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Malgré cet accord, il est presque certain que les tensions resteront élevées entre les États-Unis et l’Iran, qui sont aux prises avec divers différends, notamment sur le programme nucléaire de Téhéran.
Cinq prisonniers signalés par les États-Unis ont été libérés par l'Iran lundi dans le cadre d'un accord qui comprend aussi le dégel de près de 6 milliards $ d'avoirs iraniens.
Malgré cet accord, il est presque certain que les tensions resteront élevées entre les États-Unis et l’Iran, qui sont aux prises avec divers différends, notamment sur le programme nucléaire de Téhéran. L’Iran affirme que le programme est pacifique, mais il enrichit désormais l’uranium plus près que jamais des niveaux de qualité militaire.
L’échange s’est déroulé au milieu d’un important renforcement militaire américain dans le golfe Persique, avec la possibilité que des troupes américaines arraisonnent et surveillent des navires commerciaux dans le détroit d’Ormuz, par où transitent 20 % de toutes les expéditions de pétrole.
«Aujourd'hui, cinq Américains innocents emprisonnés en Iran rentrent enfin chez eux», a déclaré le président Joe Biden dans un communiqué publié alors que l'avion transportant le groupe en provenance de Téhéran atterrissait à Doha, au Qatar.
Après que l'avion se fut arrêté, trois des prisonniers ont descendu la rampe et ont été accueillis par l'ambassadeur américain au Qatar, Timmy Davis. Les ex-détenus ont enlacé l'ambassadeur et d'autres personnes présentes.
Les trois – Siamak Namazi, Emad Sharghi et Morad Tahbaz – ont ensuite passé leurs bras autour de leurs épaules et se sont dirigés vers un bâtiment de l'aéroport.
Dans une déclaration publiée en son nom, M. Namazi a déclaré: «Je ne serais pas libre aujourd’hui si vous n’aviez pas tous permis d'éviter que le monde m'oublie.»
«Merci d'avoir été ma voix lorsque je ne pouvais pas parler pour moi-même et de vous être assuré que je sois entendu lorsque j'ai rassemblé la force de crier derrière les murs impénétrables de la prison d'Evin», a déclaré M. Namazi.
Outre les cinq Américains libérés, deux membres de la famille des États-Unis ont quitté Téhéran par avion, selon un haut responsable de l’administration Biden, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat lorsque l’échange était en cours.
L’échange prévu intervient juste avant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, où le président iranien Ebrahim Raisi, partisan de la ligne dure, prendra la parole.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a été le premier à reconnaître que l’échange aurait lieu lundi. Il a indiqué que les fonds nécessaires à l’échange se trouvaient actuellement au Qatar.
Une personne ayant une connaissance directe de l’accord, qui a parlé à l’Associated Press (AP) sous le couvert de l’anonymat étant donné que l’échange n’avait pas encore été conclu, a déclaré par la suite que des responsables iraniens et américains avaient été informés par le Qatar que l’argent avait été transféré de la Suisse vers le pays arabe du Golfe.
Le ministre Kanaani a fait ces commentaires lors d’une conférence de presse retransmise par la télévision d’État, mais la diffusion s’est interrompue immédiatement après ses remarques sans explication.
«Nous avons assisté au gel d’une partie des avoirs iraniens dans certains pays, dont la Corée du Sud, a déclaré M. Kanaani. Dans le cadre de notre politique de diplomatie étrangère active, les avoirs gelés de l’Iran en Corée du Sud ont heureusement été libérés et, si Dieu le veut, ces avoirs commenceront aujourd’hui à être entièrement contrôlés par le gouvernement et la nation.»
«En ce qui concerne l’échange de prisonniers, il aura lieu aujourd’hui et cinq prisonniers, citoyens de la République islamique, seront libérés des prisons américaines, a ajouté M. Kanaani. Cinq citoyens emprisonnés qui se trouvaient en Iran seront remis aux États-Unis à titre de réciprocité, selon leur volonté. Nous nous attendons à ce que ces deux questions soient entièrement réglées conformément à l’accord.»
Il a précisé que deux des prisonniers iraniens resteraient aux États-Unis.
L’annonce de M. Kanaani intervenait quelques semaines après que l’Iran eut déclaré que cinq Irano-Américains étaient désormais assignés à résidence dans le cadre d’une mesure de confiance, tandis que Séoul a autorisé la conversion en euros des avoirs gelés, détenus en wons sud-coréens. Cet argent a ensuite été envoyé au Qatar, interlocuteur de Téhéran et de Washington dans les négociations.
