après que les membres de l’Union européenne de radio-télévision (UER), qui organise l’Eurovision, ont voté en faveur de l’adoption de règles plus strictes en réponse aux allégations selon lesquelles Israël aurait manipulé le vote en faveur de son candidat.

Ce gala musical qui attire chaque année plus de 100 millions de téléspectateurs a été perturbé par la guerre à Gaza ces deux dernières années.

Un article publié sur le site web du diffuseur islandais RUV indique qu’une réunion se tiendra mercredi prochain afin de discuter de la participation de l’Islande. Le conseil d’administration du diffuseur a recommandé d’exclure Israël la semaine dernière.

Dans un communiqué envoyé par courriel à l’Associated Press, l’UER a indiqué qu’elle savait que les radiodiffuseurs de quatre pays — RTVE en Espagne, AVROTROS aux Pays-Bas, RTE en Irlande et RTVSLO en Slovénie — avaient publiquement annoncé qu’ils ne participeraient pas.

«Nous attendons la confirmation officielle de leur décision», a affirmé l’union. La liste définitive des pays participants doit être annoncée avant Noël.

Le président israélien Isaac Herzog a déclaré le X qu’il était ravi qu’Israël participe à nouveau, et qu’il espère «que le concours restera un événement qui promeut la culture, la musique, l’amitié entre les nations et la compréhension culturelle transfrontalière».

«Merci à tous nos amis qui ont défendu le droit d’Israël à continuer de contribuer et de participer à l’Eurovision», a-t-il ajouté.

L’Autriche, qui doit accueillir le concours après la victoire cette année du chanteur viennois JJ avec «Wasted Love», soutient la participation d’Israël. L’Allemagne serait également favorable à Israël.

Le diffuseur néerlandais AVROTROS a déclaré que la participation d’Israël «n’était plus compatible avec la responsabilité qui nous incombe en tant que diffuseur public».

Le diffuseur public espagnol RTVE a indiqué jeudi que le pays se retirait de l’Eurovision après que l’organisme qui gère le concours ait voté en faveur de la participation d’Israël en 2026.

«Nous tenons à exprimer nos sérieux doutes quant à la participation du diffuseur israélien KAN à l’Eurovision 2026», a affirmé Alfonso Morales, secrétaire général de RTVE, lors de l’assemblée générale de l’Union européenne de radio-télévision (UER).

L’UER a déclaré que ses nouvelles règles renforceraient «la transparence et la confiance» et permettraient à tous les pays, y compris Israël, de participer.

«L’Eurovision est en train de devenir un événement quelque peu fracturé», a remarqué Paul Jordan, expert du concours connu sous le nom de Dr Eurovision. «Son slogan est “Unis par la musique”(...) malheureusement, [l’Eurovision] est divisée par la politique.»

Divisés par la politique

Le concours, dont la 70e édition est prévue à Vienne en mai, oppose des artistes de dizaines de pays qui s’affrontent pour remporter la couronne musicale du continent.

Il s’efforce de faire passer la musique avant la politique, mais a été à plusieurs reprises impliqué dans des événements mondiaux. La Russie a entre autres été expulsée en 2022 après son invasion de l’Ukraine.

La guerre à Gaza a été son plus grand défi, avec des manifestations contre Israël tenues à l’extérieur des deux derniers concours Eurovision: à Bâle, en Suisse, au mois de mai, et à Malmö, en Suède, en 2024.

L’Islande, l’Irlande, les Pays-Bas, la Slovénie et l’Espagne avaient menacé de se retirer du concours si Israël était autorisé à y participer.

Les opposants à la participation d’Israël invoquent la guerre à Gaza, qui a fait plus de 70 000 morts selon le ministère de la Santé du territoire. Ce dernier opère sous le gouvernement dirigé par le Hamas et ses registres détaillés sont considérés comme généralement fiables par la communauté internationale.

Le gouvernement israélien a défendu à plusieurs reprises sa campagne comme étant une réponse à l’attaque des militants du Hamas qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023. Lors de l’attaque, les militants ont tué environ 1200 personnes, pour la plupart des civils, et ont pris 251 otages.

Un certain nombre d’experts, dont ceux mandatés par un organisme des Nations unies, ont déclaré que l’offensive israélienne à Gaza équivalait à un génocide. Israël a vigoureusement nié ces accusations.

Un boycottage pourrait avoir des conséquences sur l’audience et les revenus à un moment où de nombreux diffuseurs subissent des pressions financières dues aux coupes budgétaires et à l’avènement des réseaux sociaux.

L’Espagne fait partie des cinq pays qui contribuent le plus au concours. L’Irlande a pour sa part remporté sept victoires, un record qu’elle partage avec la Suède.

La controverse sur la participation d’Israël en 2026 menace également d’éclipser le retour de trois pays — la Bulgarie, la Moldavie et la Roumanie — après des périodes d’absence pour des raisons financières et artistiques.

Jamey Keaten

Jamey Keaten

Journaliste

Jill Lawless

Jill Lawless

Journaliste