Alors que le débat politique sur l'immigration s'intensifie, un groupe qui œuvre pour soutenir les nouveaux arrivants affirme que les immigrants ont besoin d'un sentiment d'appartenance et d'optimisme pour les convaincre de rester.
L'Institut pour la citoyenneté canadienne a publié mardi un sondage mené auprès d'environ 5000 immigrants, portant sur la manière dont le Canada peut retenir les nouveaux arrivants.
Le sondage révèle également qu'un sentiment de sécurité, la confiance dans les institutions et une économie forte peuvent influencer la décision d'un immigrant de rester.
Le chef de la direction de l'Institut, Daniel Bernhard, a déclaré que le Canada doit trouver des moyens d'encourager les immigrants à rester, alors que l'émigration augmente, que le taux de natalité baisse et que le gouvernement prévoit de réduire l'immigration.
«Au Canada, le discours actuel suggère que les immigrants ne font que consommer. Ils consomment des biens. Ils consomment des logements, des soins de santé et de l'espace sur la route lorsqu'ils se rendent à l'hôpital», a-t-il relevé.
«Il s'agit, à mon avis, d'une vision erronée qui omet les contributions très importantes des immigrants. Et il sera essentiel de retenir ces talents pour le Canada.»
Une étude réalisée par l'Institut en novembre 2024 a révélé qu'un immigrant sur cinq quitte le Canada à long terme.
Le débat politique sur l'immigration s'intensifie. Le gouvernement libéral a pris des mesures il y a plus d'un an pour réduire le nombre de visas temporaires délivrés aux travailleurs et aux étudiants. Le chef conservateur, Pierre Poilievre, et le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, réclament tous deux la fin du Programme des travailleurs étrangers temporaires en raison du chômage élevé chez les jeunes.
Lors d'une conférence de presse consacrée au logement à Brampton, en Ontario, mardi, M. Poilievre a déclaré que les libéraux avaient fait venir «trop de gens trop vite» et que, par conséquent, «nos jeunes ne peuvent trouver ni emploi ni logement».
«Les immigrants ne sont pas responsables de ce gâchis. Ils ont simplement suivi les règles établies par les libéraux, ou plutôt l'absence de règles», a affirmé le chef conservateur.
L'enquête de l'Institut a révélé que 76 % des immigrants estiment que le logement au Canada est inabordable.
L'opinion publique sur l'immigration semble évoluer. De récents sondages, y compris les propres recherches du gouvernement, suggèrent que davantage de Canadiens estiment désormais que trop de personnes arrivent au pays.
M. Bernhard affirme que même ceux qui s'opposent à une augmentation de l'immigration devraient soutenir la rétention des immigrants afin d'éviter leur remplacement sur le marché du travail.
«Si vous souhaitez réduire l'immigration pour améliorer les délais d'attente en soins de santé, soyez prudent quant à vos souhaits. Vous pouvez retirer 10 % des patients des salles d'attente des hôpitaux, mais vous retirerez 20 ou 30 % des postes du personnel hospitalier en réduisant l'immigration», a-t-il fait valoir.
Le gouvernement fédéral procède à son examen annuel afin de déterminer le nombre d'immigrants, permanents et temporaires, qu'il accueillera au cours des trois prochaines années. Il devrait mettre à jour le plan des niveaux d'immigration plus tard cet automne.
De l'avis du directeur de l'Institut pour la citoyenneté canadienne, il est temps que le débat sur l'immigration cesse de se limiter à un débat sur «un nombre important» et commence à s'attaquer aux lacunes du marché du travail.
«L'immigration, à mon avis, doit éventuellement s'inscrire dans un ensemble plus large d'outils permettant d'atteindre des objectifs politiques majeurs qui profitent à l'ensemble du Canada», a-t-il exposé.
«L'approche axée sur le nombre, qui consiste à fixer un objectif ambitieux et à déterminer ensuite qui le remplira, ne me semble plus aussi bénéfique pour le Canada.»
Le gouvernement a annoncé son intention de réduire le nombre de résidents temporaires à 5 % de la population totale et de réduire l'admission annuelle de résidents permanents de 395 000 cette année à 365 000 d'ici 2027.
De son côté, Pierre Poilievre a déclaré qu'une approche conservatrice en matière d'immigration consisterait à faire venir «le bon nombre de personnes compétentes pour occuper les postes» dans le cadre de normes de sécurité «plus strictes».
