Deux fédérations affiliées à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) portent plainte contre les restrictions budgétaires en éducation auprès du Protecteur du citoyen.
Dans leur plainte déposée lundi, la Fédération du personnel de soutien scolaire et la Fédération du personnel professionnel de l'éducation demandent au Protecteur du citoyen d'ouvrir une enquête sur les répercussions des restrictions budgétaires et du gel d'embauche sur les services aux élèves.
Elles lui demandent également d'intervenir publiquement auprès du ministère de l'Éducation et de formuler des recommandations pour garantir l'accès des élèves aux services dont ils ont besoin.
Québec a annoncé des restrictions budgétaires de 570 millions $ pour la rentrée scolaire. Mais le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire, Éric Pronovost, souligne que celles-ci s'ajoutent au gel d'embauche décrété depuis le 1er novembre dernier et aux compressions dans les projets d'infrastructures.
Il évoque plusieurs types de compressions: des heures réduites pour les techniciennes en éducation spécialisée, pour les préposés aux élèves handicapés, par exemple. D'autres scénarios ont été soulevés par d'autres intervenants du milieu de l'éducation, comme des employés en congé d'invalidité ou de maternité qui ne sont pas remplacés ou un resserrement des critères d'accès aux classes spécialisées ou bien des activités parascolaires réduites.
M. Pronovost rapporte avoir des membres qui partent en vacances d'été sans savoir ce qu'ils auront comme tâche à la rentrée, de combien d'heures de travail ils disposeront.
«C'est beaucoup d'incertitude qu'on vit présentement. Nos gens nous écrivent; nos gens trouvent ça déplorable. Des parents nous écrivent; beaucoup d'associations nous écrivent. Humainement, ces coupes-là... attendre à la fin du mois de juin pour faire ces coupes-là, c'est inacceptable, c'est épouvantable», s'exclame-t-il.
Le processus d'enquête et de publication d'un rapport demandé au Protecteur du citoyen pourrait prendre un certain temps. «On le sait que ça va être long. Mais on se devait, comme organisations, de déposer cette plainte-là, pour mettre une pression additionnelle, parce que rien ne bouge», a tonné Éric Pronovost.
Il ne s'en cache pas: il espère que la plainte des deux fédérations de la CSQ aura un effet dissuasif. «Nous, ce qu'on espère dans tout ça, c'est que le ministre (de l'Éducation, Bernard) Drainville va raisonner autrement et qu'il va reculer dans ses compressions budgétaires.»
Pourquoi porter plainte au Protecteur du citoyen plutôt qu'au Protecteur de l'élève, lui a-t-on demandé. L'un n'exclut pas l'autre, a-t-il répondu. «C'est une avenue qu'on étudie présentement.»
Pétition et Drainville
Par ailleurs, la pétition demandant de renoncer aux restrictions budgétaires en éducation, qui est parrainée par le député péquiste Pascal Bérubé, lancée le lundi 23 juin, avait recueilli plus de 120 000 signatures, ce lundi midi.
Le ministre Drainville a déjà demandé aux directions d'école de toucher le moins possible aux services directs aux élèves. Il avait nié qu'il s'agissait de compressions, précisant que le gouvernement allait ralentir le rythme de croissance du budget en éducation, qui augmentera de 5 % au lieu de 7 % lors des années précédentes.
«Depuis l'arrivée de la CAQ en 2018, le budget de l'Éducation a augmenté de 58 %. Des investissements records! À ceux qui crient aux coupures, regardez les chiffres. Jamais un gouvernement n'a investi autant, aussi vite, pour nos écoles», avait affirmé le ministre, jeudi dernier.
