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Une université chinoise renvoie une étudiante ayant eu des relations avec un étranger

Cet incident met en lumière de multiples problématiques en Chine.

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e64ce6a02df7f7924590e163add72b312cad12b7bae57d144a9e08630ca0348a.jpg Le drapeau de la Chine flotte dans un quartier résidentiel de Pékin le 16 juin 2025. (Photo AP/Andy Wong)

Une université chinoise a annoncé l'expulsion d'une étudiante pour «atteinte à la dignité nationale» après que cette dernière ait été accusée d'«interactions inappropriées» avec un étranger. L'histoire a suscité de vives discussions sur les réseaux sociaux chinois, qui se demandaient si l'université n'était pas allée trop loin.

Ces derniers jours, cette expulsion a suscité des milliers de commentaires sur des plateformes telles que Xiaohongshu et Douyin, la version chinoise de TikTok. Nombre d'entre eux remettent en question le droit de l'université à juger la vie privée d'une étudiante et de la considérer comme une question d'importance nationale.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, l'Université polytechnique de Dalian, dans le nord-est du pays, a déclaré que l'étudiante serait expulsée dans 60 jours, affirmant qu'elle avait enfreint le règlement de l'université interdisant «les interactions inappropriées avec des étrangers portant atteinte à la dignité nationale».

«Vos mauvaises conduites du 16 décembre 2024 ont eu un impact négatif considérable», indique le message de l'école, sans préciser en quoi consistaient ces «mauvaises conduites». L'université a divulgué son identité, mais l'AP ne le publie pas pour des raisons de confidentialité. Cet incident met en lumière de multiples problématiques en Chine.

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Les actions de l'université illustrent certains enjeux importants dans la société chinoise moderne, notamment les débats sur les préjugés sexistes et une montée en puissance du nationalisme.

Des internautes chinois ont associé l'étudiante accusée à des vidéos publiées par Danylo Teslenko, alias Zeus, un joueur professionnel ukrainien, le montrant en train d'avoir des relations intimes avec une jeune femme d'apparence asiatique dans une chambre d'hôtel. AP ne peut pas vérifier de manière indépendante si la femme dans la vidéo est bien l'étudiante.

Certains sur les réseaux sociaux jugent que la décision de l'université d'expulser l'étudiante relève de ce qu'ils appellent le «style taliban», selon lequel une nation ou un groupe particulier revendique la propriété du corps d'une femme. D'autres y ont vu de la misogynie, demandant si un Chinois serait considéré comme une «fierté nationale» s'il avait des relations sexuelles avec une étrangère.

The Paper, un journal d'État de Shanghai, a soutenu que la publication du nom complet de l'étudiante était non seulement inappropriée, mais qu'elle «risquait même d'enfreindre la loi sur la protection des données personnelles».

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M. Teslenko, le joueur, a confirmé dimanche avoir publié «quelques vidéos sur Telegram avec une fille rencontrée à Shanghai», mais les avoir supprimées après avoir «compris la gravité de la situation», selon sa publication sur X.

«Nos visages étaient visibles, mais il n'y avait aucun contenu explicite ni rien d'irrespectueux dans ces vidéos», pouvait-on lire dans la publication. «Je n'ai jamais dit que les Chinoises étaient faciles.»

Selon les médias, M. Teslenko et l'étudiante se seraient rencontrés lors de la finale du Perfect World Shanghai Major, une compétition de jeux vidéo organisée en décembre 2024.

Un courriel envoyé à l'Université polytechnique de Dalian est resté sans réponse dans l'immédiat.