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John Letts ignore si son fils, Jack, est toujours en vie.
John Letts dit avoir pour mission de sauver la vie de son fils Jack, mais aussi de changer la façon dont les gens le perçoivent.
Par Jim Bronskill – La Presse canadienne
John Letts, qui vit en Angleterre, est à Ottawa cette semaine pour faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu'il aide à faire sortir Jack, qui est citoyen canadien, d'une prison kurde dans le nord-est de la Syrie. Il souligne que Jack, 26 ans, est détenu sans être accusé, qu'il n'a pas accès à un avocat ni à aucune forme d'assistance consulaire du Canada, depuis plus de quatre ans.
M. Letts croit que son fils est innocent et il veut dissiper l'idée que son garçon ait rejoint le groupe armé État islamique (EI). Il affirme que l'allégation a été créée par les gros titres des journaux et qu'il n'y a aucune preuve que Jack a soutenu une organisation terroriste ou commis un crime.
«Je suis ici pour essayer d'aider à sauver la vie de mon fils, même pour découvrir qu'il est toujours en vie. Et s'il a besoin de soins médicaux, je veux qu'il les obtienne», a déclaré M. Letts dans une entrevue.
«Mais dans un sens plus large, j'essaie de changer le récit au sujet de mon fils, que je crois être innocent. Je veux donc essayer de communiquer cela aux Canadiens et aux politiciens canadiens qui sont en mesure de faire quelque chose.»
Jack Letts est l'un des nombreux Canadiens parmi les milliers de ressortissants étrangers détenus dans des camps syriens par les forces kurdes qui ont repris la région déchirée par la guerre à l'EI.
Affaires mondiales Canada indique que la capacité du gouvernement à fournir une assistance consulaire en Syrie est extrêmement limitée compte tenu des conditions dangereuses, ajoutant qu'il ne peut pas discuter de cas individuels en raison des restrictions de confidentialité.
John Letts, qui détient également la citoyenneté canadienne, reconnaît la présence de dangers, mais n'accepte pas cette explication. «Je ne veux pas que les Canadiens soient mis en danger. Mais je pense que nos forces armées et notre personnel de sécurité sont également assez bien formés, et je pense qu'ils peuvent probablement faire face à la plupart de ces choses.»
Alors que Jack Letts est né à Oxford, en Angleterre, son père John se souvient avoir amené son fils au Canada, où il est allé pêcher sur la glace et s'est passionné pour la poutine. Jack est devenu un fervent musulman à l'adolescence, mais son père soutient qu'il n'a observé aucun signe d'extrémisme. À 18 ans, le jeune homme part en vacances en Jordanie, puis étudie au Koweït.
«Et la prochaine chose que nous savons et qu'il est en Syrie, a déclaré son père. Je voudrais le questionner à ce sujet.» Mais il ajoute: «Je ne pense pas qu'il faisait partie de ces gens qui ont fait des choses horribles. J'en suis convaincu.» Le gouvernement britannique a retiré à Jack sa citoyenneté en 2019.
John Letts et sa conjointe Sally ont longtemps insisté sur les preuves d'un avocat des droits de la personne qui a rendu visite à leur fils selon lesquelles des déclarations potentiellement incriminantes de Jack à des journalistes de la télévision britannique ont été faites sous la menace de la torture. Ils disent que Jack s'est opposé à l'EI et a même été traduit en justice pour avoir publiquement condamné le groupe.
«Je crois en l'état de droit, je pense que les gens devraient être considérés comme innocents jusqu'à ce que leur culpabilité soit prouvée. Si mon fils Jack a fait quelque chose, je pense qu'il devrait être jugé pour cela et puni, je n'ai aucun problème avec ça», a déclaré M. Letts.
«J'ai confiance dans le système judiciaire canadien et j'ai toujours confiance dans les valeurs canadiennes, a-t-il dit. Je crois toujours que nous ne nous contentons pas d'emprisonner les gens et de les laisser pourrir dans une cellule d'une prison étrangère.»
John Letts a affirmé que lui et sa conjointe n'avaient pas parlé à Jack depuis près de cinq ans, le dernier contact étant une lettre étrange et plutôt discrète de leur fils il y a environ un an. «Mais pour être honnête, j'ignore s'il est toujours en vie», a-t-il admis.