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Un «printemps érable» version syndicale?

Le projet de loi 89 «est la pire attaque au Code du travail depuis sa création», selon les grandes centrales du Québec.

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f415dded9992d6c62b81f4ac02715c4ee0a09187820b65450155628280e7ceb9.jpg Le premier ministre du Québec, François Legault, à la période des questions du 1er mai 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot (LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot)

Les grandes centrales syndicales du Québec promettent de se battre contre le projet de loi 89 à la manière des étudiants pendant le «Printemps érable» de 2012. 

Magali Picard (FTQ), Caroline Senneville (CSN), Éric Gingras (CSQ) et Luc Vachon (CSD) sont sortis furieux d'une rencontre de plus d'une heure avec le premier ministre François Legault, jeudi après-midi.

Cette rencontre a porté presque exclusivement sur le projet de loi 89, qui limite le droit de grève et diminue le rapport de force des travailleurs pour les appauvrir, ont-ils dit.

Le gouvernement affirme de son côté vouloir limiter la durée des grèves et des lockouts afin d'assurer notamment le «bien-être» de la population générale.

«C'est la pire attaque au Code du travail depuis sa création.»
- Magali Picard, présidente de la FTQ, en mêlée de presse

Elle a rappelé que le gouvernement libéral de Jean Charest s'est fait battre en 2012, alors que le «Printemps érable et les moyens de pression ne cessaient plus». Les Québécois voulaient que ça arrête, a soutenu la cheffe syndicale. 

«C'est ça qui risque d'arriver. S'il pense avoir le gros bout du bâton, parce qu'il dit que la population n'aime pas les grèves, moi je peux vous dire que le monde n'aime pas le chaos non plus», a-t-elle laissé tomber.

Elle a promis que la FTQ continuera de manifester «jusqu'à ce qu'un gouvernement respecte les travailleurs».

«À la FTQ, ce sera l'enjeu de la prochaine élection. Si le projet de loi 89 est adopté, je vous garantis que notre lobby sera fait auprès de tous les partis d'opposition pour qu'ils s'engagent publiquement (...) à proroger le projet de loi.»

Mme Senneville a renchéri en soulignant que 40 % des travailleurs au Québec sont syndiqués. «Ça commence à faire du monde qui vote», a-t-elle lancé.

Au plus fort de la crise étudiante, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Montréal pour faire annuler la hausse des droits de scolarité qui avait été décrétée par le gouvernement.

Legault rappelé à l'ordre

La journée de jeudi avait commencé avec une altercation au Salon rouge entre M. Legault et la cheffe parlementaire de Québec solidaire (QS), Ruba Ghazal.

M. Legault a reproché à QS d'avoir refusé d'appuyer une motion dénonçant notamment les manifestations qui se sont tenues devant la résidence personnelle du ministre du Travail, Jean Boulet.

«Honte à Québec solidaire! Honte totale!» a-t-il crié. La présidente de l'Assemblée nationale, Nathalie Roy, a dû lui demander de nombreuses fois de retirer ses propos.

M. Legault s'est finalement exécuté, mais non sans s'être relevé à plusieurs reprises pour s'exclamer: «Pathétique! Gênant! Scandaleux!». «Ce sont des extrémistes», a-t-il également lancé avant de se rasseoir.

Après la période des questions, le co-porte-parole masculin de QS, Guillaume Cliche-Rivard, a expliqué que son parti dénonçait le fait que des manifestants se soient présentés à la résidence personnelle du ministre.

Cependant, a-t-il dit, les manifestations n'étaient pas une «tactique syndicale».

«Il y avait des membres de la CSN, mais on n'était pas au courant, s'est plus tard défendue Mme Senneville. On n'était pas derrière ça. Non seulement ça, mais on ne fait pas de manifestations devant les résidences», a-t-elle assuré.

Vandalisme au bureau de Chantal Rouleau

Jeudi, la députée de Pointe-aux-Trembles et ministre de la Solidarité sociale, Chantal Rouleau, a déploré que des manifestants anti-projet de loi 89 eurent vandalisé son bureau de circonscription.

«Mes employés (...) ont été violemment intimidés ce matin par un groupe de manifestants masqués et menaçants qui ont saccagé mon bureau», a-t-elle écrit sur le réseau social X.

«Ces tactiques de "gros bras" doivent cesser immédiatement», a-t-elle ajouté.

Caroline Plante

Caroline Plante

Journaliste