Un énorme poisson du Mékong - un fleuve en Asie - que l'on croyait disparu a été trouvé à trois reprises au cours des dernières années.
«Le saumon-carpe géant est considéré comme un symbole de la région du Mékong», a raconté Chheana Chhut, chercheur à l'Inland Fisheries Research and Development Institute de Phnom Penh, au Cambodge.
Ce poisson prédateur peut mesurer jusqu'à 1,2 mètre de long et sa mâchoire inférieure est pourvue d'une bosse bien visible. Une tache jaune frappante entoure ses grands yeux.
La dernière observation confirmée datant de 2005, «cette espèce de poisson semblait avoir disparu de la région du Mékong depuis des décennies», a soutenu M. Chheana, qui est l'un des coauteurs d'une étude publiée en ligne lundi dans la revue Biological Conservation, qui documente les récentes observations et découvertes.
Depuis 2017, les biologistes qui suivent les espèces de poissons migrateurs au Cambodge ont développé des relations avec les communautés de pêcheurs locales, leur demandant de signaler toute observation inhabituelle.

C'est ainsi que les trois saumons-carpes géants découverts dans le Mékong et au Cambodge entre 2020 et 2023 ont attiré l'attention des chercheurs.
«J'ai été vraiment surpris et excité de voir ce poisson pour la première fois», a confié Bunyeth Chan, coauteur de l'étude et chercheur à l'Université de Svay Rieng, au Cambodge.
Les chercheurs affirment que ces observations leur donnent un nouvel espoir quant au sort de l'espèce, qui est surnommée «poisson fantôme».
«Cette redécouverte est une nouvelle très excitante et positive», a lancé Zeb Hogan, biologiste spécialiste des poissons à l'Université du Nevada, à Reno, lui qui faisait partie de l'équipe.
Mais le sort de ce poisson met également en lumière les dangers auxquels sont confrontées toutes les espèces migratrices du Mékong, qui doivent faire face à la pollution industrielle.
Plus de 700 barrages sont construits le long du fleuve et de ses affluents et il existe très peu de «passages à poissons» fonctionnels pour aider les espèces à franchir les obstacles, a déclaré Brian Eyler, directeur du programme pour l'Asie du Sud-Est au Stimson Center à Washington, qui n'a pas participé à la recherche.
Les biologistes espèrent que la collaboration avec les communautés locales de Thaïlande et du Laos leur permettra de confirmer si le poisson nage encore dans d'autres tronçons du Mékong.
