Économie

Le Canada doit payer 10 millions d’euros pour un accord de défense avec l’UE

Ce prix soulève des questions quant au montant des investissements que cet accord générera.

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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le premier ministre du Canada, Mark Carney, au sommet du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 22 novembre 2025. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le premier ministre du Canada, Mark Carney, au sommet du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 22 novembre 2025. (Thomas Mukoya)

L’Union européenne (UE) affirme que le Canada devra payer 10 millions d’euros, soit environ 16 millions $ CAN, pour adhérer à un accord d’approvisionnement en matière de défense. Ce prix soulève des questions quant au montant des investissements que cet accord générera.

Cette semaine, le Canada a officiellement adhéré au programme de 150 milliards d’euros appelé «Action de sécurité pour l’Europe» (SAFE), doté d’un budget de 245 milliards $, qui fait partie de l’initiative «Réarmer l’Europe» visant à réduire la dépendance du continent à l’égard de la technologie et du financement américains en matière de défense.

Le ministre de la Défense, David McGuinty, a annoncé lundi la finalisation de l’accord, mais il s’est montré prudent lorsqu’il a été interrogé sur le montant de la contribution canadienne. «Nous aurons plus de détails à ce sujet en temps voulu», s’est-il contenté de répondre.

Le porte-parole de l’UE, Thomas Regnier, a révélé le montant lors d’un point de presse à Bruxelles, mardi.

«Le Canada devra verser une contribution unique de 10 millions d’euros au budget de l’UE, et ce montant sera réévalué par la suite», a-t-il indiqué.

Affaires mondiales Canada a confirmé ce chiffre dans un communiqué publié mercredi.

«Le Canada versera une contribution administrative initiale de 2,5 millions d’euros et une contribution annuelle initiale de 7,5 millions d’euros pour sa participation. Un accord de principe a été conclu, mais les discussions techniques se poursuivent afin de finaliser le texte du traité», a écrit John Babcock, porte-parole du ministère.

Il a ajouté que l’accord «soutient tous les partenaires dans l’amélioration de leur capacité de défense et favorise la croissance de nos industries de défense respectives».

M. Regnier a indiqué que les frais exigés de la part du Canada sont basés sur les avantages économiques et les emplois que le pays peut espérer tirer de l’accord.

«Un mécanisme de correction est prévu. Le montant sera donc réévalué en fonction du nombre de contrats que l’industrie canadienne obtiendra grâce à sa participation à l’accord», a-t-il précisé.

M. Regnier a souligné que la même méthodologie est appliquée à d’autres pays et que le Royaume-Uni doit payer des frais cinq fois supérieurs à ceux du Canada.

Justin Massie, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal, estime que cela soulève des questions quant à l’importance des investissements que cet accord apportera au Canada.

«Étant donné que les coûts d’entrée sont calculés en fonction des avantages qu’un tiers peut espérer retirer de l’accès à l’instrument de l’UE, nous devrions modérer nos attentes», a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, n’a pas souhaité se prononcer mercredi sur la pertinence de cette interprétation des chiffres. Lors d’un entretien téléphonique depuis Bruxelles, elle a indiqué que l’Europe était enthousiaste quant aux technologies de défense et aux capacités industrielles du Canada.

«Tous mes interlocuteurs étaient ravis de voir les entreprises canadiennes sur un pied d’égalité avec les entreprises européennes afin de pouvoir concourir pour des contrats d’approvisionnement ici», a-t-elle déclaré.

«L’accord permet au Canada de s’intégrer pleinement à l’écosystème européen, ce qui est très positif pour l’économie canadienne», a-t-elle ajouté.

M. Regnier a fait savoir mardi que l’UE avait conclu un accord distinct avec Ottawa autorisant les Européens à acheter directement des produits de l’industrie de défense canadienne si au moins un cinquième des composants proviennent de l’Union européenne.

Dylan Robertson

Dylan Robertson

Journaliste