La police israélienne a pénétré de force dans le complexe de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens à Jérusalem-Est, lundi, intensifiant ainsi la campagne menée contre cette organisation interdite d’activité sur le territoire israélien.
L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a déclaré dans un communiqué qu’un nombre important de forces israéliennes, notamment des policiers à moto, en camion et en chariot élévateur, ont pénétré dans le complexe situé dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah et ont coupé les communications sur le site.
«Cette entrée non autorisée et par la force par les forces de sécurité israéliennes constitue une violation inacceptable des privilèges et immunités de l’UNRWA en tant qu’agence des Nations Unies», a déclaré l’agence.
Des photos prises par un photographe de l’Associated Press montrent des voitures de police dans la rue et un drapeau israélien hissé sur le toit du complexe. Des photos fournies par le personnel de l’UNRWA montrent un groupe de policiers israéliens à l’intérieur du complexe.
La police a indiqué dans un communiqué être intervenue dans le cadre d’une «procédure de recouvrement de créances» menée par la municipalité de Jérusalem, qui n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
Une campagne de longue haleine contre l’UNRWA
Cette rafle est la dernière action en date de la campagne menée par Israël contre l’agence, qui fournit aide et services à quelque 2,5 millions de réfugiés palestiniens à Gaza, en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, ainsi qu’à 3 millions d’autres réfugiés en Syrie, en Jordanie et au Liban.
L’agence a été créée pour venir en aide aux quelque 700 000 Palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de ce qui est aujourd’hui Israël lors de la guerre de 1948, qui a entouré la création d’Israël. Les sympathisants de l’UNRWA affirment qu’Israël espère éradiquer la question des réfugiés palestiniens en démantelant l’agence. Israël soutient que les réfugiés devraient être réinstallés définitivement hors de ses frontières.
Pendant plus d’un an, depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023, l’UNRWA a constitué le principal soutien vital pour la population de Gaza, fortement dépendante de l’aide en raison de la crise humanitaire engendrée par les bombardements massifs israéliens et les restrictions imposées à l’entrée des marchandises.
Tout au long du conflit, Israël a accusé l’agence d’être infiltrée par le Hamas, allégations que l’ONU a démenties. Après des mois d’attaques croissantes menées par le premier ministre Benyamin Nétanyahou et ses alliés d’extrême droite, Israël a officiellement interdit à l’UNRWA de fonctionner sur son territoire en janvier.
Les États-Unis, qui étaient auparavant le principal donateur de l’UNRWA, ont suspendu leur financement au début de 2024.
L’UNRWA reçoit l’aide d’autres agences
Depuis, l’UNRWA peine à poursuivre son action à Gaza, et d’autres agences onusiennes, comme le PAM et l’UNICEF, interviennent pour pallier un manque que l’UNRWA juge impossible à combler.
«Si l’on exclut l’UNRWA, quelle autre agence pourra prendre le relais?» a déclaré Tamara Alrifai, directrice des relations extérieures et des communications de l’UNRWA, en marge du Forum de Doha, samedi.
L’agence a été exclue des négociations menées par les États-Unis sur la phase 2 du cessez-le-feu, a-t-elle ajouté.
L’UNRWA a fermé son complexe de Jérusalem en mai après que des manifestants d’extrême droite, dont au moins un membre du Parlement israélien, eurent forcé son entrée sous les yeux de la police. L’extrême droite israélienne fait pression pour transformer le complexe en colonie et le ministre du Logement a déclaré l’année dernière avoir demandé à son ministère d’«étudier les modalités de restitution du site à l’État d’Israël et de son utilisation à des fins de logement».
