Début du contenu principal.
Les commandes vont donc ralentir et il y aura «à court terme, une stagnation de la demande» aux États-Unis.
Le président et chef de la direction de l'Association de l'aluminium du Canada (AAC) croit que, si les droits de douane américains sur ce métal persistent, on assistera à une «destruction de la demande» aux États-Unis.
De petites entreprises américaines «vont être largement affectées» par les droits de douane de 25 % annoncés par le président Donald Trump et n’auront pas la liquidité nécessaire pour les payer, a expliqué le président de l'ACC, Jean Simard.
À voir aussi | La guerre commerciale en direct: le conflit franchit une nouvelle étape
Les commandes vont donc ralentir et il y aura «à court terme, une stagnation de la demande» aux États-Unis.
«À travers une stagnation, au cours des prochaines semaines, on va commencer à voir du métal s’empiler» sur les sites des usines canadiennes, en attendant que le marché se place.
Si les droits de douane persistent, on assistera ensuite, selon le chef de la direction de l'Association de l'aluminium du Canada, à une «destruction de la demande».
Ce terme est utilisé pour désigner une baisse soutenue de la demande d’un produit en raison de prix excessivement élevés.
Dans un tel contexte, certaines entreprises américaines n’auront d’autre choix que d’arrêter d’utiliser de l’aluminium.
«On commence déjà à le voir», a expliqué Jean Simard en soulignant «qu’on a entendu Coca-Cola il y a deux semaines, dire qu’elle laissait la canette pour la bouteille en plastique».
Mais il a précisé que d’autres clients américains ne seront pas en mesure, à moyen terme, de remplacer l’aluminium canadien, notamment certains constructeurs automobiles, parce qu’ils sont liés par des contrats.
Malgré ce scénario, les droits de douane américains de 25 % sur l’aluminium n’inquiètent pas le président de l’AAC.
«Le suspens est terminé» et «dans un dans un monde d'incertitudes, ça nous donne juste un petit peu plus de certitude quant à la situation dans laquelle on se retrouve».
Selon lui, les alumineries canadiennes réussiront à trouver de nouveaux clients sur les marchés européens.
L’Union européenne a par ailleurs annoncé, mercredi, des droits de douane de 25 % sur l’aluminium et l’acier américain.
«Si tout ça dure longtemps, graduellement, on va commencer à voir du métal aller plutôt vers l'Europe que les États-Unis, parce que le prix de revient net va être plus avantageux.»
Surtout que l’Europe, a indiqué Jean Simard, est un marché déficitaire, «où on consomme largement plus d’aluminium que l’on en produit».
Les Américains, de leur côté, pourraient devoir se tourner vers l'Inde ou encore le Moyen-Orient pour tenter de pallier leurs besoins en aluminium si les alumineries canadiennes, principalement situées au Québec, arrêtent d'exporter au sud de la frontière.
Est-ce que des usines du Québec pourraient décider de s'installer aux États-Unis, comme semble le souhaiter le président américain?
Le professeur au département de science économique de l'Université d'Ottawa Jean-Thomas Bernard est d'avis que «ça ne se produira pas», car les alumineries ne sont pas intéressées à s'installer à un endroit où le «coût de l'électricité est élevé».
C'est justement en raison des bas tarifs d'hydroélectricité que les grandes alumineries comme Alcoa et Rio Tinto se sont installées au Québec, a rappelé le professeur Bernard.
Mais, a ajouté Jean Simard, «il y a aussi le scénario très plausible que des gens d'affaires mettent de la pression (sur la Maison-Blanche), qu'il y ait une inflation, puis que, finalement, les Américains convainquent leur président d'arrêter, je pense que c'est ce qui est en train de se produire.»
Le Canada compte dix usines d’aluminium de première fusion; l’une est située à Kitimat, en Colombie-Britannique, et les neuf autres au Québec.
Environ 90 % de la production canadienne d'aluminium est destinée aux États-Unis.
En 2023, le pays a produit environ 3,3 millions de tonnes d’aluminium primaire.
Le Canada est le quatrième producteur mondial d’aluminium de première fusion derrière la Chine, l’Inde et la Russie.