Économie

Les prix du café ont presque doublé depuis 2020 et ne devraient pas baisser

«Vous allez devoir vous y faire», prévient un expert.

Publié

Des grains de café sont tenus par un employé de l'usine Club Coffee à Toronto, le jeudi 2 novembre 2017. Des grains de café sont tenus par un employé de l'usine Club Coffee à Toronto, le jeudi 2 novembre 2017.

Les prix du café au Canada ont presque doublé depuis 2020 et, selon un universitaire, ils ne devraient pas baisser.

En août, les Canadiens ont payé près de 28 % de plus pour le café acheté en magasin par rapport à l’année dernière, selon un rapport de Statistique Canada publié en septembre. Le prix du café a augmenté de 81,3 % entre 1979 et 2024, en moyenne annuelle.

Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.

Entre 2020 et 2025, le prix de détail mensuel moyen du café est passé de 5,36 $ à 9,30 $ pour 340 grammes, selon StatCan.

Cela représente une augmentation de 73,5 % en cinq ans.

En raison de la forte demande de café, les vendeurs ne baisseront probablement pas leurs prix, selon Vik Singh, professeur associé au département d’études de gestion internationale de l’Université métropolitaine de Toronto.

«Je ne vois pas vraiment d’issue à cette situation. La seule chose que je peux imaginer, c’est que les prix du café n’augmenteront peut-être pas autant qu’ils le font actuellement», a-t-il affirmé

«Quelques détaillants contrôlent l’ensemble du marché», a ajouté M. Singh. «Si j’étais Starbucks, pourquoi devrais-je réduire le prix de mon café?»

«Un risque de marché»

Selon David Soberman, professeur de marketing à l’Université de Toronto, deux des principaux producteurs mondiaux de café, le Brésil et le Vietnam, ont été confrontés ces dernières années à des événements environnementaux majeurs qui ont affecté leurs récoltes.

«Le réchauffement climatique perturbe nos conditions météorologiques et augmente en fait le risque d’événements susceptibles de détruire l’approvisionnement», a-t-il expliqué.

Parmi ces facteurs, on peut citer les tempêtes, les précipitations moins prévisibles et la hausse des températures, a-t-il ajouté.

Bien que le café soit une marchandise mondiale, ce qui signifie qu’il existe des prix standard sur tous les marchés, M. Soberman a soutenu qu’il n’était pas toujours facile de changer de fournisseur. «Vous ne pourrez peut-être pas obtenir exactement la qualité de café que vous souhaitez», a-t-il dit.

Il a ajouté que différents vendeurs de café, comme Starbucks ou Tim Hortons, s’appuient sur des types de grains spécifiques pour créer leurs produits phares. Cela signifie qu’ils pourraient ne pas être en mesure de passer facilement des grains de café d’un pays à ceux d’un autre, «ce qui entraîne un risque commercial», selon le professeur en marketing.

Il a toutefois suggéré que les changements climatiques actuels inciteraient les producteurs à innover.

«Si vous cultivez et récoltez du café d’une certaine manière au Brésil depuis 50 ans», a-t-il mentionné. «Vous n’avez probablement pas changé, mais étant donné le changement climatique, vous pourriez adopter certaines pratiques et certains concepts qui vous permettront de devenir plus efficace.»

M. Soberman a conseillé aux consommateurs canadiens de rechercher des options d’achat moins coûteuses, comme le café fait maison, plutôt que d’acheter dans les cafés alors que les prix sont élevés.

«Si l’on examine la trajectoire à long terme, on constate une augmentation constante», a-t-il précisé.

Selon le dernier rapport sur les prix alimentaires de l’université Dalhousie, publié jeudi, un quart des ménages canadiens sont en situation d’insécurité alimentaire et une famille moyenne de quatre personnes dépensera jusqu’à 994 dollars de plus en nourriture l’année prochaine.

Les produits alimentaires canadiens ont également connu l’une des hausses de prix les plus rapides du G7, selon Vik Singh.

D’après lui, certains produits ont une «demande élastique», ce qui signifie que les consommateurs en achèteront plus ou moins en fonction du prix. Les produits de base comme le café ne sont pas élastiques et les consommateurs les achèteront généralement de manière constante, même en cas de hausse des prix, a-t-il ajouté.

«Si vous avez l’habitude de boire du café le matin, que vous avez l’habitude de payer 2 dollars et que le prix passe à 3$, vous allez devoir vous y faire», a suggéré M. Singh.

«Je dirais qu’il n’y a aucun produit de base qui ait connu une baisse spectaculaire en termes de prix payé par le consommateur», a-t-il poursuivi, ajoutant que «si l’on examine la trajectoire à long terme, on constate que les prix augmentent toujours».