Inspirée d'un modèle européen, la première Maison Rose en Amérique du Nord a ouvert ses portes, jeudi, à Montréal. Il s'agit d'un lieu pour adoucir le quotidien des femmes atteintes d'un cancer du sein avant, pendant et après cette épreuve.
Le projet a été réalisé par la Fondation cancer du sein du Québec qui y a investi plus de 2 millions $ grâce à ses donateurs. C'est en visitant la Maison RoseUp à Paris, en France, que la PDG de la fondation, Karine-Iseult Ippersiel, a été inspirée en constatant le rôle important de cet endroit pour les femmes touchées par le cancer du sein.
La Maison Rose propose une multitude de services gratuits offerts par des professionnels, tels que de l'accompagnement psychologique, des services d'onco-esthétique, des ateliers de yoga adapté et des ateliers de discussion avec une travailleuse psychosociale et des groupes de soutien. L'objectif de cet espace est de transformer l’accompagnement des patients et de leurs proches.
«L'idée ici, c'est que tout est gratuit, souligne Mme Ippersiel lors d'une visite des locaux. Il n'y a aucun programme où les patientes paient et il n'y a pas de limite de temps. Si tu as eu un cancer du sein, tu peux faire du yoga adapté et il y aura le service de garde justement pour gérer le temps de ton cours de yoga pour qu'on puisse s'occuper des enfants, que tu aies ce moment qui t'appartienne pour te rétablir puis prendre le temps pour prendre soin de toi.»
L'actrice Anick Lemay, qui est la porte-parole de la Maison Rose, a dit qu'elle aurait aimé avoir un lieu comme celui-là lorsqu'elle a reçu son diagnostic. «D’avoir accès à un lieu, pignon sur rue, avec des services gratuits, de l’accompagnement, de l’écoute: ça va changer la vie des filles. Parce que honnêtement, ça coûte cher avoir le cancer. Tous ces professionnels habituellement, c’est [plus de] 100 $ la séance», indique-t-elle.
Elle fait aussi valoir que les patientes pourront faire de nouvelles amitiés. «D'en parler avec du monde qui vit la même chose que toi, ça change tout», affirme Mme Lemay.
Elle-même s'est fait de nouvelles amies à travers son épreuve et elles ne se quittent plus depuis sept ans, dit-elle. «On se dit ce qu'on ne peut pas dire à nos aidants, à nos amours parce que, soit ça leur ferait peur, soit ils seront dans un état de vulnérabilité parce qu'ils ne seront pas quoi dire», témoigne Mme Lemay.
Démystifier et éduquer
L'établissement propose également des conférences chaque mois sur des sujets spécifiques, par exemple sur l'immunothérapie ou la reconstruction mammaire.
Le volet éducatif est important pour Mme Ippersiel qui précise que chaque cancer du sein est différent. «Il n'y a pas deux cancers pareils et ce n'est pas l'oncologue qui a le temps de t'expliquer ta maladie. L'infirmière pivot est débordée, alors elle non plus n'a pas le temps. Donc nous, on est là pour vraiment démystifier, éduquer, puis donner ''l'empowerment'' aux femmes de faire des choix dans leur trajectoire de soins», met-elle de l'avant.
Les groupes de discussion offerts sont adaptés à la réalité des personnes. «Elles ont besoin d'être seules puis de parler entre elles de façon confidentielle ou informelle en haut [à la machine à café]», explique Mme Ippersiel. Il y a par exemple un groupe pour les jeunes patientes de 20 à 30 ans et pour celles atteintes d'un cancer du sein de stade 4 qui n'ont pas un pronostic de guérison favorable.
Le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme. Au Québec, on évalue qu'une femme sur huit en sera atteinte au cours de sa vie. Environ 16 % des cancers du sein sont diagnostiqués chez des femmes de 50 ans et moins, et en moyenne, quatre Québécoises en meurent chaque jour.
Au Québec, le Programme québécois de dépistage du cancer du sein invite les femmes âgées de 50 et 74 ans à passer une mammographie tous les deux ans.
Dès l'annonce de la maladie, les patientes et leurs proches pourront fréquenter la Maison Rose. Des programmes pilotes de soutien animés par des professionnels seront aussi implantés au sein de l'établissement dans le but de les déployer à plus grande échelle éventuellement.
La programmation complète de la Maison Rose est disponible sur le site web de la Fondation cancer du sein du Québec. Plus d'une centaine de personnes pourront être accueillies par les bénévoles chaque jour. Les femmes, les hommes et les personnes issues de la diversité de genre touchés par le cancer du sein sont les bienvenus. Il est aussi possible pour ces derniers de simplement se rencontrer entre eux pour luncher ensemble dans l'établissement.
La Maison Rose est située à proximité de plusieurs établissements de santé, au 1111 avenue Laurier Ouest, à Montréal. Il est aussi possible de louer des salles pour le grand public, une façon pour la fondation de faire fonctionner ce nouveau projet.

