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Préavis de grève des pilotes d’Air Transat: passagers rapatriés dès lundi

L’annulation des vols débutera progressivement dès lundi et il y aura «cessation complète» mardi, selon Air Transat.

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Des avions d’Air Transat sont vus sur le tarmac de l’aéroport international Montréal-Trudeau à Montréal, le 8 avril 2020. LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson Des avions d’Air Transat sont vus sur le tarmac de l’aéroport international Montréal-Trudeau à Montréal, le 8 avril 2020. LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson (Paul Chiasson/La Presse canadienne)

Le syndicat qui représente les pilotes d’Air Transat a remis à la direction de la compagnie aérienne un préavis de grève de 72 heures, laquelle pourrait débuter dès 3 h 00 (HE), le mercredi 10 décembre.

L’Association internationale des pilotes de ligne (ALPA), qui représente les quelque 700 pilotes d’Air Transat, a annoncé la nouvelle dans un communiqué dimanche matin.

«Il est encore temps d’éviter une grève, mais à moins que des progrès significatifs soient réalisés à la table de négociation, nous débrayerons s’il le faut pour obtenir un contrat moderne», a déclaré le commandant Bradley Small, président du Conseil exécutif supérieur (CES) d’Air Transat.

Le salaire, les avantages sociaux, les règles de travail et la sécurité d’emploi conformes aux normes de l’industrie figurent parmi les principaux points en litige dans les négociations qui durent depuis un an.

La convention collective actuelle est échue depuis avril dernier. Signée en 2015, elle a été prolongée à deux reprises. La première fois, lors de la tentative infructueuse de fusion avec Air Canada, et la seconde, au moment des efforts visant à relancer la compagnie aérienne à la suite de la pandémie de COVID-19.

«Aucun pilote ne souhaite faire la grève, mais la direction d’Air Transat ne nous a pas laissé le choix. Après des mois de négociations infructueuses, c’est terminé. Si nous n’arrivons pas à une entente, la direction devra assumer la responsabilité de chaque vol annulé et de chaque passager laissé en plan», a affirmé le commandant Small.

Le syndicat des pilotes de la compagnie établie à Montréal avait déjà annoncé mercredi que la grève avait récolté un appui presque unanime de ses membres de 99 %, à l’issue de la période de vote qui s’était terminée la veille. Le taux de participation s’était élevé à 98 % parmi les pilotes syndiqués d’Air Transat.

Le syndicat des pilotes d’Air Transat, représenté par l’Association internationale des pilotes de ligne (ALPA), a déjà mis en place un «centre de grève» dans le même édifice que ses bureaux dans l’ouest de Montréal. Des pilotes bénévoles seront en poste pour coordonner notamment les piquets de grève et le rapatriement des pilotes des avions, s’il y a lieu.

Répercussions sur les voyageurs

Air Transat a réagi en annonçant dimanche matin que la compagnie «devra déployer un plan d’interruption progressif et ordonné».

«Avec ce préavis du syndicat, Air Transat se voit dans l’obligation de commencer dès maintenant la planification de l’annulation de ses vols et le rapatriement de ses passagers, équipages et appareils afin d’éviter qu’ils ne soient retenus à l’étranger si la grève se matérialisait. L’objectif est de ramener tout le monde à son point de départ», indique un communiqué émis par la compagnie aérienne.

L’annulation des vols débutera progressivement dès lundi et il y aura «cessation complète» mardi, selon Air Transat.

L’entreprise dit «regretter amèrement les répercussions que la suspension de ses activités aura sur les voyageurs en cette période achalandée».

Demandes jugées déraisonnables par l’employeur

«Ce préavis de grève est prématuré compte tenu des progrès réalisés à la table de négociation et des offres généreuses déposées par Air Transat», a pour sa part déclaré Julie Lamontagne, cheffe des ressources humaines, de la responsabilité d’entreprise et des communications.

«Malgré ces efforts, l’ALPA n’a montré aucune ouverture et les discussions n’ont pas permis d’aboutir à une entente. Il est déplorable que le syndicat ait exprimé une telle indifférence à l’égard de Transat, ses employés et sa clientèle en choisissant la voie de la grève en cette période de l’année; une décision déraisonnable qui ne reflète pas l’état d’avancement des négociations», a-t-elle poursuivi.

Air Transat a indiqué avoir déposé «une offre incluant une augmentation salariale de 59 % sur cinq ans et des avancées majeures aux conditions de travail de ses pilotes». Les demandes du syndicat sont jugées déraisonnables par l’employeur et leurs actions prématurées «lourdes de conséquences».

Offre de médiation

Par ailleurs, l’homme d’affaires Pierre-Karl Péladeau, lui-même en conflit ouvert avec la direction d’Air Transat, s’est proposé comme médiateur.

«Afin d’éviter la catastrophe, j’offre à l’entreprise d’agir comme médiateur avec les pilotes et la direction, pour proposer une voie de passage et arriver à une proposition de règlement pour sauver la compagnie et les emplois, le tout pour le bénéfice des clients et des actionnaires», a-t-il déclaré dans un communiqué publié dimanche.

M. Péladeau profite de l’occasion pour réitérer ses critiques à l’endroit de la direction de la compagnie aérienne. Au début de la semaine, le deuxième actionnaire en importance avait critiqué la stratégie de l’entreprise et présenté ses propositions aux actionnaires.

La société d’investissement de M. Péladeau, Financière Outremont, a demandé la tenue d’une assemblée extraordinaire d’ici le 6 février, dans un communiqué publié avant l’ouverture des marchés. Il veut notamment obtenir un siège au conseil d’administration.

Il avait évoqué publiquement son intérêt d’acquérir le transporteur en 2019. Il avait finalement abandonné le projet au printemps 2021.

- Avec des informations de Lia Lévesque

Helen Moka

Helen Moka

Journaliste