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L'entreprise montréalaise GHGSat, qui doublera presque sa quantité de satellites dans l'espace dans les prochains mois, a observé 5000 panaches de méthane de plus dans l'atmosphère en 2024 qu'en 2023.
Réduire les émissions de méthane maintenant «est l'une des actions les plus décisives que l'on peut faire pour limiter rapidement la hausse de température», a lancé le PDG et fondateur de GHGSat lors d’une conférence de presse jeudi après-midi.
Stéphane Germain a rappelé que les émissions de méthane «sont 80 fois plus puissantes que le dioxyde de carbone (CO2) sur une période de 20 ans».
L'entreprise basée sur le boulevard Saint-Laurent à Montréal se spécialise dans la détection des émissions de ce puissant gaz à effet de serre.
Les données de GHGSat sont notamment utilisées par des entreprises, des gouvernements et des organismes de réglementation ainsi que l'Observatoire international des émissions de méthane (IMEO), qui relève des Nations unies.
Entre la COP28 (décembre 2023) et la COP29 ( novembre 2024), «on aura identifié 20 000 émissions qui dépassent le seuil des “super-émissions” de 100 kilogrammes de méthane par heure», a expliqué le PDG de GHGSat.
«C'est l'équivalent des émissions annuelles de 113 millions de voitures à essence», a -t-il ajouté.
En comparaison, en 2023, GHGSat avait détecté 15 000 super-émissions dans 85 pays.
Durant les 12 derniers mois, l'entreprise a ajouté trois satellites à sa constellation, mais ces ajouts n'expliquent pas l'augmentation de panaches de méthanes qui sont détectés, selon Stéphane Germain.
C'est plutôt la «croissance économique» dans «des pays en voie de développement qui ont besoin d'énergie» qui expliquerait cette hausse.
«Malheureusement, l'énergie, encore aujourd'hui, est majoritairement produite par les combustibles fossiles», a-t-il ajouté lors de la conférence de presse.
C’est en Asie centrale que les satellites de GHGSat détectent les plus grands panaches de méthane.
«La moitié des émissions que l'on a détectées l'an dernier, 47 %, provenaient de l'industrie pétrolière et gazière et le tiers, 33 %, venaient des sites d'enfouissement, 16 % des émissions étaient produites par le secteur minier et 4 % provenaient de diverses sources », a expliqué M. Germain.
Au Canada toutefois, «si on regarde le total, les plus grandes émissions proviennent des sites d'enfouissement», a précisé Stéphane Germain.
En décembre 2022, un important panache de méthane avait d’ailleurs été localisé au-dessus d’un site d’enfouissement à Terrebonne par GHGSat.
À l’époque, le site de l’entreprise Complexe Enviro Connexions émettait une concentration de méthane estimée à 1185 kilogrammes par heure.
Les sites pétroliers et gaziers, principalement dans les provinces de l’Ouest, les mines de charbon, également dans l’Ouest, mais aussi dans les provinces de l’Atlantique, font également partie des principales sources.
GHGSat a présentement 12 satellites dans l’espace pour détecter les émissions de méthane et elle a annoncé jeudi qu'elle en enverra neuf autres en orbite autour de la Terre d’ici la fin de 2026.
Ces nouveaux satellites permettront de «revisiter les sites industriels pour détecter les émissions de méthane à un rythme quotidien dans le monde entier» et également «obtenir un niveau de détail sur les émissions de gaz à effet de serre qui était auparavant inimaginable», a expliqué M. Germain.
«L’industrie, les gouvernements et les services financiers ont soif de ces données, qui comblent une lacune critique dans les connaissances sur les émissions», a également déclaré le PDG et fondateur de GHGSat.
Il a ajouté que sans un nombre important de satellites qui orbitent autour de la planète pour détecter les émissions de méthane, nous risquons que d’effleurer l’ampleur réelle des émissions mondiales.
Depuis la COP26 sur le climat en 2021, 158 pays, dont le Canada, ont signé l’Engagement mondial sur le méthane (EMM).
Les signataires s’engagent à réduire, collectivement, de 30 % les émissions anthropiques de méthane par rapport aux niveaux de 2020, d’ici 2030.
«Il reste peu de temps avant d'atteindre ces cibles» et «comme les discussions à la COP29 cherchent à transformer les engagements climatiques en progrès tangibles», les données de GHGSat «seront fondamentales» pour comprendre l'ampleur du problème et mettre en place les «mesures d’atténuation», a fait valoir Stéphane Germain.
La conférence de Bakou de 2024 sur les changements climatiques, ou COP29, se déroulera du 11 au 22 novembre en Azerbaïdjan.
Selon le Plan de réduction des émissions pour 2030 du gouvernement du Canada, le méthane est responsable d’environ 30 % du réchauffement de la planète depuis l’ère préindustrielle.