Le maire d'une ville de l'est de l'Ontario propose de sévir contre les automobilistes québécois qui reçoivent des contraventions de stationnement en retenant leur véhicule jusqu'à ce qu'ils paient le montant exigé.
Le maire de Gananoque, John Beddows, a formulé cette idée dans une directive publiée en août.
Le personnel municipal est invité à étudier la possibilité de modifier le règlement sur le stationnement afin de permettre l'installation d'une bride sur les pneus des véhicules immatriculés au Québec qui reçoivent des contraventions.
La directive prévoit également une nouvelle catégorie de contraventions de stationnement qui comprendrait le coût total de la bride et du déblocage du véhicule.
Le conseiller David Osmond a critiqué la proposition dans une publication Facebook, suggérant qu'elle cible les touristes québécois et risque de les décourager de visiter la ville.
«Rien ne dit mieux "merci de votre visite" qu'une application personnalisée des réglementations du stationnement pour l'un de nos plus importants groupes de touristes», a-t-il écrit en août après la publication du document.
M. Beddows, dans sa propre publication sur les réseaux sociaux, souligne que l'Ontario n'a pas d'entente avec le Québec sur l'application des contraventions de stationnement, ce qui signifie que les Québécois ne s'exposent à aucune conséquence s'ils ne paient pas.
«La question est la suivante: pourquoi les Ontariens en général, et particulièrement les résidents de Gananoque, devraient-ils payer pour le stationnement, sous peine d'amendes avec conséquences en cas de non-paiement, alors que les visiteurs ne le font pas? a-t-il écrit. À quoi sert une règle si elle n'est pas applicable et que certains paient, mais d'autres non?»
M. Beddows a souligné que la directive en 27 points comprenait également des propositions visant à réduire les prix de stationnement et à les supprimer pour les places sur le bord de l'eau réservées aux personnes handicapées.
Cette directive fait suite à l'élargissement par l'Ontario de l'augmentation du pouvoir des maires à 169 municipalités supplémentaires cette année, dont Gananoque. Ces pouvoirs, jugés antidémocratiques par certains, permettent notamment aux dirigeants de conseils municipaux de proposer des règlements et de les adopter avec l'appui d'un tiers des conseillers, d'opposer leur veto aux règlements en plus d'embaucher et de licencier les chefs de service.
Ils permettent également aux maires de demander à leur personnel d'effectuer des recherches et de fournir des conseils sur les politiques et les programmes, comme l'a fait M. Beddows.
Dans un courriel envoyé mardi, M. Osmond a minimisé l'importance du débat sur les contraventions de stationnement, soulignant que 90 % des contraventions à Gananoque sont données à des voitures ayant des plaques d'immatriculation de l'Ontario. Il a expliqué qu'en tant que destination touristique, la ville de la région des Mille-Îles manque parfois d'espace près de la rive les fins de semaine d'été, ce qu'il a décrit comme «le meilleur problème qui soit et le coût de faire des affaires».
Il a ajouté que la ville de 5383 habitants apprécie particulièrement ses voisins québécois et organise un festival annuel mettant en valeur la culture francophone.
Cependant, M. Osmond a affirmé que le débat sur le stationnement s'inscrit dans une discussion plus large sur la manière dont les pouvoirs des maires devraient être utilisés en Ontario.
«Cette décision de la province devait être un nouvel outil pour aider au logement, et maintenant, nous parlons de contraventions sur les voitures dans le cadre d'un budget municipal de 25 millions $ en raison des pouvoirs importants des maires, a-t-il écrit. Je ne pense pas que ce soit ce que la province anticipait.»
Il a indiqué que le conseil avait adopté à l'unanimité une motion demandant de poursuivre la discussion sur les directives strictes du maire lors de la prochaine réunion, à la mi-septembre. «Nous avançons donc déjà dans une direction collaborative.»
Si elles sont maintenues, ces mesures pourraient être incluses dans les prochains budgets de Gananoque.

