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L’entreprise montréalaise GHGSat, qui a présentement six satellites dans l’espace pour détecter les émissions de méthane produites par les Terriens, aurait observé la plus grande fuite de méthane, jamais découverte.
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L’observation remonte au 14 janvier, et près de 90 tonnes de méthane (CH4) auraient été rejetées, chaque heure, par la mine Raspadskya , dans l’oblast de Kemerovo, en Russie, selon GHGSat.
Le méthane est environ 80 fois plus puissant comme gaz à effet de serre que le CO2 et selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), réduire les émissions mondiales de méthane est une étape cruciale dans la lutte contre le changement climatique.
Or, si le taux total de rejet de la mine russe était maintenu au cours d’une année, la mine aurait émis 764 000 tonnes de méthane, suffisamment pour alimenter 2,4 millions de foyers et serait l’équivalent des émissions de CO2 produit par cinq centrales électriques au charbon de taille moyenne, selon les estimations de GHSat.
L’entreprise a déclaré avoir mesuré d’autres émissions au-dessus de la mine lors d’observations les semaines suivantes, bien que celles-ci n’aient pas atteint l’ampleur de celle observée le 14 janvier.
GHGSat a déclaré que les émissions détectées à Raspadskaya pourraient avoir été libérées intentionnellement, par mesure de sécurité, car le méthane peut s’accumuler et s’enflammer avec des conséquences potentiellement mortelles.
En 2010, 66 personnes sont mortes lors d’explosion de méthane à la mine Raspadskya.
GHGSat a alerté l’exploitant de la mine Raspadskaya de ses découvertes, mais n’a reçu aucune réponse. L’opérateur de la mine n’a pas non plus répondu à une demande de commentaire de l’Associated Press.
Manfredi Caltagirone, qui dirige l’Observatoire international des émissions de méthane du Programme des Nations unies pour l’environnement, a déclaré à l’Associated Press qu’il n’était au courant d’aucun rejet plus important de méthane provenant d’une mine de charbon.
« Si cet événement est le résultat d’une accumulation de méthane qui a ensuite été libéré en une seule fois au lieu de plusieurs jours, l’impact environnemental serait le même que si un panache plus petit devait être libéré en permanence pendant plusieurs jours », a déclaré Manfredi Caltagirone.
« Mais du point de vue de la sécurité, c’est inquiétant », a-t-il précisé, citant les récentes explosions de mines en Pologne qui ont tué 13 personnes.
Les États et les grandes entreprises doivent se munir d’instruments de mesure précis pour atteindre leurs engagements de réduction des GES et GHGSat se concentre sur la mesure du méthane.
Récemment, l’Agence internationale de l’énergie a déclaré que de nombreux pays sous-déclaraient considérablement leurs émissions de méthane.
Les données recueillies par les satellites de l’entreprise dont le siège est sur le boulevard Saint-Laurent permettent, entre autres choses, de « débusquer les tricheurs » et s’assurer que les pays et les entreprises soient honnêtes et transparents concernant la quantité de méthane qu’ils émettent.
GHGSat partage notamment ses données avec l’Observatoire international des émissions de méthane (IMEO), un organisme qui relève de l’ONU.
En novembre dernier à la conférence de Glasgow sur le climat, une centaine de pays se sont engagés à réduire de façon radicale leurs émissions de méthane. C’est d’ailleurs à l’occasion de la COP26 que le gouvernement fédéral a annoncé une aide de 20 millions $ à GHGSat.
Avec des informations de l’Associated Press