Justice

L'assassin de Robert Pickton dit avoir agi pour les victimes du meurtrier en série

Un exposé des faits lu en cour détaille comment Martin Charest s'est enfermé dans une pièce lui.

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8ffaa3d1ec63c63db607f0196e06868d69175142eebe899f6401a88583bf115b.jpg L'homme accusé d'avoir tué le tueur en série Robert Pickton, condamné pour meurtre, lors d'une attaque en prison, a l'intention de plaider coupable, selon la Couronne. Un croquis d'artiste montre Robert Pickton, accusé de meurtre en série, prenant des notes lors de la deuxième journée de son procès devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique, à New Westminster, le mardi 31 janvier 2006. (Jane Wolsack | La Presse canadienne)

Un détenu a admis jeudi avoir assassiné Robert Pickton en prison, car le tueur en série continuait de se vanter de ses crimes.

Martin Charest a plaidé coupable d'avoir mortellement agressé Pickton avec un manche à balai cassé au pénitencier fédéral à sécurité maximale de Port-Cartier en mai 2024.

«J'ai tué Robert Pickton pour les victimes, a déclaré Charest. Je sais que nous ne pouvons pas nous faire justice nous-mêmes, mais je l'ai tué pour les victimes, pas pour moi-même.»

Charest a plaidé coupable de meurtre au premier degré lors d'une comparution devant le tribunal à Sept-Îles, sur la Côte-Nord. Vêtu d'une tuque, de lunettes et d'une longue barbe, il s'exprimait clairement et en phrases complètes lors de sa comparution par vidéoconférence depuis la prison de Sainte-Anne-des-Plaines, au Québec.

Pickton a été reconnu coupable en 2007 de six chefs d'accusation de meurtre au deuxième degré, mais a avoué avoir tué 49 femmes qu'il avait attirées dans sa porcherie près de Vancouver.

Un exposé des faits lu en cour détaille comment Charest s'est enfermé dans une pièce avec Pickton et l'a attaqué à deux reprises, alors que les gardiens étaient incapables d'entrer.

Charest, qui a un lourd casier judiciaire, a réussi à «manipuler» la serrure de la porte afin d'empêcher le personnel pénitentiaire de l'ouvrir. Puis, alors que Pickton était dans la cellule, il a fermé la porte – impossible à ouvrir de l'intérieur – et l'a jeté au sol, lui donnant des coups de poing et de pied, selon le témoignage lu par un procureur.

Incapable de rentrer, le personnel pénitentiaire a libéré du gaz dans la cellule, «ce qui a eu pour effet de faire reculer temporairement M. Charest». Les gardiens ont tenté de convaincre Charest de quitter les lieux, mais ce dernier a saisi le manche à balai et a frappé Pickton alors qu'il gisait au sol, lui brisant le manche à la tête.

Pickton n'a jamais repris connaissance et est décédé 12 jours plus tard à l'hôpital, le 31 mai 2024, à l'âge de 74 ans. La cause du décès était un «polytraumatisme contondant», selon l'exposé des faits.

Charest a déclaré au juge que Pickton continuait de parler haut et fort de ses crimes, affirmant que «s'il était libéré, il continuerait à commettre des crimes».

Le jour où il a décidé de tuer Pickton, a raconté Charest, le tueur en série a confié à un autre détenu qu'il aurait aimé cannibaliser un enfant ayant appartenu à l'une de ses victimes.

«J'ai perdu le contrôle, Monsieur le juge, a reconnu le prisonnier. C'est regrettable, mais c'est arrivé, et je n'éprouve aucun remords.»

Charest a confirmé avoir plaidé coupable de son propre chef. «C'est mon choix, et celui de ma famille», a-t-il affirmé.

La procureure Mélissa Hogan a précisé qu'aucune déclaration de la victime ne serait faite au nom de Pickton, ajoutant que le tueur en série avait un frère qui a refusé de parler.

Charest a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Lors de sa condamnation, le juge Carl Thibault de la Cour supérieure a souligné que la victime de Charest s'était rendue coupable des «pires atrocités qu'une personne puisse commettre envers autrui», mais qu'il avait néanmoins le droit de purger sa peine «en toute sécurité».

Le Service correctionnel du Canada a convoqué une commission d'enquête après le décès et a formulé trois recommandations. On y propose notamment de réduire l'accès aux objets utilisés ou transformés à des fins compromettant la sécurité, selon un résumé du dossier publié plus tôt cette année.