Des centaines de Palestiniens ont pris d'assaut mercredi un entrepôt alimentaire des Nations Unies dans la bande de Gaza, tentant désespérément de se procurer de quoi manger. Ils ont crié, se sont bousculés et ont même arraché des morceaux du bâtiment pour y pénétrer. Quatre personnes ont perdu la vie dans le chaos, selon les responsables d'un hôpital.
Deux personnes ont été mortellement écrasées par la foule, tandis que deux autres ont succombé à des blessures par balle, ont indiqué des responsables de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa.
De nombreux demandeurs d'aide ont été aperçus, portant de grands sacs de farine, se frayer un chemin à travers la foule qui se pressait pour entrer. Chaque sac de farine pèse environ 25 kilogrammes.
Un envoyé des Nations Unies a comparé l'aide limitée autorisée à entrer dans la bande de Gaza à `un canot de sauvetage après le naufrage'. Sigrid Kaag, coordinatrice spéciale par intérim des Nations Unies pour le Moyen-Orient, a déclaré au Conseil de sécurité que les personnes confrontées à la famine dans la bande de Gaza `ont perdu espoir'.
Ces décès sont survenus au lendemain de tirs contre une foule qui a submergé un nouveau site de distribution d'aide dans le territoire palestinien, mis en place par une fondation soutenue par Israël et les États-Unis. Au moins un Palestinien a été tué et 48 autres blessés, a annoncé mercredi le ministère de la Santé de Gaza.
L'hôpital de campagne de la Croix-Rouge a indiqué que des femmes et des enfants ont été blessés par balle.
Parallèlement, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé que son pays avait tué Mohammed Sinwar, haut dirigeant du Hamas. Il s'agissait du frère de Yahya Sinwar, l'un des cerveaux de l'attaque du 7 octobre 2023, tué par les forces israéliennes l'année dernière.
S'exprimant devant le Parlement, M. Nétanyahou a inclus l'homme sur la liste des dirigeants du Hamas tués par les forces israéliennes, confirmant apparemment sa mort lors d'une récente frappe aérienne à Gaza.
Israël affirme avoir détruit le dernier avion des Houthis
Par ailleurs, mercredi, Israël a mené des frappes aériennes sur l'aéroport international de Sanaa, la capitale du Yémen, détruisant le dernier avion de la compagnie aérienne phare du pays, Yemenia, selon l'aéroport.
Des images diffusées mercredi par l'aéroport montrent un avion de Yemenia fumant, coupé en deux, avec des débris encombrant la piste. Yemenia a indiqué que l'avion devait transporter des pèlerins musulmans vers l'Arabie saoudite. L'aéroport n'a pas précisé si des blessés avaient été signalés.
La compagnie aérienne a également annoncé la suspension temporaire des vols à destination et en provenance de l'aéroport.
Ces frappes font suite aux tirs de missiles sur Israël effectués ces derniers jours par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran, sans faire de victimes. L'armée israélienne a dit avoir détruit des avions utilisés par les rebelles. On ignore pour l'instant si des personnes ont été tuées ou blessées lors de ces frappes.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a affirmé que les frappes de mercredi avaient détruit le dernier avion utilisé par les Houthis.
En solidarité avec les Palestiniens, les Houthis ont ciblé Israël tout au long de la guerre à Gaza.
Le premier ministre Nétanyahou a déclaré qu'Israël continuerait de frapper tant que les Houthis continueraient de lancer des missiles vers le pays. `Qui ne comprend pas par la force, comprendra par plus de force', a-t-il averti.
De l'aide insuffisante
Mardi déjà, la foule de Palestiniens a franchi les clôtures entourant le site de distribution où des milliers de personnes s'étaient rassemblées. Un journaliste de l'Associated Press a entendu des tirs de char et d'armes israéliens et a vu un hélicoptère militaire tirer des fusées éclairantes.
On ignore si les forces israéliennes, des entreprises privées ou d'autres personnes ont ouvert le feu. La fondation a indiqué que ses entreprises militaires n'avaient pas tiré sur la foule, mais s'étaient repliées avant de reprendre leurs opérations humanitaires. Israël a assuré que ses troupes à proximité avaient tiré des coups de semonce.
Le centre de distribution situé à l'extérieur de Rafah, ville la plus au sud de la bande de Gaza, a été inauguré lundi par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), désignée par Israël pour prendre en charge les opérations d'aide.
Les Nations unies (ONU) et d'autres organisations humanitaires ont rejeté ce nouveau système, affirmant qu'il ne permettrait pas de répondre aux besoins des 2,3 millions d'habitants de l'enclave palestinienne et qu'il permettrait à Israël d'utiliser la nourriture pour contrôler la population. Les organisations ont également mis en garde contre le risque de frictions entre les troupes israéliennes et les personnes en quête de ravitaillement.
Les Palestiniens manquent cruellement de nourriture après près de trois mois de fermeture des frontières par Israël, qui ont poussé le territoire au bord de la famine.
Israël affirme avoir contribué à la mise en place du nouveau mécanisme d'aide pour empêcher le Hamas de détourner les approvisionnements, mais n'a fourni aucune preuve de détournement systématique, et les agences de l'ONU affirment disposer de mécanismes pour l'empêcher tout en acheminant l'aide dans toutes les régions du territoire.
GHF indique avoir établi quatre plateformes, dont deux sont opérationnelles à Rafah, dans le sud du territoire, aujourd'hui en grande partie inhabitée. Environ huit camions d'aide ont été distribués mercredi sans incident aux points de distribution. Près de 600 camions entraient chaque jour à Gaza lors du cessez-le-feu en début d'année.
Les sites du GHF sont surveillés par des sociétés de sécurité privées et sont dotés de clôtures grillagées qui canalisent les Palestiniens vers ce qui ressemble à des bases militaires entourées de larges bermes de sable. Les forces israéliennes sont stationnées à proximité, dans une zone militaire séparant Rafah du reste du territoire.
L'ONU et d'autres organisations humanitaires ont refusé de participer au système du GHF, affirmant qu'il viole les principes humanitaires. Elles affirment qu'il peut être utilisé par Israël pour déplacer de force la population en l'obligeant à se déplacer près des rares points de distribution, sous peine de famine, en violation du droit international.
Benyamin Nétanyahou a répété mardi qu'Israël prévoyait de déplacer toute la population de Gaza vers une `zone stérile' à l'extrémité sud du territoire, pendant que les troupes combattaient le Hamas ailleurs. M. Nétanyahou s'est également engagé à faciliter ce qu'il qualifie d'émigration volontaire d'une grande partie de la population de Gaza vers d'autres pays, un plan que les Palestiniens et d'autres considèrent comme une expulsion forcée.