L’accord a déjà exposé le président Joe Biden à de nouvelles critiques de la part des républicains et d’autres personnes qui affirment que l’administration aide à stimuler l’économie iranienne à un moment où l’Iran représente une menace croissante pour les troupes américaines et les alliés du Moyen-Orient. Cela pourrait également se répercuter sur sa campagne pour sa réélection.
Du côté américain, Washington a déclaré que l’échange prévu incluait Siamak Namazi, qui a été détenu en 2015 et a ensuite été condamné à 10 ans de prison pour des accusations d’espionnage critiquées au niveau international, Emad Sharghi, un investisseur en capital-risque condamné à 10 ans de réclusion, et Morad Tahbaz, un écologiste britannico-américain d’origine iranienne qui a été arrêté en 2018 et a également été condamné à 10 ans de prison.
Les responsables américains ont jusqu’à présent refusé d’identifier le quatrième et le cinquième prisonnier.
Les cinq prisonniers que l’Iran a déclaré rechercher sont pour la plupart détenus pour avoir prétendument tenté d’exporter du matériel vers l’Iran.
Le montant final de Séoul pourrait se situer entre 6 et 7 milliards $, en fonction des taux de change. L’argent liquide représente l’argent que la Corée du Sud devait à l’Iran — mais qu’elle n’avait pas encore payé — pour du pétrole acheté avant que l’administration Trump n’impose des sanctions sur ce type de transactions en 2019.
Les États-Unis soutiennent qu’une fois au Qatar, l’argent sera détenu sur des comptes restreints et ne pourra être utilisé que pour des biens humanitaires, tels que des médicaments et de la nourriture. Ces transactions sont actuellement autorisées par les sanctions américaines visant la République islamique en raison de l’avancement de son programme nucléaire.
Les représentants du gouvernement iranien ont largement souscrit à cette explication, bien que certains partisans de la ligne dure aient insisté, sans fournir de preuves, sur le fait qu’il n’y aurait aucune restriction sur la manière dont Téhéran dépenserait l’argent.
Les échanges de prisonniers entre l’Iran et les États-Unis remontent à la prise de l’ambassade américaine en 1979 et à la crise des otages qui a suivi la révolution islamique. Le dernier grand échange a eu lieu en 2016, lorsque l’Iran a conclu un accord avec les puissances mondiales pour limiter son programme nucléaire en échange d’un assouplissement des sanctions.
Quatre captifs américains, dont le journaliste du Washington Post Jason Rezaian, sont rentrés d’Iran par avion à ce moment-là, et plusieurs Iraniens vivant aux États-Unis ont obtenu leur liberté. Le même jour, l’administration du président Barack Obama a envoyé par avion 400 millions $ en argent comptant à Téhéran.
L’Iran a fait l’objet de critiques internationales pour avoir pris pour cible des personnes ayant la double nationalité. L’Occident accuse l’Iran d’utiliser les prisonniers étrangers comme monnaie d’échange, ce que Téhéran rejette.
Les négociations sur un important échange de prisonniers ont échoué après que le président de l’époque, Donald Trump, a unilatéralement retiré l’Amérique de l’accord nucléaire en 2018. Depuis l’année suivante, une série d’attaques et de saisies de navires attribuées à l’Iran ont fait monter les tensions.
Pendant ce temps, le programme nucléaire iranien s’enrichit plus que jamais à des niveaux de qualité militaire. Le chef de l’organe de surveillance nucléaire des Nations unies a indiqué que l’Iran disposait désormais de suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer «plusieurs» bombes, mais qu’il faudrait probablement des mois de plus pour fabriquer une arme et éventuellement la miniaturiser pour la placer sur un missile — si l’Iran décidait de s’engager dans cette voie. La communauté du renseignement américaine a maintenu son évaluation selon laquelle l’Iran ne cherche pas à obtenir une bombe atomique.
Ces derniers mois, l’Iran a pris des mesures pour régler certains problèmes avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. Mais les progrès de son programme ont fait craindre une conflagration régionale plus large, car Israël, qui est lui-même une puissance nucléaire, a déclaré qu’il ne permettrait pas à Téhéran de mettre au point la bombe. Israël a bombardé l’Irak et la Syrie pour mettre fin à leurs programmes nucléaires, ce qui donne plus de poids à la menace, car il est également soupçonné d’avoir perpétré une série d’assassinats visant les scientifiques nucléaires iraniens.
L’Iran fournit également à la Russie les drones porteurs de bombes que Moscou utilise pour cibler des sites en Ukraine dans le cadre de sa guerre contre Kyiv, qui reste un autre différend majeur entre Téhéran et Washington.