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Le conseil examine si les expéditions critiques doivent se poursuivre en cas de moyens de pression.
Les expéditeurs et les producteurs retiennent leur souffle en prévision d'une éventuelle grève de milliers de cheminots ce mois-ci qui mettrait un terme au trafic de marchandises, obstruerait les ports et perturberait les industries.
«Les chemins de fer sont deux bandes qui s'étendent d'est en ouest, et il n'y a pas beaucoup d'alternatives si vous coupez ces deux bandes», a déclaré John Corey, président de l'Association canadienne de gestion de fret, qui compte parmi ses membres des autorités portuaires, des fabricants et d'autres grands expéditeurs comme les détaillants Canadian Tire et Home Depot.
«Les ports deviennent inutiles. Rien ne bouge nulle part.»
Les chemins de fer canadiens transportent chaque année plus de 350 milliards $ en marchandises et plus de la moitié des exportations totales du pays, selon l'Association des chemins de fer du Canada.
L'inquiétude suscitée par une grève de quelque 9300 employés de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) a déjà coûté cher aux entreprises après que des clients ont cherché à réacheminer leurs marchandises au cours des derniers mois, à la suite de l'approbation d'un mandat de grève par les membres du syndicat en mai.
Le ministre du Travail en mai, Seamus O’Regan, dans le but apparent de retarder les perturbations, a demandé au Conseil canadien des relations industrielles d’examiner si un arrêt de travail mettrait en danger la santé et la sécurité des Canadiens.
Le conseil examine s'il y a des expéditions critiques – du chlore pour l'eau et de l'essence pour les villes, par exemple – qui doivent se poursuivre en cas de moyens de pression, mettant ainsi sur pause tout arrêt de travail potentiel jusqu'à ce qu'une décision soit rendue.
Quoi qu’il en soit, les observateurs affirment que la possibilité d’une grève restera probablement sur la table après que la décision – attendue vendredi – tombe, alors que les acteurs de secteurs allant de l’agriculture aux grandes surfaces s’inquiètent des retombées.
«En reportant le projet, tout ce qu'il a fait, c'est accroître l'incertitude», a déclaré M. Corey, faisant référence à la décision de l'ancien ministre du Travail. «Maintenant, personne ne sait ce qui va se passer, et l'incertitude est mauvaise pour les affaires.»
Le remplaçant de M. O'Regan au poste de ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, a rencontré lundi matin les dirigeants des deux principales entreprises de chemins de fer et de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada pour discuter des conséquences sur l'économie et la chaîne d'approvisionnement.
Lors d'un entretien téléphonique vendredi, M. MacKinnon a déclaré que les parties n'avaient pas réussi à traiter la question avec «suffisamment d'urgence», notant que les pourparlers n'avaient mené à rien au cours des dernières semaines.
Le ministre, qui a entamé ses fonctions il y a à peine deux semaines lorsque M. O'Regan a démissionné du cabinet, a suggéré que les deux parties devraient conclure elles-mêmes un accord plutôt que de compter sur l'intervention du gouvernement.
«L'approche qui, selon nous, fonctionne est celle où les parties parviennent à un accord à la table de négociation. Celle-ci offre les avantages les plus durables aux employeurs, aux employés et les résultats les plus satisfaisants. Et c'est notre plan dans ce cas-ci», a affirmé M. MacKinnon.
Toutes les parties affirment vouloir poursuivre les négociations, mais chacune accuse l’autre d’être responsable de la rupture de la communication. Le CN et le CPKC négocient séparément avec le syndicat en vue d'obtenir des conventions collectives distinctes, même si deux grèves pourraient avoir lieu simultanément.
«Nos membres sont de plus en plus frustrés et impatients à l'égard du CN et du CPKC. C'est aux deux sociétés de revenir avec des propositions raisonnables», a déclaré le porte-parole de Teamsters, Christopher Monette, dans un courriel.
Les enjeux pour les syndiqués sont la planification des équipages, la gestion de la fatigue et la sécurité, a-t-il fait savoir. Le syndicat a rejeté l'arbitrage exécutoire avec les deux entreprises.
Les compagnies ont abordé l’impasse différemment.
«Nous avons proposé trois options différentes au syndicat, qui a refusé de négocier et vient de nous présenter davantage de revendications», a affirmé le porte-parole du CN, Jonathan Abecassis, en entrevue téléphonique.
«Nous voulons une résolution de ce conflit. C'est à cela que nous espérons que tout cela mènera.»
La décision du gouvernement de confier l'affaire au Conseil canadien des relations industrielles n'a fait que «perpétuer l'incertitude», a-t-il ajouté.
Le CPKC a déclaré que l'automne, moment où des millions de tonnes de céréales et de produits de consommation arrivent sur le marché, marque une période de pointe de la demande de transport.