Une ex-ministre de François Legault éjectée du cabinet caquiste mercredi manifeste sa dissidence.
La députée de Rimouski, Maïté Blanchette Vézina, croit encore en la Coalition avenir Québec (CAQ) et veut même porter sa bannière de nouveau au scrutin de 2026, mais a exprimé des doutes sur son chef jeudi.
Elle était ministre des Ressources naturelles et des Forêts depuis 2022, mais elle a perdu son poste au profit de Jean-François Simard, sans que le gouvernement ne fournisse d'explication.
Elle avait écrit un message plutôt lénifiant sur le réseau X mercredi, jour du remaniement, pour faire état notamment de ses réalisations, mais jeudi, elle a laissé transparaître son insatisfaction.
«C'est certain que ma confiance envers le premier ministre et son équipe rapprochée est ébranlée en ce moment», a-t-elle affirmé au cours d'une mêlée de presse dans sa circonscription de Rimouski retransmise par RDI.
Elle a toutefois ajouté qu'elle voulait briguer les suffrages de nouveau en 2026 et pour la même formation politique.
«Je pense encore que la Coalition avenir Québec, c'est un très bon véhicule pour ramener les gens qui souhaitent travailler à l'avenir du Québec ensemble», a-t-elle argué.
Son bureau a refusé la demande d'entrevue de La Presse Canadienne.
Au gouvernement, on a laissé savoir que «les remaniements impliquent des choix déchirants», selon un message transmis par un porte-parole.
«C’est une expérience qui peut être éprouvante tant sur le plan professionnel qu’humain», peut-on lire.
«Le premier ministre a lui-même admis avoir trouvé la démarche très difficile. Les caucus sont faits pour se parler franchement et on aura toutes les discussions nécessaires pour travailler ensemble et livrer les résultats que les Québécois attendent.»
Mme Blanchette Vézina s'expliquait mal pourquoi elle avait été recalée, alors qu'elle assure avoir suivi les directives du bureau du premier ministre.
«Je pense avoir livré ce qu'on m'avait demandé avec les orientations qu'on m'avait données», a-t-elle poursuivi.
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Or, son mandat a été marqué par quelques tempêtes. Elle laisse donc entendre qu'elle avait accepté de défendre des projets controversés à la demande du gouvernement.
Au printemps dernier, c'est elle qui avait dû faire adopter un projet de loi sous bâillon afin d'agrandir un site d'enfouissement de déchets dangereux à Blainville, malgré l'opposition de la Ville et des autres formations politiques.
Également, son projet de loi 67, qui vise à réformer le régime forestier au Québec, a été critiqué de toutes parts.
Pas plus tard que la semaine dernière, lors de la séance du conseil des ministres, elle avait laissé entendre qu'elle attendait la collaboration des Premières Nations pour «co-écrire» des amendements et ainsi bonifier l'ébauche de texte législatif, dont l'étude devait se poursuivre cet automne.
On ne sait toujours pas clairement d'ailleurs si avec la prorogation de la session, le gouvernement poursuivra l'étude du projet de 67 ou le retirera.
Dans son message sur le réseau X, Mme Blanchette Vézina fait valoir qu'elle avait ainsi mis en place une «réflexion collective sur l’avenir de nos forêts», selon ses mots.
Elle semble accepter de perdre ses fonctions et assure qu'elle va poursuivre son mandat de députée jusqu'à la fin.
«Je l’ai souvent dit: chaque ministre est d’abord et avant tout député», a-t-elle rappelé.
«Je continuerai d’agir avec conviction et indépendance d’esprit pour représenter notre monde, défendre les régions du Québec et porter notre voix là où elle compte.»
Elle souligne aussi qu'elle a assumé ses fonctions lors des feux de forêt de l'été 2023 et qu'elle avait fait adopter une nouvelle loi sur les mines, «pour une meilleure acceptabilité des projets miniers».

