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«Vous ne pouvez pas inviter une seule partie d’un pays.»
Une offre d’adhésion à l’OTAN aux territoires sous contrôle de Kyiv mettrait fin à «la phase chaude de la guerre» en Ukraine, mais toute proposition d’adhésion à l’alliance militaire devrait être étendue à toutes les parties du pays qui se trouvent sous des frontières internationalement reconnues, a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans une entrevue diffusée à la radio.
Les remarques de M. Zelensky, vendredi, ont signalé une voie possible vers le chemin difficile que l’Ukraine doit emprunter pour rejoindre l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
Lors de leur sommet à Washington en juillet, les 32 membres ont déclaré que l’Ukraine était sur une voie «irréversible» vers l’adhésion. Cependant, l’un des obstacles à cette avancée a été l’idée que les frontières de l’Ukraine devraient être clairement délimitées avant qu’elle ne puisse rejoindre l’OTAN afin qu’il ne puisse y avoir aucune confusion sur l’endroit où le pacte de défense mutuelle de l’alliance entrerait en vigueur.
«Vous ne pouvez pas inviter une seule partie d’un pays», a affirmé le président ukrainien dans un extrait de l’entrevue avec Sky News, doublé par la chaîne britannique. «Pourquoi? Parce que vous reconnaîtriez ainsi que l’Ukraine n’est que ce territoire de l’Ukraine et l’autre est la Russie.»
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En vertu de la constitution ukrainienne, l’Ukraine ne peut pas reconnaître comme russe un territoire occupé par la Russie.
«Donc, légalement, en vertu de la loi, nous n’avons pas le droit de reconnaître le territoire occupé comme territoire russe», a-t-il déclaré.
Depuis le début de la guerre en 2022, la Russie a dépensé d'énormes quantités d'armes et de vies humaines pour réaliser des gains territoriaux modestes, mais réguliers sur près d'un cinquième de l'Ukraine qu'elle contrôle déjà dans l'est et le sud.
«Si nous voulons arrêter la phase chaude de la guerre, nous devons placer sous l’égide de l’OTAN le territoire de l’Ukraine que nous avons sous notre contrôle. C’est ce que nous devons faire, vite. Et ensuite, l’Ukraine pourra récupérer l’autre partie de son territoire par voie diplomatique», a-t-il soutenu.
Une invitation à l’Ukraine à rejoindre l’OTAN est l’un des points clés du «plan de victoire» de M. Zelensky, qu’il a présenté aux alliés occidentaux et au peuple ukrainien en octobre. Ce plan est considéré comme un moyen pour l’Ukraine de renforcer sa position dans toute négociation avec Moscou.
Plus tôt cette semaine, le nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a déclaré que l’alliance «doit aller plus loin» pour soutenir l’Ukraine dans sa lutte contre une invasion russe. L’aide militaire à Kyiv et les mesures visant à mettre fin à la guerre devraient figurer en bonne place à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN à Bruxelles, qui se tiendra pendant deux jours à partir du 3 décembre.
Toutefois, toute décision de l’Ukraine de rejoindre l’alliance militaire nécessiterait un processus plus long et l’accord de tous les États membres.
L’orientation de la politique étrangère du président élu Donald Trump est également incertaine. Bien que M. Trump ait promis pendant la campagne de mettre fin à l’invasion russe de l’Ukraine en une seule journée, il n’a pas publiquement expliqué comment cela pourrait se produire. M. Trump a également annoncé mercredi que Keith Kellogg, un général trois étoiles à la retraite de 80 ans et hautement décoré, serait son envoyé spécial pour l’Ukraine et la Russie.
En avril, M. Kellogg a écrit que «pour mettre un terme à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, il faudra un leadership fort, axé sur l’Amérique d’abord, pour parvenir à un accord de paix et mettre immédiatement fin aux hostilités entre les deux parties belligérantes».
Pendant ce temps, lors de son seul débat de campagne avec la vice-présidente Kamala Harris, M. Trump a refusé à deux reprises de répondre directement à une question sur sa volonté de voir l’Ukraine gagner la guerre, ce qui a fait craindre que Kyiv soit contraint d’accepter des conditions défavorables dans toute négociation.
La déclaration de M. Zelensky intervient alors que l’Ukraine fait face à une pression croissante le long de la ligne de front de 1000 kilomètres. Dans son dernier rapport, le groupe de réflexion basé à Washington, l’Institut pour l'étude de la guerre, a indiqué samedi que les forces russes avaient récemment avancé près de Koupiansk, à Toretsk, et près de Pokrovsk et Velyka Novosilka, une voie logistique clé pour l’armée ukrainienne.
L'armée de l'air ukrainienne a annoncé samedi que le pays avait été attaqué par dix drones russes, dont huit ont été abattus au-dessus des régions de Kyiv, Tcherkassy, Kirovohrad, Dnipropetrovsk et Kherson. Un drone est retourné sur le territoire occupé par la Russie, tandis que le dernier a disparu des radars, signe souvent de l'utilisation de défenses électroniques.
Par ailleurs, le ministère russe de la Défense a affirmé que 11 drones ukrainiens avaient été abattus par les systèmes de défense aérienne du pays. Le maire de Sotchi, Andreï Proshunine, et le chef de la région du Daghestan, Sergueï Melikov, tous deux dans le sud-ouest de la Russie, ont déclaré que des drones avaient été détruits dans leurs régions pendant la nuit. Aucune victime n'a été signalée.
Vendredi, le président ukrainien a annoncé un certain nombre de changements au sein de la direction militaire, affirmant que des changements dans la gestion du personnel étaient nécessaires pour améliorer la situation sur le champ de bataille.
Le général Mykhaïlo Drapatyi, qui a dirigé la défense de Kharkiv lors de la nouvelle offensive russe contre la deuxième plus grande ville d’Ukraine cette année, a été nommé à la tête des forces terrestres ukrainiennes. Oleh Apostol a été nommé nouveau commandant en chef adjoint chargé d’améliorer la formation militaire.
Le commandant en chef Oleksandr Syrskyi a également affirmé vendredi qu’il renforcerait les unités de Donetsk, Pokrovsk et Kourakhove avec des réserves supplémentaires, des munitions, des armes et du matériel militaire.