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Une protéine dont le rôle a récemment été élucidé par un chercheur de l'Université Laval pourrait un jour permettre de minimiser les dommages causés au cerveau par un accident vasculaire cérébral (AVC).
Le professeur Ayman ElAli et ses collègues ont ainsi découvert que la protéine PDGF-D, qui est produite dans le cerveau après un AVC par des cellules qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins, est une sorte «d'appel à l'aide» lancé par ces vaisseaux.
D'autres cellules, les péricytes, réagissent à cet appel à l'aide en assurant le maintien de la structure et des fonctions des vaisseaux sanguins ainsi que la production de nouveaux vaisseaux sanguins. De cette manière, l’oxygène et les nutriments essentiels à la survie des neurones et à la réparation des tissus endommagés par l’AVC peuvent être acheminés dans le cerveau.
«Ça serait donc comme une réaction du cerveau qui agit pour contrer les dommages causés par l'AVC», a résumé le professeur ElAli, dont le laboratoire à l'Université Laval s'intéresse aux maladies cérébrovasculaires.
Le système vasculaire cérébral, poursuit-il, est «très étanche (et) très sélectif», et les cellules qui le forment décident de ce qui entre et de ce qui sort du cerveau. Mais lors d'un AVC, ce système est complètement déstabilisé, «et il y a comme un bris qui se crée».
Pour comprendre un peu mieux ce qui se passait, les chercheurs ont tout d'abord provoqué une sous-expression de la PDGF-D chez des souris utilisées comme modèle d’étude pour l’AVC. Ils ont constaté, dans les jours qui ont suivi l'AVC, que la diminution de la PDGF-D était associée à une plus forte mortalité des neurones, à une réduction de la densité des microvaisseaux et à une occlusion des nouveaux vaisseaux qui se formaient dans leur cerveau.
En revanche, s'ils administraient la protéine PDGF-D dans la cavité nasale des souris après un AVC, ils observaient une augmentation de la survie des neurones et un meilleur rétablissement neuronal. La densité des vaisseaux sanguins cérébraux augmentait aussi, ce qui conduisait à une amélioration du débit sanguin dans le cerveau.
Ils ont obtenu des résultats similaires lors d'expérience in vitro avec des péricytes humains.
«Des recherches récentes ont démontré que le cerveau réagit (à un AVC), il essaie de son mieux de rétablir le système, mais il n'y arrive pas parce qu'il est pas bien outillé, a expliqué le professeur ElAli. La stratégie de notre laboratoire, c'est de décoder ce que le cerveau voulait faire et de l'aider un petit peu. Et en donnant ce coup de pouce, ça permet de faire une grande grande différence dans la progression des dommages.»
La protéine PDGF-D est produite de manière «transitoire» après un AVC, a-t-il dit. Sa production commence dans les 24 heures qui suivent l'AVC, elle augmente pendant trois jours, puis elle commence à redescendre.
Les chercheurs font remarquer que la PDGF-D existe naturellement dans le corps et qu'on sait comment la synthétiser. On pourrait donc envisager qu'elle soit un jour administrée aux victimes d'un AVC pour limiter les dommages subis par le cerveau, d'autant plus que son administration par voie nasale serait extrêmement simple et rapide.
D'autres maladies sont aussi traitées en administrant des protéines qui viennent inhiber ou activer un mécanisme quelconque, a rappelé le professeur ElAli. La stratégie est donc déjà bien connue.
«Dans la nature, il n'y a rien qui arrive pour rien, a conclu le professeur ElAli. Donc si cette protéine augmente dans le cerveau, c'est certain qu'elle fait quelque chose, il fallait identifier ce qu'elle fait, et c'est ce que nous avons fait. C'est une découverte qui a un potentiel (de transition à l'humain) très, très avancé.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue Cellular and Molecular Life Sciences.