Un Montréalais a été condamné aux États-Unis à 22 ans de prison pour son rôle dans un réseau international de distribution de fentanyl géré depuis l'intérieur d'un pénitencier canadien.
Xuan Cahn Nguyen, âgé de 43 ans, avait été extradé vers les États-Unis en 2021 pour y subir son procès. Il a plaidé coupable l'année dernière à Fargo, au Dakota du Nord, à des accusations de distribution de drogue et de blanchiment d'argent.
Les documents judiciaires indiquent que Nguyen, dont le pseudonyme était «Jackie Chan», a travaillé pour aider les «organisateurs et dirigeants» du réseau de distribution de drogue: Jason Berry et Daniel Vivas Ceron, tous deux détenus à l'établissement à sécurité moyenne de Drummondville.
Marie Um, âgée de 42 ans, également de Montréal, dont le pseudonyme était «Angry Bird», a été reconnue coupable d'accusations similaires en avril dans le cadre d'une enquête du groupe de travail du nom d'Opération Denial, qui a conduit au dépôt d'accusations contre 34 personnes au Dakota du Nord et en Oregon.
Berry et Ceron devraient être fixés sur leur peine la semaine prochaine.
«Les complices ont utilisé des ordinateurs pour commander et vendre des substances en ligne en utilisant des sites internet spécialement conçus pour être cachés au public», ont déclaré les procureurs dans l'accord de plaidoyer de Nguyen.
«Les complices se sont arrangés pour obtenir des substances contrôlées et des analogues de substances contrôlées à partir de (lieux) en dehors des États-Unis, y compris, mais sans s'y limiter, le Canada et la Chine.»
«Troisième vague»
L'enquête remonte à janvier 2015, lorsque Bailey Henke, 18 ans, est décédé à Grand Forks, dans le New Jersey, après avoir ingéré du fentanyl dont la provenance a été établie dans une usine de fabrication de pilules en Chine.
La mort de Bailey Henke est survenue au début de ce que les responsables de l'application de la loi et les législateurs américains appellent la `troisième vague' de la crise des opioïdes aux États-Unis, un pic dramatique de décès par surdose causé par un afflux de fentanyl et de médicaments dérivés similaires connus sous le nom d'analogues.
Depuis lors, les États-Unis se sont lancés dans une vaste opération de répression des flux d'opioïdes synthétiques entrant dans le pays, dont la majeure partie provient du Mexique, amplifiant ainsi les préoccupations de longue date concernant la sécurité de la frontière du sud du pays.
La semaine dernière, la Maison-Blanche a annoncé un plan d'action national visant à coordonner une réponse «pangouvernementale» au dernier danger en date: le fentanyl mélangé à de la xylazine, un relaxant musculaire non opiacé utilisé comme sédatif vétérinaire.
Le Dr Rahul Gupta, directeur de l'Office of National Drug Control Policy, a déjà qualifié la croissance de la xylazine mélangée à du fentanyl de «menace émergente pour les États-Unis».
Le rôle involontaire du Canada
Les dernières condamnations en date illustrent le rôle que joue involontairement le Canada dans l'acheminement du fentanyl illégal sur le continent. C'est la raison pour laquelle de hauts responsables américains et canadiens se sont réunis à Washington et à Ottawa au printemps dernier pour élaborer une stratégie.
C'est à ce moment-là que le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, et le secrétaire à la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, se sont entretenus avec les ministres canadiens de la Sécurité publique et de la Justice, Marco Mendicino et David Lametti, dans le cadre du Forum sur la criminalité transfrontalière 2023.
La stratégie comprend un effort multilatéral sur quatre fronts, qui inclut l'identification des drogues synthétiques actuelles et émergentes, des outils de santé publique et concernant la demande, l'exposition des «modes et méthodes» des trafiquants et le ciblage de leurs opérations financières.
L'objectif principal de la Maison-Blanche est de perturber le transfert, la facilitation et l'approvisionnement du fentanyl illicite, de ses précurseurs chimiques et du matériel de fabrication de drogues, comme les presses à pilules, avant même qu'ils n'entrent dans l'hémisphère.
Les États-Unis ont également lancé en mars une opération conjointe des douanes et de la protection des frontières et de la patrouille frontalière américaine qui, selon les agences, a permis de saisir près de 5000 livres de fentanyl, soit plus de 2200 kilogrammes, au cours des quatre premières semaines seulement.
À la fin du mois dernier, des agents frontaliers ont intercepté, à un poste frontalier de Californie, une cargaison unique de 858 000 pilules de fentanyl dissimulées dans deux éviers en porcelaine, tous deux accompagnés d'un manifeste d'expédition en bonne et due forme.
L'agence a estimé que ce chargement de 86 kilogrammes avait une valeur marchande de plus de 2,5 millions $ US.
