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Un réseau de passage de clandestins récemment démantelé par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) serait lié à la mort de huit migrants qui se sont noyés dans le fleuve Saint-Laurent alors qu'ils tentaient de traverser illégalement la frontière vers les États-Unis, l'année dernière.
Les membres de deux familles, quatre personnes originaires d'Inde et quatre d'origine roumaine, sont décédés en mars 2023 alors qu'ils tentaient de traverser la frontière à Akwesasne, un territoire des Premières Nations à cheval sur le Québec, l'Ontario et l'État de New York. Leurs corps ont été sortis de l'eau les 30 et 31 mars.
Le 6 juin, la police a annoncé avoir arrêté quatre personnes, dont le meneur présumé d'un groupe de passeurs, et lancé des mandats d'arrêt contre quatre autres. Ils faisaient tous partie d'un «réseau de passage de clandestins à grande échelle qui acheminait des migrants illégaux» vers les États-Unis, a affirmé la GRC.
«La GRC a porté des accusations contre toutes les personnes contre lesquelles elle allait porter des accusations, ce groupe n'est donc plus opérationnel», a-t-elle déclaré.
Mais la police n'a pas précisé si le réseau était responsable du trafic de la famille roumaine, qui se trouvait apparemment sur le même bateau.
Les quatre Indiens décédés étaient membres de la famille Chaudhari de l’État du Gujarat, dans l’ouest de l’Inde. Parmi eux figuraient Praveenbhai Chaudhari, 50 ans, sa femme Dakshaben, 45 ans, leur fils Meet, 20 ans, et leur fille Vidhi, 23 ans.
La famille roumaine a été identifiée comme étant Florin Iordache, 28 ans ; son épouse, Cristina (Monalisa) Zenaida Iordache, 28 ans ; leur fille Evelin, deux ans, et leur fils Elyen, un an. Les deux enfants étaient citoyens canadiens.
Casey Oakes, un résident d'Akwesasne, dont le nom est apparu dans le cadre de l'affaire dès les premiers jours, a été vu pour la dernière fois la nuit précédant la découverte des premières victimes aux commandes d'un bateau trouvé près de leurs corps. Son corps a été retrouvé dans l'après-midi du 3 juillet près de l'île de Ross, un peu plus de trois mois après la découverte des migrants.
Les autorités affirment que la géographie d'Akwesasne en fait un endroit populaire pour les passeurs de clandestins et de contrebande.
La GRC a porté la plupart des accusations contre le meneur présumé, Thesingarasan Rasiah, 51 ans, de Montréal, qui fait maintenant face à un total de 36 chefs d'accusation.
Selon un document d'information fourni par la GRC, M. Rasiah était déjà en détention pour «non-respect des conditions de mise en liberté sous caution dans le cadre d'une enquête sans rapport sur le passage de clandestins» lorsque la GRC a lancé un mandat d'arrestation contre lui en juin 2023.
«L'enquête en cours a révélé qu'environ 1,4 million $ auraient transité par des comptes liés à M. Rasiah sur une période d'un an», peut-on lire.
Un autre Montréalais, Joel Portillo, 38 ans, a été arrêté le 14 mai pour 25 chefs d'accusation.
Les chefs d'accusation pour les deux hommes comprennent le complot en vue d'organiser, d'aider et d'encourager des personnes venant au Canada et aux États-Unis, le complot en vue de transférer ou de traiter des biens ou des produits dans l'intention de les dissimuler et la possession de biens, de produits ou d'objets obtenus grâce à une infraction.
Mais quatre personnes recherchées pour leur implication dans le groupe sont toujours en fuite.
La police a lancé un mandat d'arrêt contre Justin Rourke, 43 ans, de Saint-Régis, au Québec, mais il est actuellement détenu aux États-Unis pour des accusations sans rapport.
Les autorités sont toujours à la recherche de l'organisatrice présumée Shawna Etienne, 47 ans, de Kanesatake, ainsi que des transporteurs secondaires présumés, Cheyenne Lewis, 51 ans, d'Akwesasne, et Tionna David, 21 ans, de Saint-Régis.
Deux autres personnes, Mary June Benedict, d'Akwesasne, 48 ans, et Michael McCormick, 47 ans, résident de Cornwall, se sont rendus en mai dernier et attendent de comparaître devant le tribunal.
«Bien que les organisateurs présumés vivent principalement au Canada, les migrants clandestins venaient principalement d'Inde, de Roumanie et du Sri Lanka», indique le document, ajoutant que les migrants ont été facturés jusqu'à 6000 $ US chacun pour traverser la frontière et jusqu'à 35 000 $ US chacun pour obtenir des documents de voyage.
La caporale Dignard espère que ces arrestations auront un effet dissuasif et encourageront le public à alerter la police des activités de contrebande, mais estime qu’il serait naïf de penser que d’autres n’essaieront pas de faire traverser la frontière à des personnes.
L’Agence des services frontaliers du Canada a refusé la demande d’entrevue de La Presse Canadienne.
Ni le service de police mohawk d'Akwesasne ni le ministère américain de la Sécurité intérieure n'ont répondu aux demandes de commentaires.