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La Ville de Montréal devrait interdire l’installation de nouveaux appareils fixes intérieurs, incluant les cuisinières à gaz, qui utilisent des combustibles fossiles «dans les plus brefs délais».
La Ville de Montréal devrait interdire l’installation de nouveaux appareils fixes intérieurs, incluant les cuisinières à gaz, qui utilisent des combustibles fossiles «dans les plus brefs délais» et retirer graduellement les systèmes de chauffage qui fonctionnent au moyen de combustible fossile dans les bâtiments existants.
Ces recommandations font partie d'une série de consignes qui ont été publiées jeudi par la Commission du conseil municipal sur l'eau, l'environnement, le développement durable et les grands parcs.
Celle-ci, formée de maires d'arrondissements et de conseillers municipaux, a été mandatée par la Ville, en octobre 2022, pour organiser une consultation publique et formuler des recommandations afin de rendre `tous les bâtiments montréalais zéro émission avant 2040', une promesse faite par la mairesse Valérie Plante au Sommet Climat Montréal l'été dernier.
Les bâtiments sont responsables de près de 30 % des émissions de GES à Montréal, selon l'administration Plante.
La commission demande le retrait «graduel des systèmes de chauffage fonctionnant au moyen d'un combustible fossile dans les bâtiments existants en fonction de leur durée de vie utile et de leur impact environnemental, pour décarboner au maximum la consommation énergétique».
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Le rapport des commissaires, publié jeudi après-midi, indique également qu'il faut «proscrire dans les plus brefs délais l'installation de nouveaux appareils fixes intérieurs, incluant les cuisinières à gaz, utilisant des combustibles fossiles dans les bâtiments visés par la feuille de route, et promouvoir le remplacement de ceux existants par des appareils zéro émission à haute performance énergétique conformément aux plus hauts standards de l'heure».
Il est aussi recommandé de «coupler la décarbonation du parc immobilier montréalais à des mesures de sobriété et d'efficacité énergétique», en mettant en place des «cibles élevées de réduction de la consommation énergétique», mais également en favorisant l'installation de thermopompes.
Les commissaires soulignent que les bâtiments commerciaux et institutionnels émettent 57 % des gaz à effet de serre du parc immobilier alors qu'ils ne représentent que 4,1 % des bâtiments.
Le rapport qui contient 25 recommandations sera déposé par les commissaires à la session du conseil municipal du mois de mars. L'administration de Valérie Plante sera ensuite appelée à se prononcer sur ses conclusions.
Dans une déclaration transmise à La Presse Canadienne, Marie-Andrée Mauger, la conseillère responsable de l'environnement au comité exécutif de Valérie Plante, a indiqué qu'avec «l'ampleur de la crise climatique, ce n'est plus l'heure des demi-mesures».
«Nous allons prendre le temps d'analyser l'ensemble des recommandations et nous y donnerons suite dans les prochains mois», a-t-elle ajouté.
Elle a qualifié la consultation publique qui a mené aux recommandations de «véritable succès», en précisant qu'une «cinquantaine d'organismes, d'entreprises et de citoyens ont participé à la réflexion, ceci démontre à quel point c'est un dossier important pour la population montréalais».
La commission d'élus montréalais recommande également à la Ville de demander `aux gouvernements du Québec et du Canada de s'engager concrètement dans l'action climatique et consentir les financements nécessaires' pour sortir de la dépendance des combustibles fossiles dans les bâtiments résidentiels.
Afin d'atteindre les cibles de carboneutralité d'ici 2050, les commissaires demandent aussi de `réclamer au gouvernement provincial que les ressources en hydroélectricité soient dirigées en priorité vers la transition énergétique'.
«Les recommandations des élus de Montréal confirment le leadership de la Ville et mettent en lumière le fait que le gouvernement du Québec dort au gaz alors qu'il devrait réglementer pour sortir les énergies fossiles des bâtiments, a indiqué Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada. Montréal doit aller de l'avant sans tarder et interdire le gaz dans les nouveaux bâtiments en plus d'interdire le remplacement d'appareils existants au plus tard en 2025 tel que recommandé par l'Agence internationale de l'énergie.»
Greenpeace fait partie d'un groupe de sept organisations qui ont présenté un mémoire aux commissaires pour réclamer la sortie du «gaz des bâtiments montréalais».
«Les recommandations formulées par les élus vont dans la bonne direction et permettront à la Ville de Montréal, si elles sont retenues, de montrer l'exemple d'un leadership climatique ambitieux», a indiqué Sabaa Khan, de la Fondation David Suzuki.
L'Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME) a qualifié de «bonne nouvelle» le rapport des commissaires.
«La santé de tout le monde, des enfants et des personnes atteintes de problèmes respiratoires en premier lieu, sortira grandie de cette avancée», a souligné Patricia Clermont, coordonnatrice de l'AQME, dans un communiqué.
Une étude parue récemment dans l'International Journal of Environmental Research and Public Health affirmait que les cuisinières au gaz sont responsables d'environ un huitième des cas d'asthme chez les enfants américains.
Les auteurs de l'étude comparent même cette pollution à celle générée par les voitures et l'industrie lourde, ou encore le tabagisme.