Le Hezbollah est depuis longtemps considéré comme la première ligne de défense de l'Iran en cas de guerre avec Israël. Mais depuis qu'Israël a lancé son offensive massive contre l'Iran, déclenchant la guerre actuelle entre Israël et l'Iran, le groupe militant libanais est resté en dehors du conflit, même après l'entrée en guerre des États-Unis dimanche avec des frappes sur des sites nucléaires iraniens.
Un réseau de milices puissantes soutenues par l'Iran en Irak est également resté relativement calme.
Les préoccupations politiques internes, ainsi que les lourdes pertes subies au cours de près de deux ans de conflits et de bouleversements régionaux, semblent avoir conduit ces alliés de l'Iran à rester en retrait dans la dernière vague de convulsions qui secoue la région.
«Malgré tous les facteurs de retenue, des inconnues subsistent», a affirmé Tamer Badawi, chercheur associé au Centre de recherche appliquée en partenariat avec l'Orient, un groupe de réflexion basé en Allemagne.
Cela est d'autant plus vrai après l'intervention américaine qui a frappé trois installations nucléaires en Iran.
L'«axe de la résistance»
Le Hezbollah a été créé au début des années 1980 avec le soutien de l'Iran en tant que force de guérilla luttant contre l'occupation israélienne du sud du Liban à l'époque.
Ce groupe militant a contribué à chasser Israël du Liban et a constitué son arsenal au cours des décennies suivantes, devenant une puissante force régionale et la pièce maîtresse d'un groupe de factions et de gouvernements soutenus par l'Iran, connu sous le nom d'«Axe de la résistance».
Parmi ses alliés figurent également les milices chiites irakiennes et les rebelles houthis du Yémen, ainsi que le Hamas.
À un moment donné, le Hezbollah aurait disposé de quelque 150 000 roquettes et missiles, et l'ancien chef du groupe, Hassan Nasrallah, s'était vanté de disposer de 100 000 combattants.
Cherchant à aider son allié, le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 contre le sud d'Israël et de l'offensive israélienne à Gaza, le Hezbollah a commencé à lancer des roquettes à travers la frontière.
Cela a entraîné des frappes aériennes et des bombardements israéliens, et les échanges ont dégénéré en une guerre totale en septembre dernier. Israël a infligé de lourds dommages au Hezbollah, tuant Nasrallah et d'autres hauts dirigeants et détruisant une grande partie de son arsenal, avant qu'un cessez-le-feu négocié par les États-Unis ne mette fin au conflit en novembre dernier. Israël continue d'occuper certaines parties du sud du Liban et de mener des frappes aériennes quasi quotidiennes.
De leur côté, les milices irakiennes ont occasionnellement frappé des bases abritant des troupes américaines en Irak et en Syrie, tandis que les Houthis du Yémen ont tiré sur des navires dans la mer Rouge, une route commerciale mondiale cruciale, et ont commencé à prendre Israël pour cible.
Une position ambiguë
Le Hezbollah a condamné les attaques israéliennes et les frappes américaines contre l'Iran. Quelques jours avant l'attaque américaine, le chef du Hezbollah, Naim Kassem, a déclaré dans un communiqué que le groupe «agirait comme il le jugerait approprié face à cette brutale agression israélo-américaine».
Dans un communiqué publié après les frappes américaines, le groupe a appelé «les pays arabes et islamiques et les peuples libres du monde» à se rallier à l'Iran, sans toutefois suggérer que le Hezbollah se joindrait aux représailles de Téhéran.
Les responsables du gouvernement libanais ont exhorté le groupe à rester en dehors du conflit, affirmant que le Liban ne pouvait pas supporter une autre guerre destructrice, et l'envoyé américain Tom Barrack, qui s'est rendu au Liban la semaine dernière, a soutenu que ce serait une «très mauvaise décision» pour le Hezbollah de s'impliquer.
La milice irakienne Kataib Hezbollah, un groupe distinct du Hezbollah, avait affirmé avant l'attaque américaine qu'elle ciblerait directement les intérêts et les bases américaines dans toute la région si Washington s'impliquait. Le groupe est également resté silencieux depuis les frappes de dimanche.
Le mois dernier, les Houthis ont conclu un accord avec Washington pour mettre fin aux attaques contre les navires américains dans la mer Rouge en échange de l'arrêt des frappes américaines au Yémen, mais le groupe a menacé de reprendre ses attaques si Washington entrait dans la guerre entre l'Iran et Israël.
Dans un communiqué publié dimanche, le bureau politique des Houthis a qualifié l'attaque américaine contre l'Iran d'« escalade grave qui constitue une menace directe pour la sécurité et la paix régionales et internationales ».
Les Houthis n'ont pas immédiatement lancé de frappes.
Raisons de rester en retrait
Le Hezbollah a été affaibli par les combats de l'année dernière et après avoir perdu une importante voie d'approvisionnement en armes iraniennes avec la chute du président syrien Bachar al-Assad, un allié clé, lors d'une offensive rebelle éclair en décembre.
«Le Hezbollah a été affaibli sur le plan stratégique et coupé des chaînes d'approvisionnement en Syrie», a expliqué Andreas Krieg, analyste militaire et professeur associé au King's College de Londres.
Pourtant, Qassem Qassir, un analyste libanais proche du Hezbollah, a exprimé qu'il ne fallait pas exclure un rôle du groupe militant dans le conflit entre Israël et l'Iran.
«La bataille n'en est qu'à ses débuts», a-t-il dit. «Même l'Iran n'a pas bombardé les bases américaines (en réponse aux frappes américaines), mais plutôt Israël.»
Il a ajouté que les Houthis et les milices irakiennes « n'ont pas la capacité de frapper Israël en profondeur comme le Hezbollah l'avait autrefois ».
Renad Mansour, chercheur senior au think tank Chatham House à Londres, a indiqué que les milices irakiennes alliées à l'Iran ont toujours essayé d'éviter d'entraîner leur pays dans un conflit majeur.
Contrairement au Hezbollah, dont la branche militaire opère en tant qu'acteur non étatique au Liban — bien que sa branche politique fasse partie du gouvernement —, les principales milices irakiennes sont membres d'une coalition de groupes qui font officiellement partie des forces de défense de l'État.
«La situation en Irak leur est favorable pour le moment, ils sont liés à l'État et en tirent des avantages politiques et économiques», a expliqué M. Mansour. «De plus, ils ont vu ce qui est arrivé à l'Iran et au Hezbollah et craignent qu'Israël ne s'en prenne également à eux.»
M. Badawi a déclaré que pour l'instant, les groupes armés font peut-être profil bas parce que «l'Iran souhaite probablement que ces groupes restent intacts et opérationnels».
«Mais si l'Iran subit des pertes irrémédiables ou si le Guide suprême (l'ayatollah Ali Khamenei) est assassiné, cela pourrait déclencher des réactions», a-t-il ajouté.

