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«Le SPVM doit se démarquer de la pensée unique et accorder plus d'importance à la pensée divergente.»
Un vétéran de la police de Montréal affirme que le racisme est un «cancer qui ronge l'organisation» dans une lettre de démission cinglante.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News
Patrice Vilcéus, Québécois d'origine haïtienne, a travaillé au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pendant plus de 30 ans et a gravi les échelons jusqu'à devenir commandant de l'escouade antigang.
«Tout au long de ma carrière, je me suis assuré de ne pas être un simple observateur du racisme, du profilage racial et des défis sociaux. Mon objectif a été de briser les tabous et d'introduire des approches plus nuancées, afin de prendre en compte tous les aspects et d'aider l'organisation à se développer», écrit-il dans une lettre de quatre pages obtenue par CTV News.
«La recherche scientifique commandée par le SPVM est un exemple flagrant du cancer qui ronge l'organisme et le jugement de la Cour supérieure présidée par l'honorable juge Dominique Poulin en est l'apothéose.»
Sa lettre fait référence au récent jugement de la Cour supérieure du Québec déclarant qu'il existe une forme systémique de profilage racial au sein du SPVM. Cette décision historique a également accordé 5000 $ en dommages punitifs à toute personne arrêtée dans la rue en raison de son origine ethnique.
«Le SPVM doit se démarquer de la pensée unique et accorder plus d'importance à la pensée divergente, génératrice de créativité et d'options multiples», ajoute M. Vilcéus. En d'autres mots, il est primordial de vaincre la résistance de certains gestionnaires qui défendent le statu quo.
Dans sa lettre de démission, il a affirmé que les organisations sont plus fortes si elles embrassent les différences et accueillent la diversité.
«Une organisation forte ne cherche pas à faire taire certains membres, mais protège tout le monde contre le risque d'être ostracisé», a-t-il écrit.
Il a terminé sa lettre en remerciant ses pairs, notamment le chef de la police, Fady Dagher, et son conseiller, Cyrille Sardais. «J'espère qu'avec votre vision, vous pourrez apporter des changements positifs. À vous tous, je salue votre précieuse collaboration et encore une fois, MERCI», mentionne-t-on dans le document.
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Le SPVM n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de CTV News mardi soir.
Ce n'est pas la première fois que le haut gradé critique ouvertement le service de police de Montréal. En juin 2020, quelques semaines après le meurtre par la police de George Floyd à Minneapolis et les manifestations Black Lives Matter qui ont suivi, il a envoyé une note interne à plus de 100 membres supérieurs du SPVM reconnaissant que le racisme et le profilage racial existent dans la force policière.
«Notre organisation doit intensifier sa lutte contre le racisme qui existe encore à l'intérieur de nos murs et lors de certaines de nos interventions», peut-on lire dans la note de service.
La note fait également suite à un rapport publié quelques mois plus tôt, selon lequel les Noirs et les Autochtones étaient quatre fois plus susceptibles de faire l'objet de contrôles dans la rue que les Blancs à Montréal. Les personnes d'origine arabe étaient également deux fois plus susceptibles d'être contrôlées.
M. Vilcéus est originaire des Gonaïves, en Haïti, et est arrivé au Québec à l'âge de quatre ans, selon un profil figurant sur le site web de la ville de Montréal. Il a été engagé par la police de Montréal en 1994 et, pendant plus de 30 ans, il a occupé divers postes, notamment en tant qu'agent d'infiltration et sergent-détective, où il a supervisé d'importantes enquêtes liées au crime organisé. Il a également été commandant de la brigade antigang, Éclipse, pendant deux ans.
Le profil indique qu'il a encouragé le recrutement de policiers issus de minorités visibles et qu'il a été le fer de lance de la première célébration du Mois de l'histoire des Noirs par les forces de police en 2004.
Dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre de 2010 en Haïti, M. Vilcéus est retourné dans son pays d'origine pour participer à l'opération Kout Men et aider la police locale.
En 2017, il a été suspendu après que sa voiture a été cambriolée deux ans plus tôt alors qu'il participait à une fête de Noël au travail. Le voleur a dérobé un sac contenant une clé USB sur laquelle figuraient les coordonnées d'informateurs de la police liés aux Hells Angels.