Un nouveau sondage indique qu'une écrasante majorité de Canadiens sont favorables à la réglementation de l'intelligence artificielle (IA). Et près de la moitié craignent qu'elle ne contribue au déclin cognitif.
Le sondage Léger révèle que 85 % des répondants estiment que les gouvernements devraient réglementer les outils d'IA afin d'en garantir une utilisation éthique et sécuritaire.
Plus de la moitié des participants, soit 57 %, se disent tout à fait d'accord avec cette affirmation.
«Il est très clair que les Canadiens souhaitent l'implication du gouvernement», a déclaré Jennifer McLeod Macey, vice-présidente principale de Léger.
Le sondage, mené auprès de 1518 personnes entre le 22 et le 25 août, a été réalisé en ligne et aucune marge d'erreur ne peut lui être attribuée.
Le ministre fédéral de l'Intelligence artificielle, Evan Solomon, a déclaré qu'il accorderait moins d'importance à la réglementation de l'IA, dans un contexte de changement mondial où les gouvernements se concentrent sur l'adoption de l'IA et délaissent la sécurité et la gouvernance.
Le gouvernement Trudeau avait présenté un projet de loi sur la réglementation de l'IA ciblant les systèmes à fort impact, mais le projet de loi C-27 n'a pas été adopté avant le déclenchement des élections, et on ne sait pas encore s'il sera présenté à nouveau ni sous quelle forme.
Le sondage révèle également que, malgré de fortes inquiétudes quant aux dangers potentiels de l'IA, notamment les menaces pour les emplois humains, son utilisation a augmenté de 10 % depuis mars, 57 % des répondants déclarant avoir utilisé un outil d'IA. Ce dernier chiffre est en nette hausse par rapport aux 30 % de février 2024.
En réalité, ces pourcentages pourraient être encore plus élevés. Mme McLeod Macey a fait remarquer que certaines personnes pourraient utiliser des outils d'IA sans se rendre compte qu'il s'agit d'IA, comme leur thermostat ou un assistant virtuel comme Alexa d'Amazon ou Siri d'Apple.
Plus des trois quarts des répondants, soit 78 %, ont déclaré que les outils d'IA menaçaient l'emploi humain, et près de la moitié, soit 46 %, ont dit craindre que l'utilisation de l'IA dans leur vie quotidienne ne les rende «intellectuellement paresseux» ou ne diminue leurs capacités cognitives.
Une large majorité (83 %) a confié avoir des préoccupations en matière de confidentialité et craindre que la société ne devienne trop dépendante des outils d'IA.
Si 62 % des répondants ont convenu que le contenu fourni par les outils d'IA est utile, 66 % ont déclaré que «la perspective de les avoir dans nos vies est effrayante».
Les répondants étaient également satisfaits des outils d'IA qu'ils utilisaient, 75 % les jugeant excellents ou bons. Les dialogueurs, tels que ChatGPT, étaient les plus utilisés, 73 % des répondants déclarant les avoir essayés. Un peu plus de la moitié (53 %) ont déclaré avoir testé des moteurs de recherche dotés d'intelligence artificielle.
Le sondage suggère aussi que les Canadiens sont divisés quant à l'effet global des outils d'IA: environ un tiers (34 %) les jugent bons pour la société, 36 % les jugent mauvais et 31 % déclarent ne pas savoir ou refuser de répondre.
Le Conseil de recherche et d'intelligence marketing canadien, un organisme professionnel du secteur des sondages, affirme qu'il est impossible d'attribuer une marge d'erreur aux sondages en ligne, car ils ne procèdent pas à un échantillonnage aléatoire de la population.

