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La violence conjugale semble s'être aggravée avec la pandémie et le confinement. On observe de plus en plus de situations dans l'actualité pour en témoigner, dont les féminicides.
C'est une occasion de plus pour l'homme (le plus souvent) de contrôler sa partenaire et de légitimer les restrictions de contacts avec la famille ou les amis. Le chez soi n'est donc plus un endroit sécuritaire selon Dre Geneviève Lessard du Centre de recherches appliquées et interdisciplinaires sur les violences intimes, familiales et structurelles (RAIV) de l'Université Laval et professeure à l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval.
«Ça se traduit dans ces couples où il y avait déjà un contrôle coercitif, ça donne de la "corde" de plus pour pouvoir donner des arguments ou des stratégies nouvelles. Le conjoint violent a toujours tendance à justifier et a toujours des bonnes raisons, selon lui, pour exercer de la violence. C'est comme si ça devenait un phénomène socialement accepté, ça renforce les dynamiques qui sont déjà présentes.»
Du même coup, ça limite aussi l'accès à l'aide. D'abord les proches ou encore les collègues au travail, mais aussi les diverses ressources. Rapidement, les intervenants ont su s'adapter et développer de nouveaux outils.
Avant la pandémie, les demandes étaient surtout faites par téléphone. Maintenant, pour que ce soit plus discret, c'est en ligne que les appels à l'aide sont plus souvent logés.
Le gouvernement aussi a su répondre aux besoins en offrant plus de soutien financier, notamment aux maisons d'hébergement et aux services d'urgence en contexte de violence conjugale.
Des récentes mesures pour prévenir les féminicides incluent l'instauration du port d'un bracelet de anti-rapprochement.
La majorité des statistiques compilées au Québec sur la violence conjugale découlent d'interventions des policiers. Sauf que 20% des violences conjugales sont dénoncées et lorsqu'il s'agit d'agression sexuelles, le taux serait encore plus faible. Ça ne tient pas compte de la violence psychologique ou du contrôle coercitif.
Une enquête est toutefois en cour sur la violence conjugale dans la province qui permettra de colliger des statistiques populationnelles et pourra ainsi tracer un portrait plus complet.
Par ailleurs, l'arrivée des tribunaux dédiés aux violences sexuelles va aussi aider à comprendre et limiter la violence structurelle.
«Le but est que le système de justice soit plus sensible à la réalité pour éviter une revictimisation. Les femmes vivent la violence à la maison puis la société leur impose de la revivre à travers le processus de dénonciation. C'est aussi de limiter la violence envers des tranches de la population plus marginalisées, comme les autochtones.» - Dre Geneviève Lessard
On risque peut-être de voir une hausse des cas de violence conjugale après pandémie. Nous devrons tous être plus vigilants et être davantage à l'écoute pour déceler les problématiques.
Une fois déconfinés et moins restreints, la personne qui exerce le contrôle pourrait perdre son pouvoir, ce qui augmentera le danger.
SOS violence conjugale au 1 800 363-9010 reste la meilleure porte d'entrée pour aider les victimes.
Des investissements dans la prévention sont essentiels pour parler de versions plus subtiles de la violence conjugale. Il s'agit d'une façon incontournable pour éviter d'arriver aux féminicides.
«La formation ou les cours à l'école, c'est la voie de l'avenir. Il faut que les garçons comme les filles apprennent ce que sont des rapports égalitaires. Ils sont à même de comprendre. Il faut leur expliquer dès le plus jeune âge, parce qu'il ne faut pas oublier que les enfants aussi sont exposés à la violence conjugale et qu'ils en souffrent énormément.» - Dre Geneviève Lessard
Certains outils adaptés ont d'ailleurs été développés pour rejoindre les jeunes.