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L’affaiblissement de l’économie et la suppression de la plupart des droits de douane de rétorsion ont convaincu la Banque du Canada qu’une baisse de son taux directeur était justifiée le mois dernier.
La Banque du Canada publie mercredi le résumé des délibérations qui ont précédé sa décision du 17 septembre de réduire son taux directeur d’un quart de point de pourcentage, à 2,5 %.
La banque centrale indique qu’elle envisageait de maintenir le taux inchangé, mais que trois facteurs poussaient en faveur d’une baisse: un affaiblissement de l’économie et un marché du travail en berne, les signes d’un possible relâchement de la pression sur l’inflation fondamentale et la levée de la plupart des droits de douane de rétorsion par le gouvernement fédéral.
«Après avoir examiné tous ces facteurs, le Conseil a jugé que l’équilibre des risques penchait désormais en faveur d’une baisse du taux directeur. L’économie était plus faible et, même s’il restait des signaux contradictoires, les pressions inflationnistes semblaient mieux maîtrisées», peut-on lire dans le résumé.
Le résumé mentionne que l’économie s’est contractée au deuxième trimestre, sous l’effet des droits de douane et de l’incertitude commerciale.
Le produit intérieur brut réel a reculé de 1,6 % en rythme annualisé au deuxième trimestre, selon les données de Statistique Canada, en raison d’une forte baisse des exportations et des investissements des entreprises.
«(Les entreprises) indiquaient avoir adopté une approche attentiste, compte tenu de l’imprévisibilité de la politique commerciale américaine», précise le résumé.
Lors de ses délibérations, la banque centrale a également analysé les derniers chiffres de l’inflation, publiés la veille de son annonce de taux.
Statistique Canada a indiqué que l’inflation annuelle avait atteint 1,9 % en août. Ce chiffre est en hausse par rapport à celui de 1,7 % de juillet, mais inférieur aux attentes des économistes, qui tablaient sur 2,0 % avant la publication.
L’accélération de l’inflation globale était proche des attentes et les indicateurs fondamentaux — étroitement surveillés, car ils excluent la volatilité — ne montraient aucun signe de hausse progressive.
«Le Conseil a convenu, d’après les plus récentes données sur l’inflation, que la dynamique à la hausse de l’inflation fondamentale observée plus tôt cette année s’était dissipée», indique le résumé.
Bien que les membres aient convenu que les risques de hausse de l’inflation avaient diminué, ils soulignent que ces risques n’avaient pas disparu.
«Les perturbations commerciales allaient entraîner de nouveaux coûts. Ce qui demeurait incertain, c’était l’ampleur de ces coûts, quand et où ils pourraient se matérialiser, de même que leurs répercussions possibles sur l’inflation.»
Le conseil de direction de la banque centrale note que la décision du gouvernement fédéral de supprimer la plupart des droits de douane de rétorsion en septembre sur les biens importés des États-Unis devrait réduire la pression à la hausse sur le prix de ces produits.
Alors qu’il était déjà évident que la Banque du Canada envisageait de maintenir ses taux le mois dernier, Benjamin Reitzes, directeur général et spécialiste en stratégie — taux canadiens et macroéconomie chez BMO, souligne dans une note à ses clients que le résumé expose certains des arguments en faveur du maintien des taux.
«Premièrement, la vigueur de la consommation au deuxième trimestre suggère que les consommateurs résistent mieux que prévu. Deuxièmement, l’incertitude commerciale entraîne des changements économiques structurels, rendant difficile l’évaluation de l’ampleur de l’écart de production. Enfin, les baisses de taux passées continuent de produire leurs effets sur l’économie», écrit-il.
M. Reitzes ajoute que la banque centrale souligne que l’économie s’adapte à des changements structurels auxquels la politique monétaire n’est «pas bien adaptée» pour y remédier.
Il observe que rien dans le résumé ne vient modifier de manière significative les attentes concernant la prochaine annonce des taux en octobre.
«La possibilité d’une nouvelle baisse en octobre dépendra des rapports sur l’emploi et l’indice des prix à la consommation qui seront publiés au cours des prochaines semaines», conclut M. Reitzes.
Les délibérations concluent également qu’en raison de la «relative stabilité» observée depuis juillet concernant la situation tarifaire entre les États-Unis et le Canada, la banque devrait présenter des projections de référence pour la croissance et l’inflation en octobre.
Cela marquerait un changement par rapport aux deux précédents rapports sur la politique monétaire de cette année, qui proposaient plusieurs scénarios plutôt que des prévisions économiques.
— Avec des informations de Craig Lord à Ottawa.