La corrélation entre le surpoids chez les adultes et les lésions artérielles est bien documentée, mais de nouvelles données suggèrent que la graisse cachée dans l'abdomen et autour du foie peut obstruer les artères de personnes qui semblent en bonne santé.
C'est ce que révèle une nouvelle étude publiée vendredi dans la revue en ligne Communications Medicine. L'étude a été menée par des chercheurs de l'université McMaster à Hamilton, en Ontario, qui souhaitaient en savoir plus sur les effets de l'accumulation de deux types de graisse corporelle cachée.
«La graisse viscérale, un type de graisse stockée dans l'abdomen, et l'accumulation de graisse dans le foie sont connues pour augmenter le risque de diabète de type 2, d'hypertension artérielle et de maladies cardiaques. Cette étude vise à déterminer comment ces types de graisse affectent la santé des artères», ont expliqué les chercheurs dans l'étude.
«Nous avons étudié 6760 adultes canadiens afin d'examiner le lien entre la graisse viscérale et la graisse hépatique et l'accumulation de dépôts de plaque graisseuse dans les artères, ainsi que 26 547 adultes du Royaume-Uni afin de déterminer comment ces graisses affectent l'épaisseur des artères», ont-ils ajouté.
Les résultats combinés ont confirmé que le rétrécissement des artères et l'accumulation de plaque à l'intérieur de celles-ci sont «fortement liés» à la graisse viscérale cachée et, dans une moindre mesure, à la graisse hépatique, le type de graisse qui s'accumule autour du foie, selon l'étude.
Les résultats suggèrent que les personnes ayant ce que l'on appelle souvent un corps «maigre mais gras» - c'est-à-dire les personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) normal ou inférieur à la normale, mais une proportion de graisse corporelle supérieure à ce qui est considéré comme sain - sont plus exposées aux risques de lésions artérielles qu'on ne le pensait auparavant.
«Cette étude montre que même après avoir pris en compte les facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels tels que le cholestérol et la pression artérielle, la graisse viscérale et hépatique contribue toujours aux lésions artérielles», a indiqué Russell de Souza, coauteur principal de l'étude et professeur associé à l'Université McMaster, dans un communiqué de presse publié vendredi. «Ces résultats constituent un signal d'alarme pour les cliniciens et le grand public.»
Il a été constaté que l'obstruction et l'épaississement des artères carotides dans le cou étaient étroitement liés à l'accumulation de graisse viscérale et hépatique étudiée par les chercheurs.
«Ces artères alimentent le cerveau en sang, et leur rétrécissement est un facteur prédictif clé d'accident vasculaire cérébral et de crise cardiaque», peut-on lire dans le communiqué.
Les chercheurs affirment que ces résultats démontrent la nécessité de disposer de méthodes plus sophistiquées pour déterminer un poids corporel «sain» au-delà de l'IMC, qui ne tient pas compte des types de graisse cachée examinés dans l'étude.
«Les implications sont considérables», indique le communiqué. «Pour les cliniciens, cela souligne la nécessité d'aller au-delà de l'IMC et du tour de taille et d'envisager des évaluations par imagerie de la répartition des graisses. Pour les adultes d'âge moyen, cela rappelle que les graisses cachées, et pas seulement le poids visible, peuvent augmenter silencieusement le risque cardiovasculaire.»
