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Aussi appelé «fausse productivité», le phénomène serait bien présent chez la génération Z.
Des personnes de tous âges adoptent une nouvelle tendance sur TikTok appelée le «masquage de tâches» - task masking en anglais -, qui semble avoir existé bien avant TikTok ou la naissance de la génération Z.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Le masquage de tâches, ou la «fausse productivité» comme certains l'appellent, désigne le fait que les employés de bureau trouvent des moyens de faire croire qu'ils sont extrêmement occupés à travailler sur quelque chose.
Parmi les exemples de masquage des tâches, citons le fait de taper furieusement et bruyamment sur l'ordinateur, de marcher rapidement avec son ordinateur portable sur le lieu de travail, de porter des écouteurs toute la journée ou de fixer intensément l'écran pendant des heures.
Beaucoup pensent que c'est la génération Z, celle née entre la fin des années 90 et le début des années 2010, qui en est à l'origine. Mais Gervase Bushe, professeur à la Beedie School of Business de l'université Simon Fraser, affirme que ce phénomène existe depuis plus de 40 ans.
Dans une interview accordée à CTVNews.ca mardi, M. Bushe souligne que des facteurs tels que la réduction de la main-d'œuvre, qui se traduit par une diminution du nombre de cadres et de la supervision, et l'entrée discrète de la technologie sur tous les marchés du travail ont conduit à ce phénomène.
«Je pense que lorsque l'on observe un masquage des tâches, on constate que la main-d'œuvre est désengagée, voire négativement engagée», a dit M. Bushe. «C'est comme s'ils s'en fichaient, et ce que l'organisation fait pour créer des employés qui s'en fichent, elle en récolte les fruits.»
M. Bushe ajoute que la culture d'entreprise est telle que les employés ne se soucient pas vraiment de la réussite de l'organisation.
«Ils ne se sentent pas concernés», a-t-il affirmé. «Ils se disent que cela ne vaut pas la peine de consacrer du temps et de l'énergie à essayer de créer une culture où les gens se sentent concernés.»
D'après une enquête menée par Workhuman sur le Global Human Workplace Index, 48 % des cadres ont mentionné que la dissimulation d'activités était un problème courant.
En y regardant de plus près, ils ont découvert que de nombreux dirigeants sont eux-mêmes à l'origine de ce phénomène, puisque 38 % des cadres supérieurs et 37 % de l'ensemble des managers admettent s'adonner à la fausse productivité.
À titre de comparaison, seuls 32 % des non-cadres admettent faire semblant d'être productifs.
«La fausse productivité pourrait être un symptôme d'une mauvaise culture, créant un cycle toxique de productivité performante et d'anxiété liée à la productivité», peut-on lire dans le rapport d'enquête.
Le rapport d'enquête indique que les deux principales raisons pour lesquelles les employés auraient ressenti le besoin de simuler une activité sont l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et le sentiment d'épuisement professionnel.
Toutefois, 48 % des participants à l'enquête ont dit être des travailleurs au-dessus de la moyenne et 69 % ont affirmé que cela n'avait pas eu d'incidence sur leur travail.
M. Bushe pense que la crise financière et la pandémie de COVID-19 ont eu un impact sur l'attitude des travailleurs, entraînant un sentiment de malaise.
«Les jeunes regardent le coût de la vie et constatent qu'ils ont du mal à payer leur loyer, sans parler de l'épargne nécessaire à l'achat d'une maison», explique-t-il. «L'idée que je peux travailler très dur, mais que cela ne changera rien, a un impact.»
L'enquête note que lorsque les employés ressentent le besoin de s'engager et d'être performants en permanence, cela peut se transformer en un cercle vicieux, en particulier lorsqu'ils ressentent le besoin de rendre compte de chaque seconde sous la forme d'un suivi du temps.
«Lorsque le suivi du temps n'est pas nécessaire, les travailleurs en ligne sont plus enclins à dire qu'ils n'ont pas fait semblant d'être productifs», indique le rapport d'enquête.
M. Bushe estime que le manque de relations humaines, dû à des concepts tels que le travail à distance, est en grande partie responsable de cette situation.
«La connexion humaine a été un élément extrêmement puissant», a-t-il avancé. «On peut se demander dans quelle mesure les gens ne sont pas passés par ce qui était un processus normal de socialisation, à savoir faire partie de quelque chose et avoir le sentiment d'appartenir à quelque chose quand on n'est pas en train d'interagir face à face avec d'autres personnes.»
Selon l'enquête, 54 % des personnes interrogées ont déclaré que leur stratégie d'adaptation consistait à faire le strict minimum pour passer la journée lorsqu'elles n'étaient pas occupées.
L'étude indique également qu'une culture de la sécurité psychologique, qui permet aux employés d'admettre qu'ils ont besoin d'une pause, est la clé pour favoriser un engagement et une productivité authentiques, au lieu de se contenter de masquer les tâches ou de faire semblant d'être productif.