Eugenie Bouchard a mis fin à sa carrière de joueuse de tennis professionnelle avec une défaite au stade IGA, dans son patelin, mercredi soir. Ça n’a pas empêché Valérie Tétreault, la directrice de l’Omnium de tennis Banque Nationale, de qualifier cette soirée de «pratiquement parfaite».
Une douzaine d’heures après le revers de Bouchard en trois manches en deuxième ronde du tournoi contre la Suissesse Belinda Bencic sur le court central, Tétreault est revenue sur le match de Bouchard, et les émotions, palpables, lors du discours qu’elle a prononcé lors de la cérémonie en son honneur après l'affrontement.
«Pour moi c'était une soirée pratiquement parfaite, dans le sens où j'espérais vraiment qu'elle (Bouchard) ait un tournoi qui soit à la hauteur de ce qu'elle mérite, et ç'a été ça», a affirmé Tétreault lors d’une entrevue à La Presse Canadienne, jeudi matin, avant la présentation des premiers matchs de la journée.
«Elle va chercher une victoire (en première ronde). Après ça, honnêtement, elle a livré toute une bataille à Belinda Bencic dans un match qui était incroyable, avec la foule qui était là. Je trouve qu'elle s'est super bien exprimée, aussi, sur le terrain. Elle a été bonne, parce qu'elle était émotive, et c'est normal. Elle avait toute sa famille qui était là, même sa grand-maman à qui elle a fait un clin d'œil au début de la vidéo.»
Lorsque Bouchard s’est présentée en conférence de presse vers 23h20, soit presque deux heures après le dernier point du duel, elle est apparue souriante, le cœur léger et en paix avec elle-même et sa décision.
Tétreault l’a également constaté entre la fin de son match et sa conférence de presse.
«Je la sentais sereine, a corroboré Tétreault. À la fin de la soirée, elle a remis (à Tennis Canada) ses vêtements de matchs, signés. Elle a ouvert du champagne, elle a signé les papiers officiels de la WTA comme quoi elle prenait sa retraite. Elle a eu son petit moment avec sa famille, son équipe. C'est le ‘fun’ que ce moment-là se soit passé chez elle, à la maison.»
Tétreault a notamment raconté que son organisation avait pris les moyens pour que la famille de Bouchard puisse vivre cette soirée d’une manière aussi agréable que possible.
«Je salue la contribution des gens, parce qu'on a essayé de rassembler le plus possible sa famille. Il y a des gens qui ont accepté de changer leur siège. On a fait des échanges pour essayer de rassembler son monde. Je pense que tout le monde a un peu eu son rôle à jouer, puis a contribué à essayer de créer le ‘perfect ending’, finalement.»
Comme en 2014
Tétreault a d’abord vu les premiers moments du match de Bouchard à la télé, du bureau des superviseurs de la WTA, où elle travaillait à l’horaire des matchs de jeudi. Puis, elle s’est rendue au bout du tunnel qui mène les joueuses vers le court pour voir la suite.
De cet endroit, debout, elle a vu une prestation de la part de la Montréalaise qui lui a fait vivre un retour en arrière, et qui lui a fait croire, aussi, que le très improbable pouvait bel et bien se produire. Surtout au moment où Bouchard menait 3-1, lors de la manche décisive.
«On avait vraiment l'impression que c'était la Eugenie de 2014, de la manière qu'elle jouait. Il y avait toutes sortes d'émotions. On y croyait avec elle, alors qu'elle avait le bris au troisième set. C'était difficile de ne pas se projeter et de se dire: ‘Bon Dieu, elle est capable de gagner ce match-là. Si elle gagne ce match-là, le prochain n'est peut-être pas inaccessible non plus’. Mais bref, j'étais surprise, honnêtement, et impressionnée, parce que je l'ai vue lundi soir après son (premier) match et physiquement, ç'avait été très très dur.»
«Après ça, une fois que le match s'est terminé, j'ai été touchée par ses réactions pendant la cérémonie, ce qu'elle a dit. Honnêtement, j'étais juste tellement soulagée, contente que ce soit ça, la fin pour elle. On voulait une belle fin», a-t-elle ajouté.
Ce dernier match a aussi permis à Tétreault de ressentir l’amour du public montréalais envers Bouchard, et vice-versa.
«Je pense que, pour Eugenie, ç'a souvent été difficile de jouer à Montréal, malheureusement, probablement parce que, déjà, elle se mettait une tonne de pression de vouloir performer chez elle devant son public», estime Tétreault.
«Je pense que, maintenant, elle a clairement une belle maturité, aussi, qui l'amène à avoir un autre regard sur sa relation avec les gens d'ici. J'ai l'impression que, justement, autant la foule lui a donné beaucoup, beaucoup d'amour, autant elle a été capable de recevoir cet amour-là et de lui en redonner aussi», a-t-elle résumé.

