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À la veille du jour de l'An, les avis et les sentiments de plusieurs Montréalais étaient partagés entre mécontentement, acceptation, résignation et questionnement face aux nouvelles restrictions pour contrer la flambée des cas de COVID-19 au Québec.
Par Frédéric Lacroix-Couture – La Presse canadienne
Dans le quartier Angus et sur la rue Masson dans l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie, ils étaient nombreux à faire le plein de nourriture et d'alcool à quelques heures du réveillon de la Saint-Sylvestre.
Les célébrations ont été marquées par l'entrée en vigueur de l'interdiction de se déplacer à l'extérieur de sa résidence, sauf pour quelques exceptions, de 22h à 5h.
Certaines personnes rencontrées par La Presse Canadienne, vendredi, ont qualifié la réintroduction du couvre-feu, appliqué l'hiver dernier, d'un «peu aberrant», n'ayant «aucun bon sens» et qui est une manière d'«écœurer le peuple».
«J'espère juste qu'ils ne vont pas nous confiner pendant trois mois. On ne sait jamais ce qui va arriver», a affirmé Amy Monette.
Le premier ministre François Legault a promis, durant l'annonce des nouvelles mesures, jeudi, que le retrait du couvre-feu sera «le premier assouplissement qu'on va faire» lorsque la situation redeviendra sous contrôle dans les hôpitaux.
D'autres se questionnaient sur l'efficacité d'une telle mesure. «Avec les résultats du dernier confinement et du couvre-feu, ils ne nous ont pas encore prouvé que c'était vraiment nécessaire. J'ai une réticence», a mentionné Samuel Cloutier.
«Je ne sais pas dans quelle mesure c'est pertinent alors que tout est déjà fermé. On dirait que c'est un retour en arrière et ça nous fait plus peur que d'autres choses», a commenté pour sa part Élizabeth Laferrière, dont le conjoint est un restaurateur faisant face à une nouvelle restriction depuis vendredi, celle de devoir fermer sa salle à manger.
Mme Laferrière s'inquiétait pour les gens vivant seuls ou étant dans une situation de vulnérabilité. «Je ne sais pas comment ils vivent ça, mais j'ai une grosse pensée pour eux. Je pense que ça va être difficile.»
Reconnaissant qu'il s'agissait d'une mesure «sévère exceptionnelle», le ministère de la Santé et des Services sociaux a soutenu dans un communiqué que des études d'observation ont montré l'utilité du couvre-feu pour empêcher les déplacements et les rassemblements.
«Dans la période où l'on est, je pense que c'est une bonne mesure parce qu'il va y avoir beaucoup de rassemblements. Ça peut peut-être dissuader les gens de se regrouper», a soutenu Mojdeh, qui préférait ne pas dire son nom de famille.
Des Montréalais se montraient plutôt résignés à devoir accepter cette décision annoncée moins de 24 heures avant de célébrer la dernière journée de l'année 2021.
«C'est un peu décourageant, mais il faut ce qu'il faut. Ce virus n'a pas l'air à vouloir s'arrêter. Donc, on n'a pas le choix», a indiqué Diane Pellerin.
En plus du couvre-feu, M. Legault a annoncé l'interdiction des rassemblements privés et des sports intérieurs dès le 31 décembre ainsi que la fermeture de commerces pour les trois prochains dimanches et le report du retour en classe au 17 janvier.
M. Legault a dit vouloir donner «un grand coup» devant la progression des hospitalisations et des nouveaux cas de COVID-19 depuis l'apparition du variant Omicron, plus contagieux que les précédents.
Plusieurs personnes interrogées pensent que Québec aurait dû bouger plus rapidement en raison de la situation.
«C'était essentiel, mais je trouve que ça arrive un peu trop tard malheureusement», a fait valoir Andrée-Anne, médecin généraliste qui a souhaité ne pas dévoiler son nom de famille.
Selon elle, le nombre de cas et d'hospitalisations est loin d'avoir atteint son pic alors que le temps des Fêtes n'est pas encore terminé.
La professionnelle de la santé a dit avoir travaillé dans les unités de COVID-19. «Je suis en ce moment en congé de maternité, mais je pense retourner plus tôt compte tenu de la situation», a relaté celle dont le conjoint est chirurgien et qui vit les impacts du délestage pour les opérations non urgentes.
Venue de Vancouver pour visiter de la famille à Montréal pour Noël, Véronique voyait un «énorme contraste» entre les deux villes.
«On n'a pas eu de couvre-feu. On n'a pas été confiné. C'est plus drastique (sic) ici. On le sent socialement qu'il y a plus de tensions», a-t-elle analysé, disant ressentir que les autorités de la Colombie-Britannique ont plus de confiance envers la population.
«C'est un peu plus pédagogique dans l'approche», a-t-elle ajouté.
Concernant les rassemblements privés à l'intérieur se limitant aux occupants d'une même résidence, une mesure entrée en vigueur la veille du jour de l'An, certains ont dit avoir vu leur plan changer, alors que d'autres avaient déjà prévu célébrer le réveillon seulement avec leur bulle familiale.
Sur la fermeture des commerces pour les prochains dimanches, ils étaient peu nombreux à croire que cette décision les affectera. Certains ont même salué cette mesure permettant aux propriétaires et travailleurs de souffler un peu dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre.
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