Environnement

Un rapport onusien recommande l'interdiction des sables bitumineux

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8fc95a2065b7e24fefeb796d4fadb90fcd2b440893fcacf04aa1ee3c250f6237.jpg Un site de traitement des sables bitumineux de la compagnie Suncor situé à Fort McMurray, en Alberta. Photo prise le 13 juin 2017. LA PRESSE CANADIENNE/Jason Franson (Jason Franson | La Presse canadienne)

Au nom du droit à la vie et à un environnement sain, l’exploitation des sables bitumineux, l'expansion des infrastructures liées aux combustibles fossiles ainsi que tous nouveaux projets d’exploration et d’exploitation devraient être interdits, selon un rapport onusien publié lundi.

Elisa Morgera, rapporteure spéciale de l’ONU sur le changement climatique et les droits de l’homme, rappelle, dans un rapport intitulé «The imperative of defossilizing our economies», que la fin de la dépendance de l’ensemble de nos économies aux combustibles fossiles est «urgente du point de vue des droits de l’homme».

Recommandations aux États

Les différents pays devraient «interdire immédiatement la fracturation hydraulique, l’exploitation des sables bitumineux et le torchage du gaz», mais aussi l’exploration et l’exploitation en mer ainsi que l’exploration ou l’exploitation dans des zones protégées et à forte biodiversité.

Le rapport recommande également aux États d’adopter des mesures législatives qui interdiraient «toute nouvelle exploration et exploitation de combustibles fossiles, ainsi que toute expansion des infrastructures liées aux combustibles fossiles».

Les pays devraient également prévoir la révocation des «licences d’exploration et d’exploitation de combustibles fossiles existantes».

Au nom du droit à un environnement sain

Les risques que les impacts de l’exploitation des combustibles fossiles deviennent «catastrophiques et irréparables» pour une partie croissante de l’humanité «ont déjà justifié une interprétation du droit à un environnement sain comme donnant lieu à une obligation d'éliminer progressivement les combustibles fossiles».

La «science fiable» indique qu’au moins «60 % des réserves de pétrole et de gaz et 90 % des réserves de charbon doivent rester inexploitées», souligne le rapport.

L’obligation d’éliminer progressivement les combustibles fossiles doit «également être interprétée comme une spécification du devoir des États de respecter et de protéger le droit à la vie, en prenant des mesures appropriées» pour remédier aux situations qui créent «des menaces directes à la vie ou empêchent les individus de jouir de leur droit à la vie dans la dignité», ce qui inclut la «dégradation de l’environnement».

Au nom du droit au développement 

Le rapport souligne la «baisse du niveau de vie et le coût de la vie plus élevé et l’instabilité économique» provoqués par les changements climatiques et qui empêchent certaines «communautés devenues dépendantes des combustibles fossiles de diversifier leurs économies».

Les changements climatiques provoqués par les combustibles fossiles affaiblissent également «des secteurs manufacturiers et agricoles». Ces impacts économiques négatifs «compromettent davantage les droits à la santé et à un niveau de vie adéquat».

L’élimination progressive des combustibles fossiles doit donc être comprise «comme une condition préalable à l’émergence d’un modèle économique plus sain» qui tient compte de «la biodiversité, de l’eau, de l’alimentation et de la santé».

Le Bloc critique Carney

Selon Ressources naturelles Canada, le pays possède 168 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole, dont 164 milliards sous forme de sables bitumineux.

Rien n’indique qu’Ottawa prévoit un jour limiter, diminuer ou arrêter l’exploitation des combustibles fossiles, principale cause des changements climatiques.

Au contraire, le chef libéral Mark Carney a d’ailleurs indiqué, lors de la dernière campagne électorale, qu’il souhaitait faire du Canada «une superpuissance énergétique mondiale» qui va «dominer le marché de l’énergie conventionnelle», c’est-à-dire du gaz et du pétrole.

La Presse Canadienne a sollicité une réaction de la ministre de l’Environnement, Julie Drabusin, aux recommandations de la rapporteure spéciale de l’ONU sur le changement climatique et les droits de l’homme, mais en début d’après-midi lundi, le bureau de la ministre n’avait pas encore répondu à la demande.

De son côté, le Bloc québécois a réagi au rapport onusien en indiquant que le «pétrole bitumineux est un des pétroles les plus sales au monde» et que son «extraction coûte cher, tant en argent qu’en émission de GES».

Le porte-parole du Bloc québécois en matière d’environnement et de changements climatiques, Patrick Bonin, a également souligné «qu’à elle seule, l’exploitation pétrolière et gazière représente 30 % des émissions de GES du Canada», et il a ajouté que «rien n'est en voie de changer, comme Mark Carney rejoint maintenant les conservateurs dans leur désir d’exploitation pétrolière à toute allure et sans égard pour l’environnement».