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Des responsables de l'armée et des affaires étrangères ont déclaré jeudi que le Canada prévoyait d'envoyer des avions supplémentaires dans les prochains jours pour aider à évacuer les personnes coincées au Soudan, mais admettent que la situation instable sur le terrain rend toute planification difficile.
Les deux premiers avions d'évacuation exploités par le Canada ont quitté Khartoum jeudi, transportant 118 personnes, dont des Canadiens et des citoyens de pays alliés. Quelque 200 Canadiens avaient déjà pu fuir le pays avec l'aide d'alliés, dont l'Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni.
Selon Affaires mondiales Canada, environ 1800 Canadiens ont enregistré leur présence au Soudan et un peu plus d'une centaine qui s'y trouvent encore ont demandé de l'aide pour partir.
Plusieurs centaines d'autres ont demandé de l'aide sur le terrain mais souhaitent rester pour l'instant. La plupart de ces ressortissants canadiens se trouvent dans la capitale, Khartoum.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a indiqué jeudi en point de presse que `l'objectif est d'offrir des options aux Canadiens', selon qu'ils sont à Khartoum ou ailleurs au Soudan.
La ministre de la Défense, Anita Anand, s'est réjouie jeudi de la réussite de certains vols, mais elle a qualifié l'ensemble de la situation de `volatile', avec des systèmes d'alimentation et de communication intermittents.
«La situation est extrêmement dangereuse au Soudan et des infrastructures civiles essentielles sont nécessaires pour toute évacuation de non-combattants dans cette situation», a-t-elle déclaré.
La ministre a précisé que 200 militaires canadiens participaient aux missions et qu'ils travaillaient le plus rapidement possible dans les circonstances. Deux navires de la Marine canadienne, le NCSM Montréal, une frégate, et le navire de ravitaillement MV Asterix, se trouvent à proximité, mais le déplacement par voie terrestre jusqu'à la mer Rouge est risqué.
Le vice-amiral Bob Auchterlonie, commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada, a déclaré que pour l'instant, les avions alliés ne sont pas visés. «Nous poursuivrons les évacuations tant que nous pourrons soutenir Affaires mondiales Canada, cela étant dit, c'est une situation très précaire sur le terrain», a-t-il déclaré.
La violence a éclaté au Soudan la semaine dernière entre son armée nationale et une force paramilitaire. Au moins 512 personnes, dont des civils et des combattants, ont été tuées au Soudan depuis le 15 avril, et 4200 autres blessées, selon le ministère soudanais de la Santé. Le Syndicat des médecins, qui dresse un bilan des victimes civiles, a enregistré au moins 295 morts et 1790 blessés.
Un cessez-le-feu a apporté un peu de calme, même si des combats se poursuivent. Le vice-amiral Auchterlonie a déclaré que le Canada et ses alliés craignaient que la fin de ce cessez-le-feu, jeudi soir, n'entraîne une escalade de la violence.
Déjà, les deux vols que le Canada a effectués avec succès n'étaient pas complets en raison de l'augmentation de la violence et de l'extorsion dont sont victimes les gens qui tentent de gagner l'aéroport principal de Khartoum.
Le Canada a été critiqué pour sa lenteur à réagir, mais des responsables lors d'une séance d'information technique pour les journalistes, jeudi, ont soutenu que la soudaineté de la violence les avait pris par surprise. Le vice-amiral Auchterlonie a déclaré que les rapports des services de renseignement ont indiqué pour la première fois il y a une douzaine de jours que la situation à Khartoum se détériorait.
«Les Forces armées canadiennes sont sur le terrain depuis plus d'une semaine maintenant, y compris nos Forces d'opérations spéciales», a-t-il déclaré.
Mohamed Hassan devait rentrer chez lui à Toronto le 15 avril, le jour même où les combats se sont répandus dans les rues de Khartoum.
Le cinéaste de 45 ans s'est inscrit auprès d'Affaires mondiales Canada, mais il soutient qu'une semaine s'est écoulée sans plan d'évacuation. Pendant tout ce temps, il pouvait entendre des coups de feu, des obus de mortier et des avions à basse altitude depuis la maison de sa famille à Omdurman, près de la capitale.
«Devant la réponse que j'ai reçue du gouvernement canadien, je me sentais abandonné, impuissant. Et personne n'allait rien faire pour moi, alors je devais faire ce que j'avais à faire», a raconté M. Hassan.
Sa famille s'est jointe à des milliers d'autres qui se sont dirigées vers l'Égypte, au nord. Après plusieurs tentatives infructueuses, ils ont pu réserver un autocar et le voyage éprouvant a duré six jours.
«Il n'y a pas de mots pour décrire l'expérience de terreur, d'horreur, de misère et de peur pour ma vie», a-t-il déclaré dans une entrevue depuis Le Caire, où il est finalement arrivé jeudi. À court d'argent, avec des options de vol limitées, il reste avec sa famille et essaie de trouver un moyen de rentrer à Toronto.
Affaires mondiales aide les évacués à se rendre dans un tiers pays sûr. Les Canadiens peuvent aussi demander des prêts d'urgence pour les aider à rentrer chez eux; environ 170 000 $ ont été distribués à environ 70 personnes jusqu'à présent.